à Washington (Photo : Mandel Ngan) |
[01/05/2014 07:12:09] Washington (AFP) Le Fonds monétaire international (FMI) a donné mercredi son feu vert à un plan d’aide de 17 milliards de dollars en faveur de l’Ukraine, tout en reconnaissant les “risques” liés notamment à l’insurrection pro-russe dans l’Est.
“Une action urgente était nécessaire”, a assuré la directrice générale du Fonds, Christine Lagarde, à l’issue d’une réunion du conseil d’administration du FMI, qui représente ses 188 Etats-membres dont la Russie.
Ce feu vert de l’institution permet le déblocage “immédiat” d’un premier prêt de 3,2 milliards de dollars à Kiev et va donner un peu d’air à un pays au bord de l?asphyxie financière.
L’accord du FMI, qui envisageait jusqu’ici un plan d’aide compris entre 14 et 18 milliards, devrait également ouvrir la voie à d’autres donateurs (Union européenne, Banque mondiale…) afin de parvenir à un plan de sauvetage global de 27 milliards de dollars.
Mais les prochains prêts de l?institution ne seront débloqués qu’à la condition que Kiev applique un programme d’économies drastique censé, selon le Fonds, poser les bases d’une croissance “durable” tout en protégeant les “plus vulnérables” et luttant contre la corruption.
“Il y a des risques liés à la mise en ?uvre”, a reconnu Mme Lagarde, évoquant notamment les tensions “géopolitiques” entre Kiev et Moscou.
Mercredi, les forces armées ukrainiennes ont été mises en état d’alerte pour enrayer les mouvements séparatistes dans l’Est, un des poumons économiques du pays. La perte de ce bassin industriel, après celle de la Crimée, porterait un coup très dur au potentiel économique du pays.
“Une nouvelle escalade des tensions avec la Russie et les troubles dans l’est du pays font peser un risque substantiel sur les perspectives économiques” ukrainiennes, a résumé Mme Lagarde.
La dirigeante s’est également inquiétée de l’impact des sanctions occidentales contre Moscou, qui ont été renforcées lundi et mardi, et qui risquent d’avoir des répercussions indirectes sur l’Ukraine. “Sur le front des sanctions, tout ce qui affaiblit la situation économique (de l’Ukraine, ndlr) va remettre en cause l’application du programme”, a prévenu Mme Lagarde.
Prise en étau, la Russie est déjà officiellement entrée en récession selon le Fonds et a accru sa pression financière sur Kiev. Elle exige déjà 11,4 milliards d’arriérés de paiement à Kiev tandis que la société russe Gazprom réclame, elle, 2,2 milliards de dollars pour ses livraisons récentes de gaz.
– Mesures impopulaires –
Selon la dirigeante du Fonds, les menaces qui pèsent sur le programme d’aide tiennent également à la situation politique à l’intérieur du pays.
Les autorités intérimaires à Kiev, qui avaient appelé l’institution à l’aide début mars, ont déjà donné des gages de bonne volonté en annonçant une baisse des subventions énergétiques –qui se traduira par une hausse de 50% des prix du gaz–, mesure réclamée de longue date par le Fonds.
Mais une élection présidentielle est prévue pour le 25 mai et les décisions impopulaires réclamées par le FMI risquent de mal passer dans l’opinion.
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Le programme de réformes prévoit ainsi une réduction du déficit public de l’ordre de 2% du PIB dans les deux ans, et une limitation de la hausse du salaire minimum et des salaires dans la fonction publique afin de “préserver la compétitivité”, a détaillé Mme Lagarde dans un communiqué.
La tâche sera d’autant plus difficile que l’économie ukrainienne devrait se contracter de 5% cette année, selon les projections du Fonds.
“Nous allons essayer de réduire ces risques au maximum”, a assuré Mme Lagarde, précisant notamment que les premiers audits du FMI seraient menés tous les deux mois, au lieu de trois habituellement, pour éviter tout dérapage des comptes publics.
Le passif du pays avec le FMI ne plaide par ailleurs pas en sa faveur. Les deux précédentes lignes de crédit accordées à l’Ukraine (16,4 milliards de dollars en 2008, 15,1 milliards en 2010) avaient été rapidement interrompues face au blocage des autorités.
En pointe dans le soutien à l’Ukraine, le secrétaire américain au Trésor Jacob Lew a estimé que l’adoption du plan d’aide marquait une “étape cruciale” et assuré que l’Ukraine était “déterminée” à appliquer les réformes requises par le Fonds.