à Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
[26/05/2014 19:28:51] Paris (AFP) Fermement décidé à faire capoter l’OPA lancée par le Chinois Fosun et le Français Ardian sur le Club Méditerranée, le financier italien Andrea Bonomi a été contraint lundi soir d’abattre une partie de ses cartes en envisageant ouvertement une contre-OPA.
Un fonds lié au financier milanais, Investindustrial, a annoncé qu’il “examinait l’éventuel lancement d’une offre publique sur le Club Méditerranée”, dans une déclaration faite en réponse à une injonction de l’Autorité des marchés financiers (AMF).
Cette décision a été prise pour “éviter le risque d’être ultérieurement interdit de pouvoir réaliser une offre”, a-t-il précisé.
Dans un communiqué distinct, la société Strategic Holdings de M. Bonomi, devenue en moins de deux mois le premier actionnaire du Club Med avec plus de 10% du capital, a précisé qu’elle “pourrait envisager de s’associer à Investindustrial”, comme partenaire minoritaire, pour monter une telle offre publique d’achat.
Vendredi, l’AMF avait prorogé de deux semaines la clôture de l’OPA lancée il y a un an par le conglomérat chinois Fosun et la société d’investissement française Ardian et soutenue par le management du Club Med, sommant le camp Bonomi de clarifier ses intentions d’ici lundi 18H00.
Elle réagissait à la fièvre acheteuse de Strategic Holdings ces dernières semaines sur les titres du Club Med et surtout à des propos contradictoires apparemment tenus par le camp Bonomi, qui niaient ou évoquaient selon les cas une possible nouvelle OPA.
L’AMF avait ainsi usé d’un dispositif anti-rumeurs prévu depuis 2006 par l’article 223-32 de son règlement général, un peu comparable au “put up or shut up” utilisé en Grande-Bretagne.
Après avoir “pris acte” des déclarations faites lundi soir, le gendarme de la Bourse a indiqué que son collège se prononcerait mardi “sur les conséquences à en tirer, notamment la date limite à laquelle Investindustrial et, le cas échéant, Strategic Holdings devraient communiquer sur le dépôt d’une offre”.
éditerranée (Photo : Stephane de Sakutin) |
Le collège de l’AMF “se prononcera aussi sur les conséquences de ces communications sur le calendrier de l’offre en cours”, qui est censé se clore le 6 juin.
Gaillon Invest, la société initiatrice de l’OPA de Fosun et Ardian, a elle aussi “pris connaissance” de ces déclarations et attend de “connaître la position de l’AMF”, a-t-elle dit à l’AFP.
– Un prix “nécessairement supérieur” –
Investindustrial Development SA a assuré qu’à l’origine il “n’était pas prêt à envisager une offre dans le contexte d’une opération en cours ayant reçu le soutien de la direction et du conseil d’administration du Club Méditerranée et sans connaître la position des actionnaires clé de la société”.
Mais “la décision de l’AMF d’appliquer l’article 223-32 a modifié de manière substantielle la situation”, a affirmé Investindustrial et l’a “contraint à décider d’engager les moyens nécessaires au lancement d’une éventuelle offre publique sur Club Méditerranée afin d’éviter le risque d’être ultérieurement interdit de pouvoir réaliser une offre”.
Une formulation assez absconse, décodée pour l’AFP par une source proche du camp Bonomi: “la décision de déposer une offre n’est pas prise. Investindustrial veut voir les chiffres (du Club Med) d’abord et décider ensuite. Si, à l’issue des due diligences, il décide de déposer une offre, il espère être en mesure de résoudre la situation de manière amicale”.
De fait, si tant est qu’il lance une OPA, Investindustrial a effectivement indiqué que son dépôt serait “conditionné par la recommandation favorable du Conseil d’administration de Club Méditerranée”.
Le fonds précise d’ailleurs qu’il “s’attend à obtenir” un tel appui “au regard du prix qui serait nécessairement supérieur à celui de l’offre en cours et bénéficierait à tous les actionnaires”.
L’offre d’Ardian et Fosun propose 17,50 euros par action. M. Bonomi jugerait le titre Club Med à son juste prix entre 21 et 25 euros, d’après Les Echos.
En tout état de cause, le dossier est loin d’être clos. Investindustrial estime qu’il lui faudra “cinq semaines de travail à compter de l’accès à l’ensemble des informations de due diligences mises à jour pour être en mesure de confirmer le dépôt de l’offre publique éventuelle”.