érienne des Émirats arabes unis, photographié le 4 mai 2014 à Abu Dhabi (Photo : Karim Sahib) |
[07/05/2014 08:51:27] Shanghai (AFP) Des fauteuils toujours plus confortables, une sophistication poussée à l’extrême, les nouvelles “premières classes” d’Etihad et d’Air France illustrent la course au luxe que les compagnies se livrent pour séduire les clients à haute contribution.
La compagnie française a dévoilé mercredi à Shanghai sa “Suite haute couture”, présentée comme l’une des plus grandes du marché : 2 mètres 38 de long, dont un fauteuil convertible en un lit de 201 cm et 77 cm de large.
Montant de l’investissement: 50 millions d’euros pour 76 suites équipant ses 19 Boeing 777-300 (quatre sièges par avion) qui s’ajoutent aux 200 millions dépensés pour les nouvelles business et 250 millions pour la classe économique.
Cette annonce intervient quelques jours seulement après la présentation à Abou Dhabi de la “First suite” de sa concurrente émiratie, qui équipera prochainement ses Airbus A380 et Boeing 787. Outre un large fauteuil, Etihad proposera une banquette convertible en un lit de 204 cm de long et 66 cm de large.
“Ce sont nos clients qui jugeront les produits. Nous sommes (…) extrêmement confiants”, a déclaré Frédéric Gagey, PDG d’Air France, assurant que la compagnie française était en train de se hisser de nouveau parmi les meilleurs transporteurs au monde.
“La ‘First’ est un outil en terme d’image”, commente Didier Bréchemier, spécialiste du transport aérien au cabinet de conseils en stratégie Roland Berger. Et ce micromarché peut s’avérer “extrêmement rentable”.
“Au total, 52.000 passagers voyagent en Première chaque année, avec un taux de remplissage de 38%”, détaille Bruno Matheu, directeur général délégué de l’activité passage long-courrier d’Air France. “Ils représentent 0,3% des passagers long-courriers pour 1,8% des recettes long-courriers”.
Au-delà de l’image, les suites produisent plus de recettes que si cet espace-là était occupé par des sièges Economy ou Business, explique le dirigeant.
Un peu plus de la moitié des recettes de La Première est réalisée sur l’Amérique du nord (54%), 26% sur l’Asie-Pacifique, 19% sur l’Afrique, et 1% sur les lignes Proche et Moyen Orient.
Les lignes La Première les plus fréquentées sont New York et Los Angeles. Si l’on y ajoute Washington, elles concentrent un tiers des passagers de cette catégorie au sein de la compagnie française.
Chez Singapore Airlines (SIA), où le haut de gamme est l’essence même de la compagnie, la clientèle Premium voyageant en Suites, Premières et classe affaires, génère environ 40% de son chiffre d’affaires.
érienne des Emirats arabes unis, photographié le 4 mai 2014 à Abu Dhabi (Photo : Karim Sahib) |
“Il existe un marché premium avec des passagers prêts à payer cher pour voyager dans des conditions premium malgré les aléas économiques”, souligne Franklin Auber, porte-parole de SIA. “Ce marché a un bel avenir devant lui, notamment en raison de la croissance économique dans la zone Asie-Pacifique qui alimente une demande pour le trafic Premium en général et pour la première classe en particulier”.
– Caviar et chefs étoilés –
Selon lui, si l’offre des classes Affaires s’est sensiblement améliorée ces dernières années, le niveau de prestations et de services en Suites et Première est sans commune mesure.
Singapore Airlines avait elle-même lancé en juillet 2013 sa nouvelle Première Classe dont le siège se transforme en un lit, qui reste encore aujourd’hui le plus spacieux du marché: 90 cm de large pour 2,08 de long.
Outre le confort et les outils de divertissement en vol, la différence entre la business et la Première se joue à table aussi. Deux des neuf chefs choisis par Singapore ont trois étoiles au Michelin.
“Cette nouvelle Première, ce sont des racines françaises assumées et magnifiées, à travers l’offre de restauration signée de très grands chefs (Ducasse, Robuchon, Roth, Marcon, Pic, Martin), des étiquettes prestigieuses de champagne, le caviar de Sologne, la porcelaine fabriquée par Bernardaud (…)”, détaille de son côté Bruno Matheu.
Le confort et le luxe ont évidemment un prix. Un aller-retour Paris-Singapour en Suites sur l’A380 de Singapore est de l’ordre de 7.000 euros, environ deux fois plus cher qu’un billet en classe affaires. Les clients de La Première d’Air France paient eux en moyenne 9.000 euros pour un aller-retour, quelle que soit la destination.
Des prix élevés, mais encore bien inférieurs aux 25.000 dollars (18.000 euros) qu’il faudra débourser pour un trajet Abou Dhabi-Londres sur “The Residence” d’Etihad. Ce mini-studio de 11,6 m2, disposant d’un lit double, d’un coin salon et d’une douche privative, sera proposé en un seul exemplaire sur l’A380 à partir de décembre.
Un produit qui s’adresse à une toute autre clientèle que ceux de la première, a commenté Frédéric Gagey.
Air France, elle, travaille à la modernisation de ses dix A380.