ération permettrait au magnat des médias de rassembler tous les bouquets Sky afin de créer un grand réseau européen de télévisions payantes (Photo : Ben Stansall) |
[12/05/2014 11:31:22] Londres (AFP) Le magnat des médias Rupert Murdoch veut regrouper les bouquets de télévision payante Sky pour en faire un géant européen, sur fond de refonte du secteur et de guerre pour les droits du football.
BSkyB, dont le groupe 21st Century Fox de M. Murdoch détient environ 39%, a annoncé lundi dans un communiqué avoir “entamé des discussions préliminaires avec 21st Century Fox afin d’évaluer l’acquisition potentielle de ses actifs dans la télévision payante en Allemagne et en Italie”.
Soit Sky Deutschland, dont le groupe de Rupert Murdoch détient 57%, et Sky Italia, qu’il possède à 100%. Ces deux bouquets forment avec le réseau de télévision américain Fox et les studios de cinéma 20th Century Fox les activités audiovisuelles de M. Murdoch, regroupées au sein de 21st Century Fox depuis la scission fin juin de l’empire du magnat.
Une telle opération, qui pourrait atteindre 10 milliards d’euros selon certains médias, “aurait le potentiel de créer un groupe de télévision payante de niveau mondial”, estime BSkyB.
Combinés, les trois bouquets disposeraient de près de 20 millions d’abonnés (10,5 millions pour Sky en Grande-Bretagne, près de 5 millions pour Sky Italia et 3,7 millions pour Sky Deutschland).
BSkyB prévient toutefois que les discussions n’ont pas dépassé le stade préliminaire et qu’aucun accord n’a encore été trouvé sur “les termes, la valeur ou la structure” de l’opération.
“Au cours des années, nous avons eu de nombreuses discussions internes autour de l’organisation et de la structure de la propriété des plateformes satellitaires de marque Sky en Europe. De temps en temps, ces conversations ont inclus BSkyB mais aucun accord n’a jamais été atteint entre les parties”, a réagi de son côté un porte-parole de 21st Century Fox dans un communiqué.
En Allemagne, conformément à la législation, BSkyB serait contraint de lancer une offre publique d’achat sur le reste du capital de Sky Deutschland après avoir racheté les 57% de 21st Century Fox et a d’ores et déjà précisé qu’il n’offrirait pas de prime aux actionnaires minoritaires.
Si la perspective d’une telle fusion n’enchantait pas les actionnaires de BSkyB, elle ravissait au contraire ceux de Sky Deutschland.
A la Bourse de Londres, BSkyB lâchait 2,31% à 869,4 pence, vers 10H25 GMT, tandis que Sky Deutschland bondissait de 6,31% à 6,74 euros à Francfort.
S’il se concrétisait, ce projet de réorganisation des activités de télévision payante de Murdoch autour de BSkyB interviendrait trois ans après l’échec de sa tentative de monter à 100% du groupe britannique.
Le magnat des médias avait en effet jeté l’éponge en 2011 face à l’opposition unanime de la classe politique en plein scandale des écoutes téléphoniques.
– Le foot, le nerf de la guerre –
Ce nouveau projet émerge surtout en pleine refonte du paysage de la télévision payante, sur fond de concurrence accrue de la vidéo en ligne et de consolidation des câblo-opérateurs proposant des offres combinées TV, téléphone et internet.
Pour Michael Hewson, analyste de CMC Markets, ce rapprochement permettrait aux bouquets Sky de se rassembler “sous une seule bannière afin de mieux concurrencer les services de vidéo sur internet comme Netflix mais aussi d’obtenir les lucratifs droits des sports rois”.
Les droits de diffusion du football sont souvent la raison principale motivant les abonnements et sont donc au centre de la bataille entre les télévision payantes, qui sont prêtes à mettre des centaines de millions d’euros sur la table pour les remporter.
BSkyB, en compétition frontale avec BT Sports, a subi un revers cuisant en se faisant rafler les droits exclusifs de diffusion de la Ligue des champions pour trois ans à partir de 2015/2016 par ce nouvel entrant. Une bataille également perdue par Sky Italia face au groupe Mediaset de Silvio Berlusconi, tandis que Sky Deutschland les a remportés.
Les bouquets Sky disposent en revanche des droits de diffusion des championnats de première division de leurs pays respectifs mais ne sont pas à l’abri en Grande-Bretagne et en Italie d’une surenchère future de leurs concurrents.