Italie : mauvaise surprise pour l’économie qui rechute au 1er trimestre

870bc597bd9f0be012f8ec05c50bd50d17b4f26b.jpg
à Rome (Photo : Andreas Solaro)

[15/05/2014 15:25:45] Rome (AFP) Le Produit intérieur brut (PIB) de l’Italie a baissé de 0,1% au premier trimestre 2014 par rapport au précédent, un mauvais chiffre lié à un recul de l’industrie, qui a “déçu” les experts et entraîné une chute immédiate de la bourse.

“Malheureusement c’est une donnée très faible à laquelle nous ne nous attendions pas”, a déclaré à l’AFP Chiara Corsa, une experte en macro-économie de la banque Unicredit.

Le PIB s’est en outre contracté de 0,5% par rapport au premier trimestre 2013. Le PIB italien a donc une nouvelle fois reculé alors que le quatrième trimestre 2013 avait été marqué par une hausse de 0,1% qui faisait suite à neuf trimestres dans le rouge.

“C’est une donnée très décevante. La croissance s’est arrêtée, et pire encore, c’est même un retour en arrière”, a-t-elle ajouté.

Ce recul s’explique, selon l’Istat, par une évolution négative du secteur de l’industrie, notamment pour cause de ralentissement des exportations, alors que le domaine des services a été stable et que l’agriculture a enregistré une forte croissance.

“La faiblesse de l’industrie est très décevante, nous nous attendions à une reprise dans ce secteur. On prévoyait également une contribution positive de l’export et de la demande interne”, a ajouté Mme Corsa.

4a2eefe683b31968d062c6c1bcc363b79d790c25.jpg
éens en 2013 et 2014 (Photo : I.Vericourt / cam)

La bourse de Milan a évolué dans le rouge toute la journée, allant jusqu’à perdre 3,1% à 20.528 points vers 15H00 GMT.

“Nous sommes préoccupés”, a reconnu dans l’après-midi Graziano Delrio, bras droit de M. Renzi, même s’il a avoué ne pas être “surpris” par ces chiffres.

“Renzi est le seul à ne pas être responsable de la conjoncture, vu qu’il est au pouvoir depuis seulement quelques semaines et plutôt que de le freiner, ce chiffre du PIB pourrait l’aider, le pousser à faire les réformes”, a commenté pour l’AFP Franco Bruni, professeur d’économie politique à l’Université Bocconi de Milan.

“Nous sommes fondamentalement dans une phase de stagnation dans laquelle le PIB reste au même niveau”, ont indiqué pour leur part des statisticiens de l’Istat.

Le gouvernement italien table sur une croissance de 0,8% cette année après deux années de récession, mais les prévisions de l’Istat et du Fonds monétaire international sont inférieures avec une croissance de 0,6% attendue en 2014.

Le chef du gouvernement Matteo Renzi a déclaré à plusieurs reprises qu’il était convaincu que le PIB pourrait enregistrer cette année une croissance de 1% mais que l’exécutif s’en était tenu à une prévision de 0,8% “par prudence”.

Selon l’Istat, l’acquis de croissance pour 2014 est désormais de -0,2%, alors qu’en mars il l’estimait à -0,1%.

“C’est clairement une mauvaise nouvelle. Au dernier trimestre 2013 on avait vu poindre un retour à la croissance pensant que la reprise débutait, mais cette phase d’espérance s’est interrompue”, a déclaré à l’AFP Nicola Borri, professeur de macro-économie à l’université Luiss de Rome.

Et “ce n’est pas une bonne nouvelle pour Matteo Renzi à la veille des élections européennes. Cela veut dire que la situation du pays est plus grave qu’on ne le pensait. Il va falloir des mesures plus incisives”, a ajouté M. Borri.

Le jeune Premier ministre italien (39 ans), arrivé au pouvoir en février, a annoncé une série d’initiatives pour relancer l’économie, dont une petite réduction des impôts pour les classes moyennes (en vigueur à partir de la fin mai) et un allègement des charges pour les entreprises (baisse de la taxe foncière Irap).

“Ce retour dans le rouge du PIB au premier trimestre 2014, après un maigre +0,1% au dernier trimestre 2013, confirme combien les annonces de reprise du gouvernement étaient hasardeuses et prématurées”, a critiqué Daniele Capezzone, membre du parti Forza Italia de Silvio Berlusconi et président de la Commission financière de la Chambre des députés.

Le PIB au premier trimestre 2014 s’est établi à 340,591 milliards d’euros. Pour retrouver un chiffre plus faible il faut remonter 14 ans en arrière, au premier trimestre 2000 quand il était de 338,362 milliards.