Affaire d’espionnage chez Areva : peine d’amende requise

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à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[16/05/2014 21:51:10] Paris (AFP) Une peine d’amende, dont le montant a été laissé à l’appréciation du tribunal, a été requise vendredi contre le dirigeant d’un cabinet suisse d’investigations privées, poursuivi dans le cadre d’une affaire d’espionnage contre l’époux de l’ancienne patronne d’Areva Anne Lauvergeon.

En toile de fond de cette affaire, examinée lors d’une longue audience devant le tribunal correctionnel de Paris, le rachat controversé de la société minière canadienne Uramin en 2007.

Cette acquisition a tourné au désastre financier pour le groupe nucléaire. La valeur d’Uramin, achetée 2,5 milliards de dollars (près de 2 milliards d’euros), avait ensuite été divisée par cinq.

Elle fait l’objet d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet national financier à la suite d’un signalement de la Cour des comptes.

En décembre 2011, Olivier Fric et son épouse Anne Lauvergeon trouvent à leur domicile parisien, sous pli anonyme, un mystérieux rapport de 43 pages intitulé “Pomerol 4”.

Ce document, provenant de la société suisse Alp Services, précisait en préambule qu’il présentait “les résultats des recherches effectuées auprès de nos différentes sources confidentielles notamment en Namibie sur la société Uramin”.

Selon M. Fric, “tout ceci” a été “perpétré par une ou des personnes qui ne pouvaient provenir que d’Areva.

Le rapport mentionnait notamment des informations concernant M. Fric, fruit de recherches parfois infructueuses, d’informations bancaires ou concernant des séjours dans des hôtels de Genève, et des éléments sur le nombre d?appels passés par l’époux d'”Atomic Anne”.

C’est ce dernier point qui vaut à Mario Brero, le dirigeant d’Alp Services, de comparaître pour complicité et recel de violation du secret professionnel.

A la barre, il a expliqué que le but de ces investigations était de “protéger” Mme Lauvergeon.

Alors que des sommes considérables étaient en jeu – “4,5 milliards d’euros provenant du contribuable français”, a-t-il avancé, “on se permet quelques petits écarts”, a-t-il concédé.

Après un an d’enquête, le parquet de Paris a considéré que seul M. Brero pouvait être poursuivi. Estimant que le commanditaire de cet espionnage destiné à déstabiliser Mme Lauvergeon devait comparaître devant la justice, l’avocat de M. Fric, Jean-Pierre Versini-Campinchi, a poursuivi directement devant le tribunal Sébastien de Montessus, qui dirigeait les activités minières du groupe.

M. de Montessus a assuré n’avoir à “aucun moment” demandé que les investigations portent sur M. Fric.

Il a expliqué que ce rapport avait été commandé afin de confirmer ou infirmer les conclusions d’un précédent rapport, confié à une autre société, qui évoquait une “escroquerie” au sujet de l’acquisition d’Uramin, une situation potentiellement “explosive”.

Selon Me Versini-Campinchi, cette “opération d?espionnage”, visait à trouver une “casserole” à accrocher à l’époux de la dirigeante du géant français du nucléaire.

“Pourquoi ? A cette question-là je n’ai jamais eu de réponse”, pas plus que sur l’identité de ceux qui auraient été derrière Sébastien de Montessus, a plaidé l’avocat de ce dernier, Me Patrick Maisonneuve.

Le jugement a été mis en délibéré au 20 juin.

Le mandat d’Anne Lauvergeon à la tête d’Areva n’avait pas été renouvelé en juin 2011. Son renouvellement dans le poste s’était heurté à ses mauvaises relations notoires avec le président Nicolas Sarkozy et avec le patron d’EDF, Henri Proglio.