Bayer sort son chéquier pour se renforcer dans les médicaments en vente libre

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ège du géant pharmaceutique Bayer à Berlin (Allemagne) (Photo : John MacDougall)

[06/05/2014 14:58:23] Francfort (AFP) Le laboratoire allemand Bayer, inventeur de l’aspirine, compte débourser plus de 10 milliards d’euros pour mettre la main sur une division de son concurrent américain Merck et se renforcer sur le marché des médicaments sans ordonnance.

Les deux groupes ont annoncé mardi s’être mis d’accord pour une cession à Bayer de l’activité de santé grand public de Merck pour 14,2 milliards de dollars, soit 10,4 milliards d’euros.

Cette acquisition “marque une étape importante dans notre stratégie pour devenir leader mondial du marché porteur des médicaments sans ordonnance”, a déclaré Marijn Dekkers, patron de Bayer.

Le groupe de Leverkusen (ouest) est déjà bien doté en produits dits OTC, c’est-à-dire en vente libre en pharmacie. Outre l’aspirine, qui génère plus de 460 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, il commercialise la marque de crèmes Bepanthen ou encore les comprimés vitaminés Supradyn.

Avec 3,9 milliards d’euros de recettes en 2013, son activité OTC est deux fois plus importante que celle de Merck et représente un dixième de son chiffre d’affaires global. Combinées, les divisions OTC des deux groupes ont généré en 2013 un chiffre d’affaires d’environ 7,4 milliards de dollars, (5,5 milliards d’euros).

La transaction envisagée doit permettre à Bayer de compléter sa gamme de produits et de s’ancrer encore davantage aux Etats-Unis. “Merck Consumer Care est une entreprise importante dans le domaine de l’OTC, jouissant d’une forte présence en Amérique du Nord, le plus grand marché mondial” pour ces produits, a souligné M. Dekkers lors d’une conférence téléphonique.

Bayer deviendra ainsi leader mondial dans les soins de la peau et les troubles digestifs, et numéro deux dans les troubles des voix respiratoires et les compléments alimentaires.

En plein recentrage, Merck avait annoncé mi-janvier explorer les “options stratégiques” existantes pour sa division de produits de grande consommation, qui compte entre autres les crèmes solaires Coppertone, les soins pour les pieds Dr Scholl’s ou le traitement contre l’allergie Claritin.

Le fabricant britannique de produits d’entretien et de médicaments Reckitt Benckiser avait indiqué mercredi ne plus être sur les rangs pour racheter cette activité, laissant le champ libre à l’allemand.

-Consolidation du marché OTC-

La cession, dont Merck attend un gain après impôts de 8 à 9 milliards de dollars, intervient dans un contexte de fièvre des fusions-acquisitions dans le secteur pharmaceutique, illustrée par la volonté du numéro un mondial Pfizer de racheter le britannique AstraZeneca pour 106 milliards de dollars.

Jusqu’ici, Bayer se situait au deuxième rang mondial des médicaments en vente libre derrière l’américain Johnson & Johnson.

L’annonce récente d’une association dans cette activité entre le géant suisse Novartis et le britannique GlaxoSmithKline devrait rebattre les cartes. En s’emparant d’une partie de Merck, Bayer préserve sa deuxième place, devant J&J qui sera sans doute relégué à la troisième marche du podium.

Le groupe allemand vise des économies d’environ 200 millions de dollars par an à partir de 2017 grâce à des synergies dans le marketing et la production, et table sur une conclusion de la transaction avec Merck au second semestre 2014.

Il s’agit de la plus grande transaction dans la santé en Allemagne depuis l’achat par Bayer en 2006 de son compatriote Schering pour environ 17 milliards d’euros.

“Tous les cinq à sept ans, on voit une vague de fusions-acquisitions” dans le secteur, a commenté le patron de Bayer, estimant que celle observée actuellement était le fait d’entreprises qui “veulent se concentrer là où elles sentent qu’elle ont une forte compétence”.

L’objectif pour Bayer n’est pas de supprimer des postes, a-t-il en outre affirmé. L’activité de santé grand public de Merck, dont le siège est dans le New Jersey, emploie environ 2.250 personnes.

Bayer a également signé avec Merck un accord de coopération pour développer et commercialiser ensemble, en partageant équitablement coûts et profits, des traitements de maladies cardiovasculaires comme Adempas dans de nouvelles indications. Le groupe rhénan doit recevoir de l’américain un premier paiement de 1 milliard de dollars, suivi d’un paiement ultérieur de 1,1 milliard de dollars en cas de résultats satisfaisants.