La saga de l’OPA sur le Club Med s’enrichit d’un nouveau chapitre

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à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

[23/05/2014 12:08:49] Paris (AFP) Le clap de fin de la saga n’aura finalement pas lieu ce vendredi: l’OPA sur Club Méditerranée a été prorogée jusqu’au 6 juin, le temps que le financier italien Andrea Bonomi et ses alliés clarifient leurs intentions envers le groupe.

L’Autorité des marchés financiers (AMF) a tapé du poing sur la table, en sommant Strategic Holdings, la société du premier actionnaire du Club Med, mais aussi “toute personne agissant de concert” ou “ayant un lien quelconque d’affiliation” avec elle de s’expliquer d’ici lundi à 18H00, après des déclarations apparues comme contradictoires.

Objectif: que la partie italienne dise si oui ou non elle projette déjà une nouvelle OPA sur le groupe, alors qu’elle cherche ouvertement à faire capoter celle en cours, lancée fin 2013 par le conglomérat chinois Fosun et la société d’investissement française Ardian.

L’AMF précise qu’elle “appréciera les suites à donner” aux explications de Strategic Holdings et de ses alliés.

En cause notamment, des propos de “sources proches du dossier” affirmant jeudi au journal économique Les Echos que M. Bonomi n’excluait pas une nouvelle OPA à un prix renchéri. Car il estimerait le juste prix du Club Med “entre 21 et 25 euros” par action, et non 17,50 euros comme proposé par Fosun-Ardian.

Or Strategic Holdings a déclaré à l’AMF ne viser ni une prise de contrôle du Club Med ni un franchissement du seuil des 30% du capital qui l’obligerait légalement à lancer une OPA.

– Une “mise au point” avec sa part d’ombres –

Sans attendre la mise en demeure de l’AMF, Strategic Holdings, qui sentait la tension monter, a fait une “mise au point” dans la nuit de jeudi à vendredi, qui réitère la position déclarée à l’AMF le 20 mai. La société ajoute qu’elle ne souhaite pas non plus un retrait de la cote du titre Club Med.

Mais cette “mise au point” ne clarifie pas complètement les intentions de M. Bonomi. Elle redit en effet que des sociétés de gestion qui lui sont liées décideront des suites à donner à l’affaire en toute indépendance, dans la mesure où elles fonctionnent de manière “ségréguée du groupe”.

Pas sûr que le gendarme de la Bourse se satisfasse d’une telle déclaration.

Dans un autre volet de ce feuilleton à rebondissements, le clan Fosun-Ardian a essuyé un revers judiciaire ce même vendredi.

La justice a rejeté la demande en référé de Gaillon Invest, la structure à travers laquelle Ardian et Fosun ont lancé leur OPA. L’objectif était de contraindre la société Edizione des rois italiens du textile Benetton à apporter ses titres à l’OPA, comme promis initialement.

Alors que l’action Club Med flirtait en Bourse avec les 19 euros, les Benetton qui détiennent 2,2% du Club Med avaient subitement changé leur fusil d’épaule la semaine dernière, disant ne plus soutenir l’OPA de Fosun-Ardian.

S’il ne l’a pas condamné, le juge des référés a néanmoins évoqué un “manque de loyauté” d’Edizione.

Gaillon Invest n’a pas dit son dernier mot: la société entend “agir au fond” et réfléchit à faire appel de la décision du tribunal.

– Vers un échec de l’OPA en cours –

La suite du feuilleton n’est pas encore écrite.

L’OPA en cours, considérée par beaucoup comme peu généreuse et qui avait été retardée pendant dix mois par la guérilla judiciaire d’actionnaires minoritaires, est tout sauf assurée d’un succès.

Le seuil de réussite a été fixé à 50,01% du capital par le duo Fosun-Ardian, soutenu par le PDG du Club Med Henri Giscard d’Estaing et les manageurs du groupe.

La plupart des observateurs du dossier parient sur un échec. A fortiori si le cours en Bourse se maintient au-dessus de l’offre. Le titre Club Med cotait 19,21 euros vendredi vers 13H20.

Andrea Bonomi, qui a acheté en masse des actions Club Med ces dernières semaines et a ainsi dopé le cours, y est pour beaucoup.

Il lui aura fallu moins de deux mois pour devenir le premier actionnaire, avec près de 11% du Club Med, contre moins de 20% pour Fosun et Ardian ensemble.

Sa société Strategic Holdings a prévenu avoir 60 millions d’euros en réserve pour continuer à monter au capital du Club Med et envisage de demander un siège au conseil d’administration.