L’ombre des sanctions et de la récession sur le Forum économique de Saint-Pétersbourg

93ce02e90245651aa99e529469697515277a39e5.jpg
économique international organisé tous les ans par la Russie à Saint-Pétersbourg, le 22 mai 2014 (Photo : Olga Maltseva)

[22/05/2014 13:42:45] Saint-Pétersbourg (AFP) Le forum économique international organisé tous les ans par la Russie à Saint-Pétersbourg a ouvert ses portes jeudi dans la morosité, en l’absence de plusieurs patrons occidentaux et alors que l’économie russe subit les sanctions liées à la crise ukrainienne.

Cette année, près de 34 patrons de sociétés étrangères se sont rétractés et ne participent pas à cette grand-messe des affaires, selon la presse russe qui a comparé la liste initiale des participants avec la dernière version publiée sur le site officiel du forum.

Parmi eux, les PDG des banques américaines Morgan Stanley et Citigroup, de l’avionneur Boeing ou du géant allemand Siemens. D’autres entreprises telles que le pétrolier ConocoPhillips, le géant de l’aluminium Alcoa ou le spécialiste des boissons sans alcool PepsiCo sont également absentes, certaines prétextant des “raisons de calendrier”.

Le Kremlin accuse de son côté Washington d’avoir fait pression sur les grands patrons pour punir Moscou de son implication dans la crise ukrainienne.

Le quotidien américain The New York Times a révélé début mai que de hauts responsables de la Maison Blanche avaient contacté plusieurs dirigeants d’entreprises, les exhortant à ne pas se rendre dans l’ancienne capitale impériale russe.

Une porte-parole de la Maison Blanche a en outre affirmé qu’une présence des patrons américains à ce forum “enverrait un message inapproprié”.

“Ce ne sont pas des décisions prises par les sociétés, mais des mesures imposées. Le refus de participer est lié à la pression qu’elles subissent”, a lancé en début de mois le porte-parole du président russe Vladimir Poutine, Dmitri Peskov.

D’autres grands dirigeants d’entreprises ont néanmoins accepté de participer au forum. Parmi eux, les patrons des pétroliers BP et Statoil, du géant français Total ou encore du constructeur naval coréen Hyundai Heavy Industries.

Ils y côtoieront des oligarques russes tels que le milliardaire Oleg Deripaska, le baron de l’acier Vladimir Lissine ou encore Alicher Ousmanov, l’homme le plus riche de Russie.

– Une économie en récession –

Ce forum, qui en est à sa 18e édition dans la ville natale de Vladimir Poutine, a pour objectif d’attirer les investissements en Russie en réunissant l’élite du monde des affaires.

Une nécessité d’autant plus criante pour le pays, dont l’économie déjà chancelante a été durement frappée par les vagues successives de sanctions adoptées à son encontre par les Etats-Unis et l’Union européenne.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), son économie, dont la croissance a reculé de 4,3% en 2011 à 1,3% l’année dernière, est entrée en récession et ne devrait progresser que de 0,2% cette année. Le gouvernement russe est légèrement plus optimiste, tablant sur une hausse de 0,5%.

“Les investisseurs sont inquiets face à l’instabilité. (…) Notre réponse aux sanctions sera l’amélioration du climat d’investissement. Le gouvernement a pris des décisions qui vont en ce sens”, a assuré jeudi le ministre russe des Finances, Anton Silouanov.

Les fuites de capitaux ont dépassé les 50 milliards de dollars au premier trimestre, contre 62,7 milliards pour toute l’année 2013. Selon le FMI, ces sorties pourraient atteindre les 100 milliards de dollars cette année.

Même si le Premier ministre, Dmitri Medvedev a jugé mardi que la Russie était en mesure de faire face “à absolument toutes les sanctions”, le vice-Premier ministre russe Igor Chouvalov a reconnu jeudi que les sanctions occidentales avaient un impact notoire sur l’économie.

Les pressions exercées actuellement par les Etats-Unis et l’Union européenne ont pour notre économie “de graves conséquences”, a-t-il affirmé, cité par les agences de presse russes.

Le président russe, qui est attendu à Saint-Pétersbourg vendredi, peut néanmoins se targuer d’avoir obtenu, à la veille de l’ouverture du forum, la signature d’un contrat de 400 milliards de dollars sur trente ans pour des livraisons de gaz russe, qui continuent de représenter une part importante du budget de la Russie.