Les pilotes, rassurés par le gouvernement, lèvent leur préavis de grève

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ésident du SNPL, parle avec des journalistes à Paris le 10 février 2012 (Photo : Pierre Verdy)

[02/05/2014 13:08:41] Paris (AFP) Le premier syndicat de pilotes, le SNPL France Alpa, qui appelait à une grève d’un mois à partir de samedi provoquant une vive polémique avec Air France, a levé son préavis vendredi, rassuré par les réponses du gouvernement sur ses revendications.

“Sur la base des propositions (du gouvernement), le conseil national du SNPL a décidé à une majorité de 96% des voix de lever le préavis de grève”, a déclaré le président du syndicat Yves Deshayes, lors d’une conférence de presse.

Les revendications des pilotes portaient sur quatre points, dont la révision de la loi Diard, qui impose aux grévistes dans les transports de se déclarer individuellement 48 heures à l’avance pour permettre aux entreprises de mieux anticiper une grève.

Le SNPL, reçu mardi par le secrétaire d’Etat aux Transports Frédéric Cuvillier, accuse les compagnies aériennes d’utiliser la loi Diard pour remplacer les grévistes avec du personnel venu de l’étranger, violant ainsi le droit de grève.

“Le gouvernement a reconnu que ces pratiques ne sont pas acceptables et ce pour la première fois”, a déclaré Yves Deshayes, assurant avoir “reçu un engagement fort” du gouvernement mais “pas de garantie” sur une évolution de la loi.

A la suite du préavis de grève nationale du 3 au 30 mai, le secrétaire d’Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier avait rappelé qu'”il n’a jamais été question que (cette loi) soit utilisée par les compagnies aériennes pour contourner le droit de grève”.

“J’inviterai toutes les compagnies aériennes à me rencontrer pour que des engagements de bonne conduite soient pris pour que la loi ne soit pas contournée”, a-t-il dit. “A partir du moment où le principe est reconnu il n’y a pas de raisons qu’il n’y ait pas de modification de la loi”, a estimé Yves Deshayes, précisant que l’objectif des pilotes “était effectivement d’obtenir un amendement”.

– avoir obtenu satisfaction –

Concernant les autres revendications, M. Deshayes a affirmé “avoir obtenu satisfaction” sur l’obtention d’une convention collective “spécifique aux pilotes de ligne” et sur la création d’un groupe de travail parlementaire pour étudier la baisse des taxes pesant sur les compagnies françaises.

En matière de convention collective, M. Cuvillier a souhaité, en lien avec le ministère du Travail, que “cette question légitime puisse être très rapidement résolue”.

Concernant les taxes, il a indiqué qu’un groupe de travail serait “mis en place rapidement sous la présidence d’un parlementaire”. Il devrait faire des propositions à l’automne.

M. Cuvillier avait aussi indiqué que le franchissement des points de contrôle était “une question technique réglée ou en passe de l’être” via des cartes professionnelles ou biométriques permettant aux personnels de passer “sans avoir à multiplier les contraintes de contrôles”. Une réunion sur ce point est prévue le 14 mai.

La levée du préavis de grève est “une excellente nouvelle pour les clients et pour les personnels d?Air France,” a déclaré à l’AFP le PDG de la compagnie Frédéric Gagey. “Air France peut à présent consacrer toutes ses énergies à la poursuite de son redressement”.

Le préavis de grève des pilotes de quelques heures chaque jour pendant un mois risquait d’entraîner de nombreux retards et s’appliquait à toutes le compagnies.

Mardi, Air France avait réagi vivement, dénonçant un mouvement “hors de propos” susceptible de compromettre le redressement financier de la compagnie engagée depuis 2012 au moyen d’une restructuration drastique. La mise en oeuvre du plan de restructuration Transform a entraîné depuis 2012 plus de 5.100 départs et 2.800 autres doivent intervenir d’ici 2015.

Dans une lettre ouverte au président du SNPL, Frédéric Gagey, avait jugé “inconcevable qu’une grève, dont les motifs n’ont rien à voir avec Air France, puisse enrayer cet élan”. Le président du SNPL avait vivement répliqué, également dans une lettre ouverte, accusant Frédéric Gagey de “provocations”.