Elle s’affaire au sein de son foyer pour assurer le bien-être de sa famille et travaille dans les champs, jusqu’à l’endurcissement de ses mains. Tel est le quotidien de la femme rurale dans le gouvernorat du Kef, mais sans doute de la femme rurale tunisienne, une vie de don de soi à laquelle aucun changement n’a été apporté durant les décennies de l’indépendance.
La femme rurale dans la région du Kef vit dans des conditions difficiles, en dépit des programmes successifs de son intégration dans l’ensemble des projets de développement, notamment au cours de la dernière décennie.
Plus de 15 projets intégrés ont été élaborés mais n’ont eu que peu d’impact sur le mode de vie de la femme et le renforcement de son indépendance financière, en dépit de la création de petits projets à son profit, dans les domaines de l’agriculture, l’artisanat et les petits métiers. Alors que certaines femmes ont pu réaliser des projets pilotes dans les délégations de Nebr, Sers, du Kef nord et de Dahmani ce qui a permis à certaines d’entre elles d’obtenir des certificats nationaux de considération, plusieurs autres projets réalisés n’ont pas atteint le niveau escompté, d’autant que plusieurs époux au chômage ont accaparé les deniers de leurs conjointes pour les dépenser à bon et mauvais escient.
Malgré des efforts de qualité visant à promouvoir la situation économique de la femme, les études réalisées révèlent que le taux d’analphabétisme le plus important est enregistré chez la femme rurale.
Dans ce cadre, Taher Fayek, responsable chargé du programme national pour l’enseignement des adultes au Kef, a affirmé que 80% des analphabètes sont des femmes rurales. Plusieurs difficultés entravent les efforts visant l’intégration des femmes rurales, ce qui reflète, a-t-il ajouté, la difficile situation dans laquelle vit cette catégorie aux niveaux social et sanitaire, notamment, dans les régions montagneuses difficiles d’accès, malgré les programmes d’analphabétisme réalisés dans la région, depuis 2000.
Ces programmes, précise encore le responsable, ont permis de réduire le taux d’analphabétisme estimé, actuellement, à 15%.
Dans le domaine de l’éducation, les statistiques de la délégation régionale à l’éducation, révèlent que depuis la révolution, une hausse de plus de 30% a été enregistrée au niveau du taux d’interruption de la scolarité (collège) et qui concerne la femme rurale, en premier lieu, dans les délégations de Sers, Nebr et Sakiet Sidi Youssef.
Le sous-directeur chargé de la vie scolaire au sein de la délégation Nejib Ethouibri a expliqué les causes de cette interruption de la scolarité par la mentalité qui prévaut dans ces régions (Nebr et Sakiet Sidi Youssef) où les parents refusent que leur filles utilisent le transport en commun pour aller aux lycées secondaires en absence de moyens de transport publics.
Dans la délégation de Sers, le problème s’explique par la volonté des parents de préserver la pérennité de leurs activités agricoles ce qui les conduit à interrompre la scolarité de leurs progéniture (garçons et filles).
S’agissant du volet sanitaire, il n’existe pas de statistiques précises sur les soins de santé de base accordés à la femme rurale qui bénéficie du même système appliqué dans tout le pays, notamment en matière de contrôle des naissances, de grossesse et de planning familial. La gratuité des soins ne bénéficie qu’aux personnes détenant un carnet de soins obtenu auprès des autorités régionales et accordé à un nombre limité après consultation de l’assistante sociale et la réalisation d’une enquête.