à Paris (Photo : Fred Dufour) |
[23/05/2014 15:23:41] Paris (AFP) A une semaine de l’échéance prévue, le groupe américain General Electric a fait rebondir le feuilleton autour du pôle énergie d’Alstom, en prolongeant son offre de reprise, au risque de donner le temps nécessaire à la formalisation de propositions concurrentes.
Le 23 juin: c’est la nouvelle date butoir qu’a fixée GE à Alstom pour se prononcer sur son offre, alors que le fabricant de turbines et de TGV avait initialement prévu de se décider avant le 2 juin.
Une initiative saluée tant par le ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, que par Alstom comme permettant de faciliter le dialogue avec les pouvoirs publics.
Ce nouveau délai de trois semaines a d’ailleurs été accordé par le conglomérat américain “à la demande du gouvernement français”, qui s’est posé en arbitre dans le dossier en prenant un décret élargissant à l’énergie et aux transports son droit de veto en cas de visées étrangères sur des entreprises stratégiques.
GE veut convaincre l’exécutif, soucieux de préserver l’emploi et les intérêts industriels de la France, que son offre à 12,35 milliards de dollars est meilleure que la proposition préliminaire de son rival Siemens.
L’industriel allemand, qui s’est invité dans les discussions avec le soutien de Paris et Berlin, a évalué les activités énergie d’Alstom entre 10,5 et 11 milliards d’euros, et lui a proposé de lui apporter en plus ses activités ferroviaires.
Si son offre ferme se fait attendre, le groupe munichois a assuré avoir les moyens financiers de ses ambitions malgré le lancement récent d’un plan de réorganisation.
“Si un concurrent quel qu’il soit a pensé que nous étions en ce moment si occupés par nous mêmes que nous n’étions pas capables d’agir partout et à tout moment, c’est une grande erreur”, a indiqué, dans le journal interne de l’entreprise, son patron Joe Kaeser.
Mais Arnaud Montebourg a fait savoir qu’il jugeait insuffisantes les propositions de Siemens et surtout celles de GE. Il leur a demandé davantage de garanties sur l’emploi et le devenir du pôle transport d’Alstom, qui se retrouvait seul en cas de cession de la branche Energie qui représente environ 70% du chiffre d’affaires total.
– ‘Rien n’est plié’ –
Selon une source proche du dossier, GE n’a pas l’intention de modifier son offre, mais continue de discuter avec le gouvernement sur un possible renforcement d’Alstom Transport avec la signalisation, sur le nucléaire et l’emploi.
Le conglomérat américain est en outre en discussion avec des investisseurs français, dont Areva dans le domaine de l’éolien.
Selon une autre source, une nouvelle rencontre est prévue la semaine prochaine entre M. Montebourg et le PDG de GE, Jeffrey Immelt, qui a réaffiché sa confiance dans le succès de son projet.
– Un plan “C” pour faire pression –
Alstom a lui d’ores et déjà marqué sa préférence pour l’offre américaine. Son PDG Patrick Kron a estimé devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, mardi, qu’elle constituait “une excellente option pour garantir l’avenir des activités énergie”. Il a toutefois garanti aux autres prétendants éventuels une procédure “équitable” d’examen de leur dossier.
Trop petit, Alstom ne peut pas relever, seul, les défis du secteur de l’énergie comme l’atonie du marché européen et l’accélération de la concurrence asiatique et la course à la taille, a-t-il plaidé.
Arnaud Montebourg n’est pas sur la même longueur d’ondes: il veut favoriser des alliances plutôt qu’une simple acquisition qui déboucherait sur un “dépeçage” de ce fleuron industriel.
Il l’a fait savoir devant la même commission, où il a de nouveau taclé le grand patron pour son manque de coopération avec le gouvernement, en tentant de conclure secrètement un accord avec GE. Ce que M. Kron a réfuté.
Dans le même temps, le ministre a continué de faire monter les enchères entre GE et Siemens, répétant que “rien n’est plié”.
Il a ainsi fait savoir jeudi que l’exécutif travaillait à un “plan C” pour Alstom avec des capitaux français publics ou privés. Une réponse à l’inquiétude des syndicats, qui souhaitent une entrée de l’Etat au capital pour empêcher un démantèlement du groupe.
Siemens et GE apporteront un éclairage sur leurs projets mardi, avec l’audition par la commission des Affaires économiques de leurs patrons français, Christophe de Maistre et Clara Gaymard.