à Levallois-Perret, près de Paris, le 30 avril 2014 (Photo : François Guillot) |
[01/05/2014 15:51:35] Paris (AFP) Le feuilleton du rachat de la branche énergie d’Alstom, qui oscille entre General Electric et Siemens, suscite des interrogations sur la chronologie et la communication entre le gouvernement et le groupe français.
Du côté du gouvernement, le dossier Alstom, qui mobilise maintenant jusqu’à l?Élysée, trouve un point de départ officiel cet hiver, lorsque le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, très impliqué dans le dossier, commande un rapport sur les options d’alliances pour Alstom.
“Nous nous sommes engagé dans une revue de réflexion des orientations stratégiques que nous pouvions imaginer ensemble” et “cela a eu lieu pendant l’hiver et pendant le printemps”, a-t-il assuré mercredi à l’Assemblée nationale.
Le cabinet Roland Berger, sollicité par l’Agence des participations de l?État, “a remis son rapport (…) que je n’ai pas dévoilé publiquement mais dont l’existence est connue (…) le 13 février 2014”, a déclaré le ministre.
Mais pourquoi alors cette impression de surprise générale après l’irruption de General Electric ?
Parce que, selon le ministre, une partie de la direction d’Alstom jouait sa partie sans que l?État soit mis dans la boucle.
“Tout a été anticipé. Ce qui ne l’a pas été, c’est que les man?uvres ont été faites sans que le gouvernement n’en ait été informé, sans que les cadres dirigeants, le directoire n’en aient été informés (…)”, a-t-il dit.
Pourtant, selon Clara Gaymard, la présidente de GE France, le ministre était au courant de l’existence de discussions entre les deux groupes.
ée nationale, le 30 avril 2014 (Photo : Pierre Andrieu) |
Citée par Libération, elle affirme l’avoir elle-même informée en février lors de la visite de François Hollande aux États-Unis, tous deux faisant partie du voyage. “On a pris un café ensemble. Je lui ai dit qu?on était engagé avec Alstom dans une conversation. Et qu?il y avait la possibilité qu?elle se poursuive. Je lui ai demandé si cela lui posait un problème. Il m?a dit : +Je vais moi-même réfléchir à l?avenir d?Alstom.+”, a-t-elle déclaré. La visite d?État de trois jours a débuté le 10 février.
Mais cela ne dit pas si le gouvernement était informé du succès des négociations.
“Lorsqu’une affaire est en train de se boucler et qu’on oublie de téléphoner au ministre de l?Économie et du Redressement productif, alors que tous les jours on lui demande de l’aide, je trouve qu’il y a là un manquement à la déontologie nationale”, a déclaré lundi sur RTL Arnaud Montebourg, laissant entendre qu’il ne savait rien de l’avancement des démarches.
– dîner de fiançailles –
Démarches qui, selon le Wall Street Journal de jeudi, ont débuté au plus haut niveau des deux entreprises, par un coup de téléphone et un dîner réunissant M. Kron et le patron de GE Jeffrey Immelt autour d’une table d’un restaurant parisien au mois de février.
Après le dîner, M. Immelt informe son conseil d’administration et courant mars, une équipe est formée chez le géant américain pour travailler aux noces. En trois semaines d’intenses réunions entre les deux parties, le socle d’un accord est trouvé, selon un personne proche des négociations cité par le quotidien américain.
à Paris (Photo : Bertrand Guay, Mandel Ngan) |
“Nous avons commencé les discussions avec eux fin mars (avec GE, ndlr), et en quelques semaines elles ont abouti. Ça a été rapide, il y a eu peu de gens impliqués”, a confirmé M. Kron, qui, selon le WSJ, s’est rendu aux États-Unis à l’occasion de l’assemblée générale de General Electric pour finaliser l’accord au plus haut niveau.
Selon Le Figaro, M. Kron avait l’intention de prévenir l’exécutif français avant l’officialisation de l’annonce le 7 mai, date de la publication des résultats du groupe.
Mais jeudi dernier, l’agence Bloomberg dévoile le pot au rose, provoquant un tollé en France, des réunions à l?Élysée, et provoquant l’entrée en jeu tardive de l’allemand Siemens.