La Tunisie a enfin choisi, en la personne de Rachid Khechana, figure de proue du journalisme tunisien, son candidat pour le poste de directeur général de l’Union des radios et télévisions arabes (ASBU), organe de coordination des médias des pays membres de la Ligue des Etats arabes.
Le candidat tunisien, qui a fait l’objet d’un consensus entre la présidence du gouvernement, le palais de Carthage, et le ministère des Affaires étrangères, a été sélectionné en retard de quelques mois après l’annonce officielle de la réception des candidatures par l’ASBU. Zoom sur les chances de cette candidature..
Selon les observateurs, ce retard pourrait affecter la campagne tunisienne pour préserver ce poste qui est toujours revenu à la Tunisie (notre pays) pour la simple raison que l’ASBU est basée à Tunis.
Conséquence: Rachid Khechana, la diplomatie tunisienne et les amis et frères de la Tunisie sont, désormais, appelés à s’investir au maximum et à redoubler d’efforts pour préserver ce poste lors de la réunion préparatoire, au mois de juin prochain, et de l’Assemblée générale de l’ASBU, prévue pour le mois de décembre 2014, à Koweït-city.
L’enjeu est d’éviter le scénario de la perte de la direction générale de l’Alecso qui est revenue, par l’effet du lobbysme des pays du Golfe et du laxisme de la diplomatie tunisienne de l’époque, au Koweitien Abdullah Hamad Muhareb.
Rachid Khechana sera en lice avec trois candidats: l’actuel directeur du département ingénierie à l’ASBU (le soudanais Abderrahim Soliman), le PDG de l’agence de presse officielle de Jordanie (Faycal Choboul) et un quatrième candidat égyptien.
Selon nos informations, la candidature du Soudanais est fortement appuyée par l’Arabie Saoudite et le Qatar. Ce dernier a envoyé une lettre de soutien en bonne et due forme au candidat soudanais, lettre signée par Cheikh Abderrahmane Bin Hamad Al-Thani, président de l’instance officielle de l’audiovisuel datée du 23 avril 2014.
Who’s and who
Mais d’abord, qui est Rachid Khechana? La soixantaine, ce journaliste originaire de Kairouan, marié et père de deux enfants, a passé le plus clair de sa carrière dans le journalisme politique. Maîtrisard de l’Institut de presse et des sciences de l’information (IPSI), et titulaire de plusieurs diplômes sanctionnant des cursus de formations spécialisées, entre autres dans les langues (arabe, français et anglais), diplômes délivrés par l’université de la Sorbonne, Amideast et le Centre européen du journalisme et dans la géostratégie (participation à des sessions et visites d’études à travers le monde, particulièrement dans le monde arabe, aux Etats-Unis et en Europe.
Actuellement, il est directeur du CAFEM (Centre arabe de formation et d’études sur les medias dont le siège est situé aux Berges du Lac) après avoir dirigé, trois ans durant, le département Afrique du Nord d’Al Jazeera. Il est également le correspondant du site Swissinfo. Rachid Khechana, qui veut succéder à Slah Maoui, fut correspondant de plusieurs médias étrangers: journal Ennahar Alarabi, Ettadhamen (Londres), El Watan (Koweït), Affaires arabes (Londres), Le Monde diplomatique.
Mention spéciale pour sa collaboration avec le journal panarabe Al Hayat (basé a Londres) qui a duré une vingtaine d’années (1988-2009).
Au rayon de l’audiovisuel, il a travaillé trois ans avec la chaîne LBC (2004-2006) et trois ans et demi avec Al Jazeera en tant que program editor (2010-2014) et Radio Monte Carlo.
Au plan local, il fut rédacteur en chef du journal El Mawkif, organe du parti d’opposition Parti démocrate progressiste (PDP, actuel Al Joumhouri), depuis sa parution jusqu’à 2011. Du reste, il a pratiquement écrit dans tous les journaux tunisiens et collaboré à plusieurs travaux de recherche (voir ci-dessous CV en arabe).
C’est sur la base donc de ce parcours professionnel que les institutions de la République concernées l’ont choisi et préféré aux deux autres candidats, en l’occurrence l’ancienne PDG de la télévision tunisienne (Imen Bahroun Ben M’rad) et le PDG de la Radio nationale (Mohamed Meddeb).
Il s’agit d’une réhabilitation de Rachid Khechana par le gouvernement Mehdi Jomaa en ce sens où sa candidature, il y a deux ans au poste de président du Centre de la Ligue arabe a Tunis, a été refusée par le nahdhaoui Rafik Abdessalem, ministre des Affaires étrangères à l’époque.
Rachid Khechana s’est vu son dossier retiré de la Ligue arabe par ce ministre sans proposer d’alternative (jusqu’au départ de la Troïka du gouvernement), consacrant un vide à la tête du Centre qui l’a paralysé durant deux ans et demi.
Pourquoi l’ASBU est basée à Tunis?
Pour mémoire, l’ASBU, dont la direction générale a été assurée par des Tunisiens depuis 25 ans, est une des institutions que la Tunisie a été habilitée à abriter après les décisions prises, à ce sujet, par les ministres arabes des Affaires étrangères en 1990. Au terme de celles-ci, le siège de la Ligue des Etats arabes est retourné au Caire, après 12 ans en Tunisie. En contrepartie de ce retour, les ministres arabes des Affaires étrangères avaient décidé que Tunis abrite le siège permanent de quatre organisations spécialisées de la Ligue: l’ASBU, l’Agence arabe de l’énergie atomique, l’Alecso et le Conseil des ministres arabes de l’Intérieur.
Ils ont décidé qu’à l’exception du Conseil des ministres arabes de l’Intérieur placé sous le contrôle direct de l’Arabie Saoudite, tous les premiers responsables des trois autres organisations devraient être des Tunisiens.