ïlande, le 18 juin 2013 (Photo : Christophe Archambault) |
[20/05/2014 06:29:49] Tokyo (AFP) Les Japonais, qui ont massivement investi en Thaïlande ces dernières années pour contourner le risque chinois, s’inquiètent de l’aggravation de la crise politique dans ce pays où les constructeurs d’automobiles nippons tiennent le haut du pavé.
“Nous avons des grandes inquiétudes face à la situation en Thaïlande”, a souligné mardi le porte-parole du gouvernement nippon, Yoshihide Suga, quelques heures après l’imposition de la loi martiale par l’armée thaïlandaise après des mois de crise politique.
Et pour cause: le Japon est de loin le premier investisseur direct en Thaïlande. En 2013, les sociétés nippones y ont placé près de 6,9 milliards de dollars, plus de la moitié du total investi dans cette importante économie d’Asie du Sud-Est, d’après la banque centrale thaïlandaise. Près de 4.000 sociétés japonaises, notamment des secteurs industriels comme l’automobile ou l’électronique, sont actives dans ce pays, d’après un récent rapport du centre de recherche Teikoku Databank.
“Nous appelons encore une fois toutes les parties concernées à agir avec retenue et sans recourir à la violence” afin que les conflits internes au pays soient résolus “pacifiquement et de façon démocratique”, a insisté le porte-parole japonais, au moment où des soldats et véhicules militaires étaient déployés dans le centre de Bangkok.
Les entreprises nippones ont investi de longue date dans l’économie thaïlandaise, mais leur présence sur place s’est amplifiée depuis deux ans avec l’intensification de la crise diplomatique sino-japonaise autour d’îles de mer de Chine orientale, les Senkaku, administrées par Tokyo mais revendiquées par Pékin sous le nom de Diaoyu.
La nationalisation par le Japon, en septembre 2012, de trois de ces îlots avait entraîné de massives manifestations antinippones en Chine et ce climat avait fait plonger les ventes de produits japonais, particulièrement de voitures, dans l’Empire du milieu.
– Les constructeurs attentistes –
à Tokyo le 7 mars 2014 (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
La Thaïlande a depuis, avec d’autres pays d’Asie du Sud-Est, profité de l’ambition du Japon de ne pas mettre trop d??ufs dans son panier chinois, mais des observateurs pointent le risque de voir l’archipel chercher des solutions de substitution plus stables.
L’attitude des groupes d’automobiles japonais fortement implantés en Thaïlande est particulièrement surveillée, car ils tiennent non seulement une grande part du marché local mais exportent aussi massivement depuis ce pays vers le reste de l’Asie du Sud-Est et bien au-delà.
Interrogés par l’AFP à leur siège japonais, ils se sont toutefois montrés très peu loquaces face aux nouveaux développements sur le terrain.
Le premier constructeur mondial, Toyota, n’a ainsi fait aucun commentaire, un porte-parole expliquant simplement que le travail avait “débuté comme d’habitude” dans les trois usines Toyota en Thaïlande dans la matinée. Près de 850.000 véhicules sont sorties de ses chaînes d’assemblage dans ce pays l’année dernière.
“Nous étudions la situation”, a déclaré de son côté un porte-parole de Nissan, dont le français Renault est le premier actionnaire, sans se prononcer sur l’éventuel report de l’ouverture prévue cette année d’une nouvelle usine d’assemblage en Thaïlande – sa deuxième.
La semaine dernière, le PDG de Nissan, Carlos Ghosn, avait affirmé que cette mise en service aurait lieu comme prévu, mais la situation a radicalement changé avec l’irruption des militaires. M. Ghosn avait toutefois laissé entendre que le chaos politique thaïlandais pourrait peser sur de futures décisions d’implantation.
Chez Honda aussi, la construction d’une deuxième usine d’assemblage a débuté pour une ouverture prévue en avril 2015. “Nous surveillons la situation politique, afin de pouvoir décider si nous allons continuer ou non ce projet”, a prévenu ce porte-parole, Teruhiko Tatebe.