Les mobiles vintage, entre effet de mode et budget serré

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éléphones portables, en 1999 à Pékin (Photo : Stephen Shaver)

[16/05/2014 11:29:42] Paris (AFP) Effet de mode ou budget télécom réduit, les bons vieux téléphones portables des années 2000, indestructibles et jamais en panne de batterie, refont surface sur un marché dominé par les smartphones et la connectivité à outrance.

Le 1er avril, surfant sur cette vague, le constructeur emblématique Nokia s’est fendu d’un poisson d’avril pour annoncer le (faux) retour de son légendaire 3310, doté d’un improbable écran tactile et d’un capteur photo perfectionné.

Lancé en 2000, ce modèle de légende, qui n’est plus fabriqué depuis belle lurette, s’est vendu à plus de 125 millions d’exemplaires dans le monde.

Le 3310 tout comme d’autres “dinosaures” signent depuis plusieurs mois un retour remarqué dans les boutiques de mobiles d’occasion ou sur les sites de e-commerce, imposant leur coque massive et “low-tech” aux côtés de smartphones au design futuriste.

Ces portables rétro, sans connexion internet ni applications mobiles, ne sont plus seulement l’apanage de personnes âgées ou de consommateurs au budget télécom limité, mais ont été élevés au rang d’objets cultes par un mouvement de mode plus global.

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èles de téléphone portable de Nokia capable de se connecter à internet, photographié le 17 février 2000 (Photo : Olivier Morin)

“Il y a un effet +madeleine de Proust+ et cette sensation agréable de retrouver un objet que l’on a connu à une époque, un peu comme se payer des baskets vintage qu’on ne pouvait pas s’offrir à l’adolescence ou emmener ses enfants à un concert de Chantal Goya”, résume à l’AFP Damien Douani, expert nouvelles technologies à l’agence FaDa.

Il met aussi en avant “une logique de contre-culture en réaction à la surconnectivité de la société, la déconnexion étant la tendance du moment, avec la volonté d’un retour à l’essentiel et à un téléphone basique servant juste à téléphoner et envoyer des SMS, ce qui ne se trouve plus dans le commerce”.

Certes, il reconnaît que cette “mode” ressemble parfois à “du snobisme”, mais il veut avant tout y voir “un élément de distinction: aujourd’hui on a tous des smartphones qui se ressemblent alors qu’il y a dix ans, les marques étaient beaucoup plus créatives”.

C’est à une clientèle plutôt haut de gamme que s’adresse la marque française Lekki, fondée en 2010, et qui propose des téléphones iconiques d’occasion mais “avec batterie et chargeur neufs, et remasterisés avec une couleur tendance”.

– Des modèles à plus de 1.000 euros –

Un Motorola StarTac 130 (modèle lancé en 1998) et “repeint” en orange fluo est ainsi vendu 180 euros, tandis qu’un Ericsson A2628, couleur bouton d’or, coûte 80 euros.

“On a deux profils-types: les 25/35 ans attirés par le côté rétro et décalé d’un téléphone qui sort de l’ordinaire, et les nostalgiques qui veulent retrouver l’appareil qu’il avaient quand ils étaient plus jeunes. Certains l’utilisent en complément de leur smartphone, mais d’autres jouent la carte du vintage à 100%, lassés de la course à la technologie entre les fabricants”, explique Maxime Chanson, le fondateur de Lekki.

“Certaines personnes n’hésitent pas à mettre le prix, on a des modèles à plus de 1.000 euros. De tels prix s’expliquent par la difficulté à retrouver ces modèles, qui étaient déjà des éditions limitées à leur époque”, renchérit Djassem Haddad, fondateur du site vintagemobile.fr.

Il a créé son site en 2009 avec un collègue “à nos heures perdues” sans se douter de l’essor que prendrait ce marché de niche: depuis l’année dernière, le chiffre d’affaires de sa société qui remet à neuf des appareils d’occasion “a vraiment progressé”. Il estime avoir vendu quelque 10.000 téléphones “au total en deux-trois ans, avec une accélération depuis début 2013”.

Le “phénomène Free Mobile”, qui a entraîné l’effondrement des prix des forfaits, participe aussi du succès des modèles vintage: “la population vieillit et recherche des téléphones plus simples, tandis que d’autres consommateurs veulent un deuxième mobile mais pas cher”, explique le responsable de vintagemobile.fr.

Et ceux qui n’arriveraient pas à se désintoxiquer de leur smartphone, pourront toujours sauver les apparences avec une coque pour iPhone reproduisant fidèlement l’aspect du Nokia 3310.