évrier 2012 à Pretoria (Photo : Stephane de Sakutin) |
[22/05/2014 14:28:03] Pretoria (AFP) La banque centrale sud-africaine a fortement réduit jeudi ses prévisions de croissance pour 2014, mettant notamment en cause l’impact de la longue grève qui affecte depuis quatre mois les principales mines de platine mondiales.
“En dépit d’un environnement mondial plus favorable pour la croissance, les perspectives de croissance se sont détériorées de façon marquée. Il n’y a toujours pas de fin en vue pour la grève prolongée dans le secteur du platine, dont les coûts économiques et sociaux ne cessent d’augmenter, et sont potentiellement dévastateurs”, a relevé Gill Marcus, la gouverneure de la Banque de réserve d’Afrique du Sud.
“Les secteurs minier et manufacturier se sont visiblement contractés au premier trimestre, et les problèmes d’alimentation en énergie (les entreprises ont dû réduire leur consommation pour éviter des coupures d’électricité, ndlr) ajoutent à ces faibles perspectives”, a-t-elle ajouté à l’issue d’une réunion du comité de politique monétaire de la Banque.
“Le taux de croissance du premier trimestre sera le plus faible taux de croissance trimestriel depuis la récession de 2009.”
La banque centrale ne compte plus cette année que sur une croissance de 2,1%, contre 2,6% attendus précédemment, avec une “forte chance” de nouvelle révision à la baisse.
La prévision pour 2015 reste inchangée à 3,1%, et l’activité devrait reprendre quelque peu à +3,4% en 2016, a-t-elle ajouté.
L’activité des trois premiers producteurs mondiaux de platine, Anglo American Platinum (Amplats), Impala Platinum (Implats) et Lonmin, est fortement affectée par une grève très dure qui se prolonge depuis le 23 janvier. Une énième session de négociations a été lancée cette semaine, sous l’égide du tribunal du travail de Johannesburg, mais les revendications du syndicat radical Amcu sont encore très loin des offres des employeurs.
La banque centrale sud-africaine table parallèlement sur un taux d’inflation moyen de 6,2% cette année –un pic étant attendu à 6,5% au quatrième trimestre–, avant une décrue à 5,8% en 2015 et 5,5% en 2016.
Dans ce contexte, “la politique monétaire doit répondre à un scénario de plus en plus difficile”, a relevé Gill Marcus. Relever les taux d’intérêt pour juguler l’inflation découragerait un peu plus l’activité de l’économie la plus sophistiquée d’Afrique, et les baisser aurait un effet inflationniste qui frapperait les plus pauvres.
La banque centrale sud-africaine a maintenu jeudi son taux de base inchangé à 5,50%. “Le comité (de politique monétaire) reste d’avis que nous sommes dans un cycle de hausse des taux d’intérêt”, a remarqué sa gouverneure, dont l’objectif d’inflation s’établit dans une fourchette de 3 à 6%.
L’Afrique du Sud, dont l’économie peine à décoller, aurait besoin selon la plupart des économistes d’une croissance pérenne de 6 à 7% pendant plusieurs années pour donner du travail à ses millions de chômeurs, qui représentent officiellement le quart de la population active –et beaucoup plus si on prend en compte ceux qui ont renoncé à chercher du travail.