éro un chinois du commerce en ligne Alibaba, à Haikou en Chine le 27 février 2014 |
[07/05/2014 13:38:09] Pékin (AFP) Jack Ma, fondateur du numéro un chinois du commerce en ligne Alibaba, entend rivaliser ouvertement avec les géants de l’internet dans le monde: son nouveau défi, alors que le groupe se prépare à faire une entrée en fanfare à la Bourse de New York.
Dans un mémo envoyé aux employés d’Alibaba, quelques minutes avant l’enregistrement mardi de son projet de cotation auprès du gendarme boursier américain (SEC), M. Ma a décrit Wall Street comme “une station pour faire le plein d’essence” en vue d’ambitieux développements futurs.
Le groupe chinois est souvent décrit comme un hybride entre les sociétés américaines Amazon et eBay, également parties de la vente sur internet avant de diversifier leurs activités.
Son projet présenté à la SEC mentionne un volume indicatif de levée de fonds d’un milliard de dollars; mais les analystes s’attendent à un volume final pouvant atteindre une quinzaine de milliards de dollars — ce qui en ferait l’une des plus grosses introductions en Bourse de l’histoire.
Et l’atypique Jack Ma, ancien professeur d’anglais qui créa Alibaba en 1999 avec un financement de 60.000 dollars seulement, ne cache pas son appétit pantagruélique.
– “102 ans” –
“Il y a quinze ans, les fondateurs d’Alibaba étaient déterminés à lancer une firme internet de conception chinoise et de dimension mondiale, avec l’ambition qu’elle devienne l’un des 10 plus grands groupes web dans le monde”, a-t-il insisté dans ce même mémo.
Il s’agissait d’établir “une entreprise qui existerait pendant 102 ans”, soit une durée de vie s’étendant sur trois siècles distincts, a ajouté M. Ma dans ce texte abondamment reproduit mercredi par des médias chinois, dont le respecté magazine économique Caijing.
Parfois surnommé le “Steve Jobs” chinois pour ses qualités d’entrepreneur visionnaire, Jack Ma s’est retiré l’an dernier de la direction opérationnelle d’Alibaba mais conserve le poste de président, chargé de la direction stratégique.
Alibaba, devenu selon ses dires la plus grosse société de commerce en ligne et mobile au monde en termes de volume de marchandises écoulées, ne vend pas d’articles directement mais dispose de plusieurs plateformes où les commerçants peuvent entrer en relation avec des clients, dont Taobao et TMall.
Le groupe, qui compte 20.000 employés, se taille la part du lion en Chine sur le marché des transactions de particulier à particulier en ligne, dont il contrôle 90%.
Si Alibaba devait continuer de profiter de l’insolente croissance du marché chinois (fort de plus de 600 millions d’internautes), les analystes s’interrogent cependant sur sa capacité à prospérer à l’international.
– Les embûches de l’international –
“C’est un acteur très important en Chine, un peu plus fragile dans les applications mobiles et plus solide dans les moyens de paiements. Mais il serait prématuré de spéculer sur son éventuel succès hors des frontières chinoises”, observe Trip Chowdhry, analyste de Global Equities Research.
Jack Ma lui même ne semble pas ignorer les embûches: “Derrière le faste du marché des capitaux, se cache un environnement impitoyable et une pression sans pareille”, a-t-il remarqué dans le mémo interne dévoilé mercredi.
Il y remettait à leur place les futurs actionnaires du groupe, sans ambages: “Après l’introduction en Bourse, nous maintiendrons notre principe de servir d’abord les clients, les employés en deuxième, et les actionnaires seulement en troisième”.
“S’en tenir à ce principe dans l’avenir comme nous l’avons fait dans le passé permettra de respecter et de protéger les intérêts de tous”, a-t-il fait valoir.
Au cours de son histoire, Alibaba a connu plusieurs déconvenues et accrochages en matière d’investisseurs.
Jack Ma n’a ainsi jamais fait mystère des vives tensions avec Yahoo!, géant américain du web possèdant à présent 23% d’Alibaba – qu’il devrait céder lors de l’introduction en Bourse.
Yahoo! et la banque japonaise SoftBank (elle aussi détentrice de parts dans Alibaba) avaient vécu comme un affront la décision de scinder la plateforme de paiement électronique du groupe, Alipay… finalement transférée à une société tierce contrôlée par M. Ma en personne. Le différend avait été résolu à l’amiable en 2011.
Le projet même de cotation a donné lieu à des discussions animées avec l’opérateur de la Bourse de Hong Kong –qu’Alibaba avait considérée dans un premier temps avant de s’en détourner l’an dernier, sous prétexte que le règlement hong-kongais n’aurait pas permis à M. Ma et aux autres dirigeants de garder le contrôle du conseil d’administration.