ération à laquelle participe largement la famille royale du Qatar (Photo : Daniel Roland) |
[19/05/2014 10:52:33] Berlin (AFP) En retard pour se conformer aux normes européennes de solvabilité plus strictes, Deutsche Bank a décidé de prendre le taureau par les cornes et d’augmenter son capital de 8 milliards d’euros, une opération à laquelle participe largement la famille royale du Qatar.
Pour la première banque allemande, le pas n’est pas des moindres, puisqu’il s’agit de la deuxième plus grande augmentation de capital de son histoire. En 2010, l’établissement avait déjà levé 10 milliards d’euros.
Sous pression depuis un certain temps pour renforcer son bilan face à un durcissement de la réglementation sur la solvabilité des banques, Deutsche Bank avait annoncé dès fin avril être à la recherche d’argent frais pour renforcer son assise financière.
“Bien que la probabilité d’une augmentation de capital avait augmenté, cette annonce est quand même clairement une surprise. Son volume de 8 milliards d’euros est aussi plus élevé que ce que nous estimions probable”, a expliqué Philipp Hässler, analyste chez Equinet.
Dans le détail, cette augmentation de capital décompose en deux parties. La première consiste en un placement d’environ 60 millions d’actions au prix unitaire de 29,20 euros, ce qui représente un total d’environ 1,75 milliard d’euros, déjà effectué auprès d’un fonds d’investissement contrôlé par un membre de la famille royale du Qatar, Hamad ben Jassem al-Thani.
La deuxième consistera en l’émission de jusqu’à 300 millions de nouvelles actions, qui devraient pouvoir être souscrites jusqu’au 24 juin, sous réserve de l’aval de l’Autorité allemande des marchés financiers (Bafin). Cela devrait permettre au groupe de lever 6,3 milliards d’euros supplémentaires.
Dans un entretien au quotidien populaire allemand Bild, l’un des deux patrons de Deutsche Bank Anshu Jain explique avoir opté pour la holding du Qatar “car elle a l’intention de rester un investisseur clé de Deutsche Bank”.
– Nette hausse des fonds propres “durs” –
Le prix payé par action par le Qatar est toutefois inférieur de 5% au cours du titre de Deutsche Bank à la clôture de la Bourse de Francfort vendredi. Il tendait à s’en rapprocher lundi matin à la Bourse de Francfort, où l’action reculait de 1,92% à 30,15 euros, à 09H49 GMT.
Présentée comme un “renforcement de sa stratégie”, cette levée de fonds doit “jouer un rôle essentiel dans la capacité de Deutsche Bank à répondre aux problèmes réglementaires clés et améliorer notre préparation à d’autres défis réglementaires imprévisibles” pour l’heure, a expliqué Anshu Jain lundi, lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.
Les analystes d’ING voient dans l’annonce de Deutsche Bank “un mouvement intelligent”, de nature à apaiser les inquiétudes concernant le bilan de l’établissement, qui avait été distancé par ses principaux concurrents dans ce domaine.
à Francfort (Photo : Daniel Roland) |
La banque va porter son ratio de fonds propres “durs” (Core-Tier-1), un indicateur crucial pour mesurer sa solidité financière, à 11,8% contre 9,5% à fin mars, un chiffre qui était en repli par rapport à fin 2013, ce qui inquiétait fortement les analystes. C’est au-dessus les nouvelles normes prudentielles de Bâle III qui réclament que ce ratio soit porté à 10% d’ici 2015.
Suite à la crise financière de 2009, l’Europe a en effet nettement renforcé sa réglementation bancaire et est, par ailleurs, en train de mettre sur pied, une union bancaire, afin que les éventuelles difficultés des établissements ne puissent plus se propager à l’ensemble de l’économie. Dans son nouveau rôle de superviseur bancaire, la Banque centrale européenne (BCE) est d’ailleurs en train de passer au peigne fin les bilans des banques. Des tests de résistance vont aussi être menés avec l’Autorité bancaire européenne (EBA), afin de tester la qualité des fonds propres détenus par ces instituts financiers et leur capacité à faire face à des coups durs.
Deutsche Bank indique également vouloir utiliser l’argent frais levé pour investir “dans certaines initiatives de croissance”, comme son développement aux Etats-Unis.
S’étant débarrassée de certaines activités jugées à risque ou d’actifs périphériques à son activité, comme récemment le casino de Las Vegas The Cosmopolitan, “la banque est mieux équilibrée que jamais par le passé”, a assuré M. Jain, qui co-dirige la banque avec Jürgen Fitschen.