Combien de fois avons-nous entendu les gens du peuple dans la rue, dans les taxis, dans les épiceries, dans les boutiques, dans les administrations, dans les séminaires, forums, conférences et même dans les mosquées, dire: pourquoi ne laissons-nous pas ceux qui sont aujourd’hui aux rennes du pouvoir prendre les décisions qu’ils jugent utiles et assumer entièrement leurs responsabilités dans le sauvetage d’un soldat Ryan appelé la Tunisie? «Il faut aller de l’avant, ignorer les incultes et profanes, quitte à ce qu’il y ait des dommages “collatéraux“. Tant pis si c’est la Tunisie qui gagne», estime un économiste connu…
Les constituants ont-ils associé les experts économiques et les ministres des gouvernements successifs à la rédaction de la Constitution? Sauf peut-être à titre consultatif, uniquement consultatif au vu des limites intellectuelles de nombre d’entre eux.
Pourquoi Mehdi Jomaâ se sent-il aujourd’hui obligé d’associer ceux qui n’ont pas su être de bons politiques, qui sont dépourvus de vision et de projets au débat économique? Ceux-là mêmes qui n’ont pas pu s’entendre sur le principe d’un gouvernement de consensus ou de sauvetage national s’accordent le droit de débattre de la politique économique du pays? Alors que leur légitimité est discutable?
Eux qui passent la plupart de leur temps que le peuple paye de sang et de sueur à discuter du «sexe des anges» faute d’avoir la culture, la connaissance et le savoir nécessaires pour s’élever aux rangs de femmes et d’hommes d’Etat?
Les hommes et femmes de la Tunisie postindépendance ont enfanté de générations de constructeurs, lesquels aujourd’hui nous laissent en héritage, nombre d’opposants ingrats et vindicatifs sans autres idées dans leurs petites têtes, dépourvus de matière grise que celle de la destruction et de critiques déplacées.
Et ce sans aller dans la généralisation. Car fort heureusement, il y en a qui essayent d’assurer tant bien que mal le rôle de leaders, il est un fait que l’on doit admettre, c’est qu’un Hamma Hammami n’est ni un administratif ni un économiste et donc qu’il est très mal placé pour parler de notions qui le dépassent ou d’une réalité qu’il méconnaît si ce n’est les rapports réguliers de ses collaborateurs sur l’économie qu’il affiche et explique chiffres à l’appui…
Samia Abbou, juriste de son état, faisait mieux lorsqu’elle défendait la cause de son mari dans les manifestations internationales jouant à la femme éplorée. Cette députée CPRiste qui ne peut pas parler sans crier est, reconnaissons-le, incapable de comprendre les subtilités économiques sauf quand elle joue à mère Theresa prêchant l’intégrité et la transparence…
Quant à la participation d’Abderraouf El Ayedi, dont la seule obsession est de se venger de tout et de rien et s’il le pouvait d’Elyssa et de la Kahena figures historiques de la Tunisie, au dialogue national sur l’économie, eh bien, c’est une aberration!
Les derniers faits l’ont d’ailleurs prouvé, «si un aveugle en conduit un autre, ils tomberont tous les deux»… Si Mehdi Jomaâ se plie au diktat de certains partis politiques opposants professionnels suivis des syndicats et des lobbyistes droit-hommistes intéressés et opportunistes, c’est son gouvernement et la Tunisie qui tomberont…
Tentant d’éclairer le désert de l’ignorance de nombre d’individus qui ne peuvent être à leur place que dans des asiles d’aliénés, dans les jeux de la contrebande ou assurant en tant que muletiers dans le sens le plus méprisable du terme, le chargé de la communication du Premier ministère a tenu à préciser, suite au dernier cirque de la Constituante, que les juifs ne sont pas tous Israéliens et que tous les Israéliens ne sont pas forcément des sionistes. Quand bien même, permettre à une dizaine d’individus de passer les frontières en leur retirant leurs passeports et en les dotant de laissez-passer provisoires reviendrait-il à normaliser avec l’Etat hébreux?
«Cette ANC qui nous coûte déjà beaucoup d’argent doit dégager»
Depuis son indépendance, la Tunisie n’a jamais accepté de se laisser distraire par des discours houleux qui relèvent plus de la langue de bois et du populisme de basse caste que de la raison d’Etat et des intérêts de la Nation…, estime Raouf Berejeb, journaliste et diplomate qui poursuit: «Même si nous n’avons pas de relations avec Israël, nous devons appeler les choses par leurs noms. Ce qui s’est passé à la Constituante est une surenchère contre-productive»: «Victimes collatérales de l’audition d’Amel Karboul et Ridha Sfar, 16 escales de paquebots de touristes fortunés à La Goulette ont été annulées. A raison de 2.000 touristes, c’est 320.000 touristes qui ne viendront pas en Tunisie. Cela fera beaucoup d’argent perdu pour nos artisans, pour nos taxistes, pour les guides… pour notre pays. Tout juste pour satisfaire l’ego de quelques farfelus qui ne sont pas allés au bout de leur sale besogne. Car ils étaient sûrs de perdre. On doit les rendre comptables de cette perte.
Mais l’effet sur l’image de marque du pays, lui, n’a pas de prix. Cette ANC qui nous coûte déjà beaucoup d’argent doit dégager au plus vite sinon elle continuera son sale travail de sape. Allez oust du balai».
On est allé jusqu’à surenchérir également sur l’autorisation du gouverneur pour ce qui est de l’accord pour les étrangers de posséder des résidences en Tunisie. Tout ce que le Premier ministre a fait était de prier les gouverneurs de raccourcir les délais de refus ou d’approbation des dossiers. Eh oui, c’est aussi simple que ça. Personne n’a vendu la Tunisie, d’ailleurs qui pourrait couper un lopin de terre construit ou un centre commercial pour le déplacer ailleurs. Concernant les terrains agricoles, la loi postindépendance reste de vigueur, on ne les cède jamais totalement, on les loue.
Aujourd’hui que Nidaa Tounes, selon le sondage de Sigma Conseil, occupe la première place et que l’élu à la présidence de la République pour le peuple tunisien serait Mehdi Jomaâ qui ne la brigue d’ailleurs pas, devrait inciter le chef du gouvernement à mettre à profit la confiance que lui porte le peuple en prenant des décisions audacieuses. On ne gouverne pas un Etat par le provisoire, on le gouverne en prenant les décisions qui s’imposent en croyant et en veillant sur sa continuité.
Pour le chef du gouvernement, des dossiers pressants s’imposent, tel celui de la sécurité où l’on doit beaucoup investir y compris dans un pôle antiterroriste qui regroupe tous les concernés. Le dossier social qui exige tout d’abord l’adhésion des syndicats à une trêve d’au moins une année et l’engagement des patronats à des augmentations salariales rationnelles tout en veillant à la préservation du pouvoir d’achat des classes sociales vulnérables.
Le dossier économique doit bénéficier de toutes les attentions du chef du gouvernement et de son équipe, ce qui implique qu’il ne doit pas devenir l’otage d’un dialogue national dont les participants ne sont pas forcément édifiés sur les enjeux en cours. Encourager l’investissement par la mise en place de cadres légaux simples et efficients, l’accord de facilitations à ceux qui investissent dans les régions intérieures et la prise en charge par l’Etat et les privés de l’aménagement de zones industrielles qui seraient cédées clés en main comme dans nombre de pays à des investisseurs nationaux et internationaux pourrait redynamiser l’économie.
L’enjeu économique, c’est également oser apporter des solutions concrètes aux dossiers des hommes d’affaires en suspens et des commis et compétences de l’Etat dont nombre sont retraités depuis plus de 10 ans mais qui ne sont pas épargnés par la machine infernale de la justice mise sur pied par Noureddine El Bhiri, l’absent très, très présent dans un ministère de souveraineté.
Monsieur Hafedh Ben Salah, à quant à lui un grand coup de balais dans son ministère. Et quand est-ce que la Tunisie s’appropriera-t-elle de nouveau son ministère de la Justice?