été le 10 mai 2014 (Photo : Farooq Naeem) |
[18/05/2014 08:35:36] Rajbah Chawan (Pakistan) (AFP) Les exportateurs pakistanais de mangues rêvent de mordre dans les juteuses parts de marché de l’Inde rivale depuis un embargo récent de l’Union européenne sur les cargaisons du fruit à la chair orangée venues du pays des maharajas.
Les deux puissances nucléaires rivales se targuent chacune de produire les meilleures mangues au monde et rivalisent pour le titre de plus grand exportateur régional du précieux fruit.
Le Pakistan a vendu l’an dernier à l’étranger 100.000 tonnes de mangues pour 48,6 millions de dollars, talonné par les 56.000 tonnes exportées par l’Inde pour près de 45 millions de dollars.
En quête de devises fortes, les Pakistanais n’hésitent pas à brader leurs mangues ce qui explique en partie ce faible écart entre la valeur des contrats malgré des différences notables dans les volumes exportés par les deux pays.
Or le 1er mai, l’Union européenne (UE) a imposé un embargo temporaire sur les importations de certains fruits et légumes indiens, incluant la mangue, après la découverte de drosophiles dans des cargaisons venues d’Inde.
Et le malheur de l’Inde fait déjà le bonheur du Pakistan qui souhaite tirer profit de cet embargo pour doper ses exportations vers l’Europe en s’assurant que ses vergers ne soient pas eux aussi infestés de parasites.
éminaire le 10 mai 2014 près de Multan (Photo : Farooq Naeem) |
“Nous tentons d’apprendre des erreurs de l’Inde”, lance Raja Ijaz Ahmed Noon, un haut responsable de la province agricole du Penjab (centre), en marge d’un atelier avec une cinquantaine de propriétaires de vergers, dans le village de Rajbah Chawan.
Le Pakistan produit bon an mal an environ 1,7 million de tonnes de mangues, écoulée principalement sur le marché national, mais n’exporte pour l’heure que 6% de cette manne fruitière.
“Nous pourrions exporter 40% de notre production totale de mangues”, estime M. Noon qui table sur une augmentation de 16% des ventes internationales dès cette année, principalement en raison de l’infortune de son voisin indien.
– Pièges à phéromone –
“Mais les parasites n’ont pas seulement affectés l’Inde, ils menacent aussi nos vergers”, prévient Syed Ismat Hussain, un haut responsable de la lutte contre ces parasites.
Pour protéger les récoltes, des agriculteurs tendent des pièges à phéromone aux branches de leurs manguiers, une bouteille de plastique trouée, au fond de laquelle est déposé un coton imbibé de méthyleugénol, une substance qui imite l’odeur de la drosophile femelle.
Des mangues au Pakistan (Photo : Farooq Naeem) |
“Les mâles entrent par ces trous. Ils volent autour du coton pour l’accouplement, mais ils ne trouvent pas de femelles, et ne peuvent plus sortir”, explique M. Hussain.
Piégés, les mâles ne peuvent féconder les femelles en liberté qui, elles, par conséquent, ne peuvent pondre leur ?ufs.
Autre stratégie: le “traitement par eau chaude” qui consiste à plonger le précieux fruit dans un bain à 52 degrés, tuant ainsi les larves indésirables cachées sur la pulpe.
“Nous devons travailler de façon méticuleuse et scientifique si nous voulons gagner des parts de marché en Europe, aux Etats-Unis et au Canada”, résumé Syed Zahid Hussain Gardezi, président de l’Association des producteurs de mangues du Pakistan.
– Un fruit fragile –
Mais les parasites ne sont pas le seul problème auquel sont confrontés les producteurs pakistanais.
Les coupures d’électricité à répétition stoppent régulièrement les systèmes d’irrigation, un problème d’eau ailleurs exacerbé par l’irrégularité des moussons ces dernières années.
“Nous sommes confrontés à la fois à une pénurie d’eau et des coupures d’électricité. Or nous ne pouvons produire des mangues de grande qualité sans un système efficace d’irrigation”, peste Muhammad Ali, un agriculteur local.
A quoi, il faut encore ajouter les problèmes de transport. Les mangues pakistanaises doivent parfois voyager des centaines de kilomètres par route dans des camions non réfrigérés avant d’atteindre la métropole Karachi pour être exportées par avion.
Cette saison sera ainsi un test pour le Pakistan. Le “pays des purs” devra prouver que ses mangues sont non seulement exquises mais vierges de tout parasite.