économie Paul Krugman le 13 octobre 2008 à Princeton (Photo : Jeff Zelevansky) |
[27/05/2014 11:29:16] Lisbonne (AFP) Le prix Nobel d’Economie Paul Krugman a pris mardi le contre-pied du sacro-saint objectif d’inflation de la Banque centrale européenne (BCE), légèrement inférieur à 2%, en estimant qu’il fallait relever cette cible afin de restaurer la compétitivité en zone euro.
“Si l’objectif de 2% était défendable dans les années 90, le monde a changé et l’Europe court désormais un grand risque de tomber dans le piège d’une inflation basse, voire la déflation”, a-t-il déclaré lors d’un forum sur la politique monétaire organisé par la BCE à Sintra près de Lisbonne.
L’inflation est très molle en zone euro depuis plusieurs mois, tout comme la croissance, un cocktail jugé dangereux par de nombreux économistes qui craignent une déflation, une baisse prolongée des prix et salaires susceptible de paralyser l’activité.
La BCE s’est déclarée prête à agir pour contrer ce risque et pourrait recourir à une baisse des taux ou de nouveaux prêts à très long terme aux banques (LTRO) afin de les pousser à prêter davantage aux entreprises.
Mais “il n’y a pas de débat sur notre objectif, qui est de faire remonter à moyen terme l’inflation vers 2%, conformément à notre mandat”, avait tranché lundi le président de la BCE, Mario Draghi.
ège de la Banque centrale européenne à Frankfort, en Allemagne, le 26 mai 2014 (Photo : Daniel Roland) |
“Quand l’inflation est basse, il est beaucoup plus difficile de diminuer les salaires” et rendre ainsi l’économie des pays vulnérables de la zone euro plus compétitive en obtenant une “dévaluation interne” faute de pouvoir dévaluer l’euro, a fait valoir M. Krugman.
D’où la nécessité de se fixer “une cible d’inflation relativement élevée qui pourrait faire office d’assurance pour se prémunir contre” le risque de la désinflation, a-t-il insisté.
La proposition de relever l’objectif d’inflation est toutefois “accueillie avec beaucoup de scepticisme par les banquiers centraux” qui refusent de changer de cible car ils “craignent pour leur crédibilité”, a relevé M. Krugman.
En premier lieu, une telle éventualité se heurterait sans doute en zone euro à la banque centrale allemande, la Bundesbank, allergique à une inflation trop importante en raison du traumatisme de l?hyperinflation en Allemagne dans les années 1920.