ésident français François Mitterrand le 14 juillet 2012 à Brest (Photo : Jean-Sebastien Evrard) |
[04/05/2014 15:05:18] PARIS (AFP) François Hollande entame mardi la troisième année de son mandat avec l’espoir d’un “retournement” de conjoncture qui serait synonyme de redistribution des fruits de la croissance après deux années de disette et d’impopularité record, un pari risqué, de son propre aveu.
“Nous sommes à un moment décisif. Pourquoi? Parce qu’une reprise se dessine”, lançait le 28 avril le chef de l?État devant le corps préfectoral. “En Europe, la tendance est claire, aux États-Unis, elle est même confirmée, l’investissement frémit, les prévisions d’activité s’améliorent et la croissance revient”, même si elle demeure “trop faible encore”, faisait-il valoir.
Ainsi, pour François Hollande, “la politique menée depuis deux ans n’avait pas d’autre but: préparer la France à ce retournement conjoncturel” qu’il avait toutefois espéré dès 2013.
“On est entrés dans la deuxième phase du quinquennat, le redressement n’est pas terminé, mais le retournement économique arrive”, a-t-il réaffirmé ce week-end, cité par Le Journal du Dimanche.
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, y voit un président “confiant” dans sa politique qui a “stoppé le déclin” de la France, mais l’augure est loin de convaincre le président de l’UMP, Jean-François Copé, qui a ironisé sur ce président qui “vient tous les mois à la télévision pour dire aux Français: ne vous inquiétez pas, cela va s’arranger”.
– Une équation économique complexe –
Quoi qu’il en soit, l’équation économique reste complexe. Pour “tenir” l’objectif d’un retour à 3% de déficit public en 2015, la France s’est engagée à réaliser 50 milliards d’euros d’économies au total d’ici à 2017.
Paris table sur 1% de croissance cette année, avant 1,7% en 2015 et 2,25% les deux années suivantes. Mais le Haut Conseil des finances publiques, chargé de veiller à la sincérité de ces projections officielles, est dubitatif tout comme de nombreux économistes qui redoutent que les mesures d’économies ne brisent le fragile élan de la reprise.
à Cebazat, le 18 avril 2014 (Photo : Philippe Wojazer) |
Pour François Hollande au contraire, le retour de la croissance permettra de redistribuer davantage et de baisser les prélèvements, tandis que les entreprises, profitant d’une évolution des prix frisant la déflation, pourraient améliorer le pouvoir d’achat des salariés, décrypte un conseiller.
“C’est un pari”, reconnaissait lui-même le président de la République devant les préfets, mais “le seul pari qu’il convient de ne pas faire, c’est de ne rien faire parce que là, on sait ce qui se produira”, enchaînait-il.
Le chef de l?État conteste avoir plongé le pays dans l’austérité, notant que les dépenses publiques continueront de progresser légèrement, même si elles diminueront par rapport à la richesse nationale, que le pouvoir d’achat des fonctionnaires sera maintenu en dépit du gel du point d’indice ou que des baisses de prélèvements sont promises aux entreprises ou aux ménages.
Il réfute aussi toute “rupture” depuis la nomination de Manuel Valls à Matignon dans la foulée de la déroute socialiste aux municipales. S’il table sur “une cohésion plus forte” du gouvernement et “une mobilisation plus énergique” de l’exécutif, sa politique, au fond, reste inchangée, ajoute un proche qui souligne que l’on est loin du “tournant de la rigueur” engagé par François Mitterrand en 1983.
François Hollande continue de croire en sa bonne étoile, mais ne se fait guère d’illusions. “Je l’ai toujours dit, il n’y aura de retour de la confiance que s’il y a des résultats”, confiait-il récemment à un visiteur, préférant donner rendez-vous en 2017 alors que les sondages font de lui le président le plus impopulaire de la Ve République, passé sous la barre des 20% d’opinions favorables.
Le chef de l’Etat était encore plus explicite à la mi-avril, devant des salariés et des dirigeants de Michelin: “Si le chômage ne baisse pas d’ici à 2017, je n’ai, ou aucune raison d’être candidat, ou aucune chance d’être réélu.”