à Cannes le 16 mai 2014 (Photo : Valery Hache) |
[18/05/2014 10:06:36] Cannes (AFP) Les producteurs de “Welcome to New York”, le film d’Abel Ferrara inspiré de l’affaire DSK, sauront dans quelques jours si leur expérience culottée de sortir directement l’oeuvre en France en Vidéo à la demande (Và D) a payé.
Depuis samedi soir, jour de sa première mondiale à Cannes, le film est disponible sur plusieurs plateformes internet au prix de 6,99 euros. Les premiers chiffres seront disponibles lundi soir, a dit le coproducteur Vincent Maraval, de Wild Bunch.
Le film était notamment proposé sur la plateforme Itunes de Apple, pas effarouchée par le contenu frisant le soft-porn. Le magazine Télérama renvoie aussi sur sa plateforme Filmo TV.
Les professionnels surveilleront de près cette expérience inédite en France qui met fin à la sacro-sainte “chronologie des médias”, qui veut qu’une oeuvre sorte d’abord sur grand écran puis en DVD et en Và D, avant les chaînes TV payantes puis les généralistes.
Si cette stratégie est possible, c’est notamment parce que le film n’a reçu aucun soutien financier des chaînes de télévision françaises.
Si Wild Bunch l’a choisie, c’est pour éviter la piraterie, dit Vincent Maraval.
Quoi qu’il en soit, le lancement du film a bénéficié d’un énorme “buzz”, bien plus important que s’il avait été simplement inclus dans une sélection du Festival.
Les milliers d’acheteurs, distributeurs et journalistes internationaux ont joué des coudes pour voir l’oeuvre, projetée dans un cinéma de quartier et sous une tente réservée aux VIP.
Les critiques étaient en revanche plus mitigés même si la grande majorité d’entre eux soulignaient la performance de Guillaume Depardieu, qui s’est mis à nu, au propre comme au figuré.
– Écueil judiciaire ? –
Il reste encore au film à ne pas trébucher sur un obstacle judiciaire.
L’un des avocats de Dominique Strauss-Kahn, interrogé dimanche par l’AFP, refusait de dire s’il avait visionné le film maintenant qu’il est disponible. Nul doute que l’équipe de défenseurs de DSK -et d’Anne Sinclair- y jettera un oeil attentif.
L’écrivain français Régis Jauffret en sait quelque chose. Auteur de “La Ballade de Rikers Island”, il est poursuivi en diffamation avec les éditions du Seuil pour son roman qui met en scène le dirigeant d’une institution internationale accusé de viol.
Avant les premières images, le film prévient qu’il s’agit d’une version fictionnalisée. L’histoire en effet colle au plus près du scandale qui a fait chuter il y a trois ans presque jour pour jour le patron du Fond monétaire international et favori des sondages pour la présidentielle française de 2012.
“Welcome to New York” laisse notamment clairement comprendre qu’il y a bien eu agression sexuelle d’une femme de chambre dans le grand hôtel new yorkais où le héros Devereaux est descendu.
Or, Dominique Strauss Kahn a bénéficié d’un non lieu au pénal de la part de la justice américaine.
Abel Ferrara est allé jusqu’à utiliser des vrais policiers de l’affaire jouant leur propre rôle. Il a aussi tourné dans la maison new-yorkaise où DSK résidait avec Anne Sinclair durant son assignation à domicile.
“C’est une production américaine tombant sous le coup de la loi américaine. Nos avocats ont vu le film et le scénario”, a insisté devant la presse Vincent Maraval.
Il a fait la même réponse à ceux qui l’interrogeaient à propos des accusations d’antisémitisme entourant le personnage de l’épouse du héros, interprétée par Jacqueline Bisset.
Le quotidien Le Monde a ainsi estimé que le film donnait “dans le fantasme antisémite” dans sa description de Simone Devereaux, présentée comme une femme riche, qui aide l’Etat d’Israël et a hérité d’une fortune amassée pendant la guerre.
Le film est sorti également en Và D en Espagne, pays où la piraterie est importante. Il doit être proposé bientôt en Europe sur différents supports et cet été aux Etats-Unis.