BNP Paribas met en garde contre l’impact de possibles sanctions aux Etats-Unis

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une agence BNP Paribas (Photo : Loic Venance)

[30/04/2014 15:10:21] Paris (AFP) BNP Paribas, qui publie un bénéfice net en hausse au premier trimestre malgré un environnement peu porteur, a prévenu mercredi que les sanctions qu’elle encourt aux Etats-Unis pourraient largement excéder la provision qu’elle a constituée pour se couvrir.

La banque française est actuellement en discussion avec les autorités américaines sur un litige concernant des paiements en dollars réalisés dans des pays soumis à un embargo américain.

“Les discussions qui ont eu lieu pendant le premier trimestre 2014 (…) montrent qu’il existe une très grande incertitude sur les sanctions qui pourraient être décidées par les autorités des Etats-Unis à l’issue du processus: il ne peut être exclu que la pénalité excède très significativement la provision constituée”, indique le groupe, qui avait mis en réserve 798 millions d’euros à cet effet l’an dernier.

Selon le Wall Street Journal qui cite des sources judiciaires, la banque française risque une amende record de 2 milliards de dollars (1,44 Md d’euros), montant confirmé à l’AFP par une source proche du dossier.

Selon cette source, la justice américaine cherche à ce que BNP plaide coupable dans le cadre d’une procédure pénale. Les procureurs examinent aussi d’autres sanctions comme la suspension de l’activité de compensation (paiement) en dollars de la banque.

Des employés de BNP Paribas pourraient également être sanctionnés à titre individuel, précise la source.

A la Bourse de Paris, le titre BNP souffrait de ces annonces, lâchant plus de 4% vers 16H00, dans un marché en baisse de 0,53%.

Sur les trois premiers mois de l’année, le groupe a publié un bénéfice net en hausse de 5% à 1,69 milliard d’euros, grâce notamment aux économies engendrées par le rachat de la part de l’Etat belge dans sa filiale Fortis.

Cette acquisition, réalisée fin 2013, a permis à la banque d’économiser les intérêts qu’elle versait auparavant à la Belgique.Dans le même temps, les revenus du groupe se sont effrités (-0,6%), le produit net bancaire (PNB) ressortant à 9,91 milliards d’euros.

Pour Jean-Laurent Bonnafé, directeur général du groupe, ces résultats sont “solides”, obtenus “par la résistance d’ensemble des revenus, la maîtrise continue des frais de gestion et malgré un coût du risque en hausse ce trimestre”.

Le coût du risque (provisions pour crédit non remboursés) a crû de 19%, du fait de l’Italie (+23%) qui souffre toujours d’un “contexte difficile”, mais aussi en raison d’une provision de 100 millions d’euros passée au vu des tensions en Ukraine et en Russie.

– Une nouvelle progression des fonds propres –

BNP a par ailleurs poursuivi la mise en ?uvre de son plan d’économies ce trimestre, faisant baisser ses frais de gestion de 1,4%. Le groupe, qui vise 2,8 milliards d’euros d’économies récurrentes à partir de 2016, en a déjà réalisé 1,01 milliard depuis le lancement du plan, dont 211 millions ce trimestre.

Par activités, les revenus ont été tirés par le pôle Investment solutions (gestion d’actifs, assurance-vie et gestion de fortune, +1,3%) tandis que les revenus de la banque de détail (-2%) et de la banque de financement et d’investissement (BFI, -5,4%) sont en baisse.

En France, où le groupe note une “bonne dynamique des dépôts” mais “une demande de crédits toujours faible”, le PNB a légèrement progressé (+0,5%) pour un résultat avant impôts en baisse de 4% à 487 millions d’euros.

La BFI a été pénalisée par la chute des revenus du “Fixed Income” (métiers obligataires et monétaires, -22%), tendance de fond dans le secteur bancaire.

BNP a dégagé une rentabilité des capitaux propres (ROE) de 7,2% ce trimestre. Pour rappel, elle vise au moins 10% en 2016, hors exceptionnels.

Parallèlement, elle a de nouveau renforcé son bilan, avec un ratio de fonds propres “durs” (apports des actionnaires et bénéfices mis en réserve rapportés aux crédits consentis) de 10,6% fin mars, contre 10,3% fin décembre. Ce niveau est nettement au-dessus du seuil de 9% exigé par les nouvelles règles de Bâle III.