érence de presse, le 30 avril 2014 à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi) |
[30/04/2014 09:36:56] Tokyo (AFP) La Banque du Japon a abaissé mercredi sa prévision de croissance pour l’année budgétaire en cours, mais n’a pas modifié pour autant sa politique d’assouplissement monétaire qu’elle juge bien partie pour vaincre la déflation.
Dans son rapport semestriel sur l’économie et les prix, l’institut d’émission (BoJ) a estimé que le produit intérieur brut de la troisième puissance économique mondiale augmenterait de 1,1% d’avril 2014 à mars 2015, soit 0,3 point de moins qu’estimé lors de la dernière actualisation de ces données en janvier.
Comme les autres prévisions de croissance et d’évolution des prix communiquées par la BoJ, cette estimation représente la valeur médiane des prévisions formulées individuellement par les neuf membres du comité de politique monétaire de l’institut.
“La prévision de croissance pour 2014-2015 est abaissée en raison d’une reprise des exportations plus lente que prévu”, a expliqué le gouverneur de la BoJ, Haruhiko Kuroda, lors une conférence de presse donnée après la publication du rapport.
Cet optimisme plus mesuré de l’institut d’émission risque de relancer les spéculations sur un possible assouplissement supplémentaire de la politique monétaire de la BoJ, qui a lancé sous l’égide de M. Kuroda un programme massif d’achats d’actifs financiers en avril 2013 pour mettre un terme à une quinzaine d’années de déflation.
“Nous n’hésiterons pas à faire des ajustements pour atteindre notre objectif de 2% d’inflation, si nos prévisions devaient être remises en cause” par la réalité des chiffres dans les mois à venir, a assuré le gouverneur, choisi par le Premier ministre de droite, Shinzo Abe, pour conduire une politique monétaire ultra-accommodante.
Pour l’instant, la BoJ la maintient en l’état: à l’issue d’une courte réunion de son comité de politique monétaire, elle a annoncé dans un communiqué de deux paragraphes, publié deux heures avant son rapport sur l’économie, qu’elle continuait d’élever la base monétaire de 60 à 70.000 milliards de yens par an (425 à 500 milliards d’euros), sans plus de précision.
Jusqu’à présent, elle a conduit cette politique en rachetant entre autres des obligations d’Etat sur le marché secondaire, de façon à en accroître son stock de 50.000 milliards de yens par an.
– Objectif : 2% d’inflation –
L’objectif de la banque centrale est de doubler la masse monétaire du Japon en deux ans, de façon à inciter les particuliers et entreprises à dépenser et investir, générer de l’activité et sortir du cercle vicieux de la déflation, un phénomène pernicieux qui pèse sur la consommation et les investissements.
Elle vise une inflation de 2% de façon durable, un taux jugé favorable à la bonne marche économique, que M. Kuroda pense atteignable “vers le milieu de la période passée en revue dans les prévisions”, c’est-à-dire dans le courant de l’année budgétaire 2015-2016. “Les travailleurs sont de plus en plus courtisés sur le marché du travail qui s’est tendu, et les agents économiques s’attendent désormais à ce que les prix augmentent”, deux facteurs qui contribuent à générer de l’inflation, a souligné le gouverneur.
Ses vues sont toutefois jugées un peu trop optimistes par trois des neuf membres du comité.
Après avoir baissé pendant des années, les prix au détail (hors produits périssables) augmentent déjà de 1,3% d’une année sur l’autre depuis quelques mois, dopés notamment par la hausse des tarifs des denrées importées qui ont bondi sous l’effet d’une forte dépréciation du yen.
En excluant l’impact mécanique des hausses de la taxe sur la consommation, la BoJ pense que les prix au détail (hors produits périssables) vont progresser de 1,3% pendant l’année budgétaire en cours, avant d’augmenter de 1,9% en 2015-2016 et de 2,1% en 2016-2017.
L’institut a souligné que l’économie subissait actuellement les effets de la hausse de 3 points, à 8%, de la taxe sur la consommation (équivalente à la TVA française) du 1er avril dernier, qui a poussé les consommateurs à acheter des produits en masse avant la date fatidique et qui réduit depuis d’autant la fièvre acheteuse.
La BoJ a néanmoins assuré que “la consommation resterait solide, soutenue par l’amélioration sur les fronts de l’emploi et des salaires”, et estimé que les effet pervers de cette hausse de taxe “se dissiperaient sans doute à partir de cet été”.