érence de presse à Paris le 21 mai 2014 (Photo : Kenzo Tribouillard) |
[21/05/2014 15:38:54] Paris (AFP) L’ancienne dirigeante d’Areva, Anne Lauvergeon, s’est dite victime mercredi “d’un certain acharnement”, après les critiques de la Cour des comptes sur la gestion du géant nucléaire français à l’époque où elle en était la présidente du directoire.
Cette gestion est par ailleurs l’objet d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet national financier (PNF) sur les conditions du rachat en 2007 de la société minière canadienne UraMin, qui a viré au désastre financier.
“Je suis obligée de constater un certain acharnement” a déclaré Anne Lauvergeon à l’occasion d’une conférence de presse conjointe avec Jean-Cyril Spinetta, ancien président du conseil de surveillance d’Areva, sans préciser de qui viendrait cet acharnement.
“Il y a eu des tas d’enquêtes sur moi. Ils n’ont rien trouvé… Et pour cause ! Je suis bêtement honnête”, a-t-elle dit. Sollicitée par l’AFP, elle a refusé de commenter l’enquête judiciaire.
La Cour des comptes a notamment critiqué dans un prérapport “la forte responsabilité de la présidente du directoire d’Areva” dans un certain nombre des difficultés du groupe, la stratégie de modèle intégré dans le nucléaire de l’uranium aux réacteurs et la hausse de sa rémunération durant son deuxième mandat.
Anne Lauvergeon s’est dite “très surprise” de la personnalisation du prérapport à son encontre, indiquant que “c’est faire fi de la réalité et de la collégialité d’Areva”, dans le processus de décision du groupe.
“On n’est absolument pas dans un système où je capte tous les pouvoirs mais au contraire dans un système de répartition des pouvoirs”, au sein du directoire du groupe a-t-elle insisté.
Concernant sa rémunération, l’ancienne dirigeante d’Areva a indiqué que “dans le système des entreprises à majorité publique du secteur concurrentiel, jusqu’en 2012 puisque de nouvelles règles ont été mises en place, j’étais la moins payée”.
– Effet Fukushima –
La Cour des comptes a pointé également “des zones obscures” dans la procédure d’acquisition du groupe minier UraMin en 2007, acheté 2,5 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) et qui ambitionnait d’exploiter des gisements d’uranium dans plusieurs pays africains.
Mais après le départ de Mme Lauvergeon, évincée avec l’aval de l’Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Areva avait divisé par cinq la valeur comptable de cette société. Le groupe avait dû inscrire dans ses comptes de 2010 et 2011 des provisions d’un montant total de près de 1,9 milliard d’euros.
D’abord 426 millions d’euros en 2010 liés à la baisse prévue des prix de l’uranium et au retard de l’exploitation de la mine de Trekkopje (Namibie), puis 1,460 milliard d’euros fin 2011. Une réévaluation due essentiellement à la crise du secteur nucléaire après la catastrophe de Fukushima, selon Anne Lauvergeon et Jean-Cyril Spinetta.
“Ne pas intégrer cet élément (Fukushima, ndlr) comme l’élément majeur qui justifie les provisions est un non sens économique absolu”, a ainsi déclaré Jean-Cyril Spinetta, qui a affiché son soutien à Anne Lauvergeon.
En mars 2012, un rapport parlementaire avait largement repris les conclusions du comité d’enquête interne d’Areva sur l’acquisition d’UraMin, qui avait estimé qu’elle n’avait pas donné lieu à des manoeuvres frauduleuses, mais avait été entachée par des “dysfonctionnements” en matière de gouvernance.
Ce rapport soulignait des “carences” tant du côté d’Areva que de l’Agence des participations de l’Etat (APE), qui défend les intérêts de l’Etat au sein de ce groupe public à 87%.
Il estimait aussi que l’acquisition s’était révélée être “un pari industriel, non illégitime pour Areva, mais trop coûteux”.
La crise financière a également joué son rôle, a expliqué Mme Lauvergeon : “Tous les gens qui ont fait des acquisitions au premier semestre 2007 (…), dans n’importe quel secteur, auraient préféré ne pas les faire”.