affaires, dans son usine de Biarrity le 30 avril 2014 (Photo : Gaizka Iroz) |
[19/05/2014 14:30:56] Genève (AFP) Connu pour ses Falcon de luxe, Dassault Aviation entend occuper désormais le terrain des jets d’affaires à très long rayon d’action pour rivaliser sur ce segment lucratif avec Gulfstream et Bombardier.
Le constructeur français a dévoilé lundi à Genève le 8X, jusqu’alors connu sous le nom de code M1000. Ce tri réacteur sera capable de parcourir 12.000 kilomètres sans escale et pourra transporter jusqu’à 19 passagers dans un luxe de service et de confort.
Avec 8 passagers et trois membres d’équipages, le 8X pourra relier sans escale Los Angeles à Pékin, Sao Paulo à Los Angeles ou New York à Tel Aviv, “des city pairs” que les autres Falcon ne peuvent pas réaliser.
Il sera en concurrence directe avec le Global 6000 du canadien Bombardier et le G550 de l’américain Gulfstream.
L’appareil, déjà en production, effectuera son vol inaugural au début de l’année prochaine. Sa certification est attendue mi-2016 pour une commercialisation fin 2016, a expliqué le PDG Eric Trappier lors d’une conférence de presse à la veille de l’ouverture du salon de l’aviation d’affaires Ebace qui se tient en Suisse de mardi à jeudi.
Il sera vendu environ 55 million de dollars. “De nombreux clients ont souhaité le commander avant même l’annonce officielle de son lancement”, a-t-il assuré sans toutefois dévoiler le nombre de contrats.
“Ce n’est pas un appareil entièrement nouveau puisque le 8X reprend la base du 7X. Mais en pratique: on a un avion plus long (un mètre supplémentaire) avec un fuselage sensiblement modifié et une nouvelle structure de voilure”, a expliqué Olivier Villa, directeur des programmes avions civils de Dassault.
Le 8X sera en outre équipé d?une version améliorée du réacteur Pratt & Whitney Canada PW307 qui motorise le Falcon 7X.
Selon Dassault, ce jet sera 35% plus éco-efficient que n?importe quel autre avion du segment ultra long-courrier.
L’avionneur estime en outre avoir des coûts opérationnels inférieurs de l’ordre de 22% par rapport à ceux du G550 et de 35% par rapport à ceux du Global 6000.
Le 8X a nécessité un investissement d’environ 500 millions d’euros, la moitié du montant de développement du 5X, un appareil totalement nouveau qui sera commercialisé en 2017.
“Lancer deux avions en moins d’un an est assez unique”, a commenté Eric Trappier. “Compte-tenu de notre gamme, on est très bien armé pour la reprise du marché”, a-t-il estimé.
L’an passé, le marché de l’aviation d’affaires a bien rebondi (+16,3% en valeur de livraisons) après une crise sans précédent, qui s’est traduite par un effondrement du secteur de 29% entre 2008 et 2012, selon le cabinet d’études américain Teal.
-Encore des incertitudes sur le marché-
Les industriels et experts du secteur estiment que l’aviation d’affaires a globalement de belles perspectives devant elle même si des aléas conjoncturels ou géopolitiques peuvent encore jouer les troubles-fêtes.
éronautique en Inde le 13 mars 2014 (Photo : Noah Seelam) |
Jean Rosanvallon, PDG de la division Falcon Jet, a ainsi souligné qu’aux Etats-Unis, l’incertitude était toujours de mise, ce qui empêchait ce marché historique de revenir à ses niveaux d’avant-crise.
Interrogé sur l’éventuel impact de la crise ukrainienne, Eric Trappier a souligné qu’il n’y en n’avait pas pour le moment. Mais “il y en aura sûrement”, a-t-il prévenu tout en soulignant sa confiance pour le marché à long terme.
D’autant que les jets haut de gamme et à long rayon d’action sont ceux qui ont le mieux résisté aux cinq années de crise. Et l’appétence pour ces jets de luxe ne se dément pas.
Gulfstream a ainsi annoncé de son côté avoir augmenté le rayon d’action de son G550 qui pourra parcourir jusqu’à 13.890 km.
“Un avion d’affaires est un avion à tout faire”, a commenté Olivier Villa. “Augmenter le rayon d’action était primordial pour assurer un certain nombre de missions entre l’Asie et l’Amérique du Nord, de même qu’entre l’Asie et l’Europe”.
Avec ce nouveau Falcon, Dassault accèdera enfin à 500 aéroports supplémentaires aux Etats-Unis, où plus de la moitié de la flotte mondiale est en service.