érence de presse à Dearborn, dans le Michigan, le 1er mai 2014 (Photo : Bill Pugliano) |
[01/05/2014 20:50:56] New York (AFP) Brushing impeccable, physique d’acteur de série américaine, Mark Fields, 53 ans, le nouveau patron de Ford, a mené, souvent à bien, de lourdes restructurations partout où il est passé.
Le 1er juillet, ce natif de Brooklyn (New York) prendra officiellement les rênes du deuxième constructeur américain, ouvrant avec sa collègue Mary Barra de General Motors une nouvelle ère pour l’industrie automobile américaine.
“Il est l’homme idéal au bon moment”, a assuré son prédécesseur Alan Mulally, qui en avait fait son bras droit et numéro deux.
Ce spécialiste de la vente et du marketing était depuis plusieurs mois présenté comme le successeur naturel de M. Mulally, l’artisan du renouveau de Ford.
En attendant de dévoiler ses projets pour le constructeur, Mark Fields n’a jamais caché son ambition de transformer l’image peu glamour associée au secteur automobile.
– Donner une touche sexy à l’auto –
“L’automobile a un problème d’image”, confiait récemment à la presse ce père de deux enfants. “Certes nous ne sommes pas Google ou Yahoo! ou Apple”, mais “il est temps de redonner une touche sexy à l’automobile”, ajoutait-il en allusion au tube du chanteur Justin Timberlake (“Bringing Sexy Back”) pour expliquer ses efforts afin d’attirer les jeunes talents.
Cet ancien du groupe informatique IBM a connu une ascension rapide qui l’a conduit dans le monde entier mais avec des résultats inégaux. Ses détracteurs lui reprochent d’ailleurs cette réussite mitigée.
Entré chez Ford en 1989, Mark Fields fait ses premières armes chez Mazda Motor, alors contrôlé par le groupe américain. Nommé directeur marketing en 1998, il devient très vite responsable de la marque nippone et mène à bien sa restructuration
Pour le récompenser, Ford le bombarde à la tête de l’unité des marques de luxe (Aston Martin, Jaguar, Land Rover, Volvo Cars). Si, sous sa houlette, cette division dégage son premier bénéfice de l’histoire, elle sera des années plus tard cédée par petits morceaux, faute de rentabilité.
Land Rover et Jaguar seront rachetées par le groupe indien Tata, et Volvo sera cédé au groupe chinois Geely à un prix quatre fois inférieur à ce que Ford avait mis sur la table lorsqu’il l’avait acheté.
M. Fields a fait un passage éclair à la tête des activités européennes du groupe de 2004 à 2005, sans parvenir à les redresser durablement.
– Fermetures d’usines et nouveaux modèles –
C’est dans ses fonctions de président des activités américaines de Ford que Mark Fields gagne ses galons et le respect de ses pairs.
Il hérite de cette région, la plus importante du groupe, en 2006, alors que Ford est au bord du gouffre, avec des pertes record de 12,7 milliards de dollars.
M. Fields met en oeuvre la stratégie de M. Mulally “One Ford”, qui passe par de douloureuses mesures de restructuration, ce qui lui donne l’image d’un “costs killer” (chasseur de coûts).
Après des dizaines de milliers de suppressions d’emplois, des fermetures d’usines et des investissements tous azimuts (le lancement de 23 nouveaux modèles est prévu cette année), il est propulsé directeur opérationnel et héritier putatif.
Il faut dire que les résultats sont là: Ford a dégagé 7,1 milliards de dollars de bénéfices en 2013 et la Ford Focus est devenue la voiture la plus vendue au monde en 2012.
Si le crédit de ce renouveau est attribué à M. Mulally, certains y associent M. Fields.
“C’était une tâche herculéenne”, reconnaît Bill Ford, le président du Conseil d’administration. “Tout ce qu’on lui a demandé, il l’a toujours fait et bien fait”.
M. Fields sera vite confronté à de nouveaux défis: la Russie, où Ford a beaucoup investi, la dévaluation des monnaies émergentes en Amérique du Sud, qui affecte les bénéfices, la Chine, où le groupe est largement devancé par General Motors et Volkswagen, et enfin le redressement des activités européennes.