Il
faut repenser le tourisme, estime Ali Gannoun, professeur à l’Université de
Montpellier. «Le tourisme de masse ou “boudourou” n’apporte plus grand-chose. Il
faut donc que le tourisme tunisien fasse sa révolution».
Mais il n’y a pas que le tourisme qui doit faire sa révolution, ce sont tous les
autres secteurs d’activités économiques qui doivent se soulever pour sauver ce
qui reste à sauver de la Tunisie.
Pour Ali Gannoun, il faut commencer par nettoyer le domaine des intrus -redonner
vie et importance aux écoles hôtelières, professionnaliser les accueils dans les
hôtels, remettre à l’ordre du jour le tourisme culturel en rendant plus
attrayant tous les sites archéologiques à travers la Tunisie, moderniser les
stations thermales (Korbos, Hammam Bourguiba, Zaghouan…) et diversifier les
produits touristiques.
Tout un programme. Sauf que la ministre du Tourisme, qui crie haut et fort sa
volonté de métamorphoser le tourisme tunisien pour le rendre plus attrayant,
n’arrive même pas à convaincre ou à faire en sorte que les autorités locales
dans toutes les régions, sites touristiques compris, soignent l’environnement
physique et naturel. Elle n’y a pas réussi, même en injectant une partie du
budget promotionnel de son ministère dans les programmes de préservation de
l’environnement.
A Djerba, elle fut accostée par un insulaire médecin de son état qui dénonçait
haut et fort la dégradation de l’environnement physique et naturel de l’île des
Lotophages. En fait, cette dégradation touche tous les coins et recoins de la
Tunisie. Nous sommes égaux devant la saleté!
A Tunis, le maire est complètement absent, l’environnement est le dernier de ses
soucis…
Le maire de Tunis dort dans un sommeil profond, ceux du Grand Tunisie également,
et face à cela, les ministres qui ont de la bonne volonté et veulent faire
bouger les choses sont impuissants! Ils sont complètement absents,
l’environnement est le dernier de leurs soucis…Le cimetière d’El Djellaz à Tunis
et les autres, je suppose, font peine à voir tant ils sont complètement
délaissés et négligés. Même les morts dans leur sommeil éternel ne sont plus
révérés dans ce pays. Ils sont aussi malmenés que les survivants. D’ailleurs à
quoi ces maires occupent-t-ils leurs temps? Le Chef du Gouvernement devrait-il
faire également des visites surprises dans les cimetières parce qu’il a hérité
de bras cassés dans toutes les administrations tunisiennes?
Ailleurs dans les autres départements ministériels, nous attendons des «choses»
que nous n’arrivons plus à définir tant ce qui doit être fait est colossal.
Toutefois ce que le peuple perçoit est que certains ministères bougent, d’autres
non.
Ce qui se trame dans les couloirs du ministère de l’Intérieur est devenu un
secret de polichinelle pour les simples mortels que nous sommes. Des guerres de
clans pour divers intérêts dont les conséquences risquent d’être très graves
pour le pays. Ceux qui veulent assurer leur rôle comme il se doit sont
marginalisés par ceux qui veulent préserver leurs tous petits, tous petits
intérêts. Miskina Tounes!
Dans celui de la Justice, rien ne bouge. Pas de nouvelles nominations, pas de
changements notables. C’est un ministère géré par Noureddine El Bhiri, sa
présence physique en moins. Bruits de couloirs ou racontars de mégères? Toujours
est-il que les choses ne bougent pas dans la meilleure des directions. Il y
aurait même, selon, e certains hauts fonctionnaires dont les mandats ont été
rallongés par El Bhiri, pour des raisons évidentes, qui lui rendraient compte
régulièrement de ce qui se trame ou ce qui ne se trame pas dans le ministère, à
lui, le justicier d’Ennahdha…
Il n’y a plus de respect des chaînes de commandement en Tunisie. Le passage de
la Troïka a fait son œuvre. La discipline, le respect de la valeur travail, du
secret professionnel, de l’obligation de réserve pour les fonctionnaires de
l’Etat, de l’importance de la productivité et du respect de la dimension de
l’Etat ont disparu du lexique des Tunisiens, toutes catégories
socioprofessionnelles confondues. C’est un travail de titan qui attend Mehdi
Jomaâ et son gouvernement. Rien ne va et ce ne sont pas les nombreux ignares
limités et intéressés de la constituante qui lui faciliteront la tâche. Une
constituante qui a perdu sa légitimité et qui continue à agir en maîtresse de la
Tunisie!
A trop brandir le drapeau de la dignité, c’est la Tunisie qui en perd…
Osez vous adresser à un agent municipal pour lui dire de bien faire son travail
et vous aurez une réponse cinglante: «Mêlez-vous de ce qui vous regarde, nous
nous sommes révoltés pour la dignité et vous nous humiliez!».
Des décisions économiques courageuses? On en prend peut-être mais cela ne se
traduit pas en actes concrets sur le terrain. Alors qu’être un gouvernement de
compétences issu du dialogue national et non élu devrait donner des ailes à
Mehdi Jomaâ et ses ministres.
Ils peuvent oser. Eux qui ne sont pas soumis à un calendrier électoral ou à un
agenda politique ont un seul maître : le temps. Un temps qui leur est compté et
qui coûte cher à la Tunisie au vu de ce qui se passe sur la scène géopolitique
mais aussi à l’échelle nationale. Car dans les régions, le calme n’est pas
encore revenu. Oui il y a de la manipulation, mais pire encore, c’est
l’attentisme et l’absence de l’autorité de la loi. Interprétée par nombre de
Tunisiens comme un signe de faiblesse du pouvoir central. Œuvrer pour améliorer
le climat social, c’est une tâche évidente pour un gouvernement, mais ne pas
appliquer la loi sur ceux qui sont en train de mettre en lambeaux le tissu
économique est impardonnable. A trop brandir le drapeau de la dignité, c’est la
Tunisie qui en perd…Les syndicats, les partis qui se respectent et aiment
sincèrement leurs pays ainsi que les ONG devraient oeuvrer également à défendre
les acquis de la Tunisie à l’échelle économique.
Grands temps de faire comparaître les destructeurs du tissu économique devant
les tribunaux
Il faudrait peut-être penser sérieusement à juger les grévistes sauvages, les
coupeurs de routes et ceux qui bloquent les portes des centres de production
sous différents prétextes -parce qu’ils en ont- car ils menacent la sécurité
économique de la Tunisie. Grands temps de faire comparaître les destructeurs du
tissu économique devant les tribunaux!
La Tunisie, a besoin de décisions courageuses pour rétablir la confiance à
l’international et celle de ses propres citoyens. Elle a besoin de voir qu’on a
rompu avec les pratiques du passé. Pour ce, il faut délier les bras des
décideurs au gouvernement.
La Corruption reste la même car à trop focaliser sur les prétendus dépassements
du passé, on oublie ce qui a été perpétré ces 4 dernières années. Pire on laisse
le champs libre aux deuxièmes et troisièmes rangs des corrompus potentiels. Pour
preuve, deux exemples cités tout récemment sur la presse et repris par les
internautes: celui d’un agent de la STEG de Zarzis qui s’empare de 250.000
dinars tunisiens et quitte le pays, et celui des deux agents de la production
d’une émission charité de Wataniya 2 pris en flagrant délit de négociation de
partage 50/50 avec le bénéficiaire des dons. Sans oublier les autres formes de
corruption habillés de légalité tels les congés de longue durée pris par des
milliers de fonctionnaires de l’Etat qui travaillent ailleurs. Alors que les
chômeurs remplissent les rues, ces derniers travaillent ailleurs et gardent
leurs salaires!
On ne change pas les hommes, ils sont ce qu’ils sont avec leurs défauts et
qualités, leurs vices et leurs ambitions démesurées, on applique les lois et on
renforce les institutions en mettant les personnes qu’il faut aux places qu’il
faut et surtout en instaurant la suprématie de la loi.
La Tunisie et les Tunisiens attendent beaucoup du gouvernement Jomaâ. Ils
attendent surtout que les choses bougent dans le sens de servir au mieux les
intérêts de la nation. Qu’il s’agisse du sécuritaire, de l’économique ou du
social.
A quand les décisions révolutionnaires? Car à trop faire attendre les gens,
ceux-ci sont capables d’actes désespérés. Nous y perdrons tous au change. Nous
qui avons défendu l’idée d’un gouvernement de compétences et ceux qui font tout
aujourd’hui pour le faire tomber.
Pendant ce temps, les petits calculs mesquins entre partis mal intentionnés
continuent.
Ainsi et quoique puisse dire ou déclarer un Béji Caïd Essebsi, nous ne pourrons
pas le croire sur parole lorsqu’il assure qu’il n’a pas fait de marché avec
Ghannouchi pour maintenir une bipolarisation au pouvoir des deux partis
prétendument les plus forts.
Selon certains bruits, Sakhr El Matri, enfant chéri de Rached El Ghannouchi,
ferait même partie de la combine. Et pourtant, l’islam politique est en train de
tomber partout dans notre région y compris chez notre proche voisin: la Libye.
A trop calculer, on devient victime de ses propres calculs. Tant pis pour ceux
qui le font. Mais pourquoi un Mehdi Jomaâ, une Amel Karboul, un Kamel Bennaceur,
un Hédi larbi, un Ridha Sfar, un Hafedh Ben Salah et autres doivent-ils essuyer
les échecs des gouvernements précédents et les calculs néfastes de leaders
politiques?