Vidéo en ligne : de nouveaux horizons pour les groupes de télévision américains

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à New York (Photo : Neilson Barnard)

[21/05/2014 10:09:01] New York (AFP) Loin de diaboliser les sites de vidéo en streaming sur internet comme Netflix, les grands groupes de télévision américains commencent à y voir un outil pour diversifier leurs recettes et leur public.

Le directeur-général de CBS, , a évoqué récemment en présentant ses résultats trimestriels “tout un nouveau monde d’acheteurs” de contenus télévisés.

CBS et plusieurs de ses concurrents voient ainsi grimper dans leurs comptes trimestriels les recettes tirées de la diffusion de leurs programmes sur les services de Netflix, Amazon ou Hulu. Tous parlent beaucoup d’opportunités de croissance sur internet.

On est passés “d’une époque où des gens nous disaient littéralement: +si vous faites des affaires avec Netflix, nous vendons vos actions+, à la compréhension que c’est une super source nouvelle de revenus”, a ajouté Leslie Moonves.

L’essor du streaming “devient de plus en plus une réalité que les groupes (de médias) adoptent, plutôt qu’une préoccupation qu’ils essayent de fuir”, indique à l’AFP Peter Wahlstrom, un analyste de la société d’investissement Morningstar.

“Ils comprennent que certaines personnes coupent le cordon (de la télévision classique) et que la durée de vie des contenus peut être plus longue s’ils choisissent de les envoyer sur des canaux de distribution supplémentaires”, explique-t-il. “En même temps, c’est encore un marché en évolution, il faut déterminer quel est le vrai prix des contenus et comment les distribuer”, d’où une approche “prudente”.

Car il ne faut pas cannibaliser les activités existantes. “Il est important que cela élargisse l’activité, ce n’est pas un produit de substitution”, résume Chase Carey, directeur d’exploitation de 21st Century Fox.

– Nouvelles recettes –

Par ailleurs, les groupes de médias profitent du développement de Netflix et ses concurrents à l’étranger, où les séries américaines sont prisées, et de leur rivalité croissante qui les pousse à vouloir des exclusivités, ce qui fait monter les enchères sur les droits de diffusion.

Cela compense le déclin des ventes de DVD et réduit la dépendance à la publicité. CBS vise par exemple plus de 50% de revenus non-publicitaires cette année, en partie grâce à la montée des recettes du streaming.

Le groupe mène notamment une expérimentation qui contribue à rendre deux séries d’été “rentables dès le premier jour” de diffusion, selon Leslie Moonves.

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érie de Steven Spielberg, Extant, le 14 mai 2014 à New York (Photo : Dave Kotinsky)

Contrairement à la pratique usuelle où les services de streaming récupèrent une saison en bloc quand elle est achevée, Amazon va ainsi proposer aux abonnés américains de son service “Prime” les épisodes d’une nouvelle série de Steven Spielberg avec l’actrice Halle Berry, “Extant”, quatre jours seulement après leur diffusion sur CBS. Le modèle avait déjà servi l’an dernier pour une autre série, “Under the Dome”.

Internet encourage globalement les groupes de télévision à intensifier leur production originale, mieux monétisable.

“Les propriétaires du contenu peuvent contrôler la distribution et ont une meilleure chance de contrôler leurs prix”, souligne Peter Wahlstrom.

– Faire monter l’audimat –

Les fonds de catalogue prennent également une nouvelle valeur en ligne: ils ne meublent plus seulement les heures creuses des chaînes mais deviennent des produits d’appel.

Amazon a décroché par exemple les droits de streaming pour des “classiques” de HBO comme “Les Sopranos” et d’anciennes saisons de séries toujours diffusées comme “True Blood” ou “Girls”. Pour Jeff Bewkes, le PDG de la maison mère de la chaîne Time Warner, c’est “un extraordinaire outil marketing” pour attirer de nouveaux abonnés.

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évrier 2014 à Los Angeles après avoir remporté le prix de la meilleure série de télévision 2014 (Photo : Charley Gallay)

Les sites de streaming permettent de promouvoir des séries en cours de diffusion et de doper l’audimat en permettant de “rattraper” les anciennes saisons. De l’aveu même de son créateur Vince Gilligan, le succès croissant au fil des ans de “Breaking Bad” (AMC) doit beaucoup à Netflix.

Internet est globalement vu comme un moyen de toucher un nouveau public, et notamment “une bonne entrée dans l’écosystème pour des consommateurs plus jeunes”, selon les mots de Jeff Bewkes.

Une logique qui pousse Viacom (MTV, Nickelodeon) à investir dans les applications pour tablettes, ou Disney à laisser l’opérateur satellitaire Dish Network inclure ses chaînes (ABC, Disney Channel) dans une future offre sur internet pour des gens n’ayant pas la télévision.