ût 2013 sur une chaîne de production à Castelnaudary (Photo : Remy Gabalda) |
[27/05/2014 11:50:05] Toulouse (AFP) Un an après avoir survécu au scandale de la viande de cheval, l’ex-société Spanghero de Castelnaudary (Aude) se bat pour poursuivre son activité. Son patron a indiqué mardi qu’il allait déposer le bilan avec l’espoir de trouver un repreneur et de sauver ses 100 emplois.
La Lauragaise, nouveau nom de l’entreprise, connaît de grosses difficultés de trésorerie à cause du refus des banques d’accompagner le redressement de la société de confection de plats cuisinés et de transformation de viande, a expliqué à l’AFP l’ancien rugbyman et homme d’affaires Laurent Spanghero, qui avait repris en juillet 2013 l’entreprise qu’il avait créée en 1970.
L’entreprise a aussi été lâchée par la grande distribution, dit l’ancien avocat de M. Spanghero, Me Christophe Lèguevaques.
“Je vais demander au tribunal de commerce de Carcassonne l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire avec continuation de l’activité”, a annoncé M. Spanghero, 74 ans.
Et d’ajouter clairement: “L’avenir, c’est que nous ayons un repreneur à nos côtés”.
Le tribunal peut décider le placement en redressement judiciaire ou la liquidation pure et simple. Dans la première hypothèse, une période d’observation s’ouvrira, au cours de laquelle pourra être élaboré un plan de redressement ou un plan de cession à un repreneur.
Sans vouloir les nommer, le patron dit avoir “trouvé deux candidats à la reprise, des Français, des partenaires solides, mais qui mettent des conditions pour un problème de crédit-bail”.
à Casternaudary le 10 septembre 2013 (Photo : Remy Gabalda) |
La reprise de la société en 2013 avait fait l’objet d’un financement par une opération de crédit-bail calculée à partir d’un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros, précise-t-il. “Mais aujourd’hui on réalise un chiffre d’affaires bien inférieur et ce loyer est insupportable pour l’entreprise actuelle”.
Pointant des “banquiers aux abonnés absents”, il constate: “les PME françaises ne sont pas trop aidées par les services bancaires. Et quand on est fragile, c’est encore pire!”.
Fragile, la société le reste, un an et demi après le scandale de la viande de cheval vendue pour du boeuf.
– Défaillance de la grande distribution –
La société Spanghero – qui faisait alors partie du groupe Lur Berri, l’un des trois grands de l’agroalimentaire du Sud-Ouest – avait été accusée d’avoir trompé ses clients en revendant sciemment de la viande chevaline pour du boeuf. La viande avait servi à la préparation de millions de plats cuisinés, comme des lasagnes, pour des marques comme Findus ou la grande distribution.
Deux anciens dirigeants de Spanghero, Jacques Poujol et Patrice Monguillon, ont été mis en examen en septembre 2013 par des juges parisiens, notamment pour escroquerie en bande organisée. Un trader néerlandais, Jan Fasen, a, à son tour, été mis en examen en avril sous la même qualification.
Aujourd’hui, la direction de La Lauragaise n’a plus rien à voir avec celle de Spanghero, mais elle a dû traîner le scandale comme un boulet.
En juillet 2013, au moment de la reprise, “la clientèle avait totalement disparu”, rappelle M. Spanghero. Il évoque aujourd’hui un “carnet de commandes correct” et souligne que l’entreprise est “restructurée”.
ût 2013 à Castelnaudary (Photo : Remy Gabalda) |
“Tous les plats cuisinés sortis de l’usine depuis la reprise en juillet 2013 sont des produits plus que sûrs”, insiste l’ancien avocat de M. Spanghero, Me Lèguevaques, joint par l’AFP.
Mais, remarque l’avocat, “la grande distribution n’a pas joué le jeu, notamment Lidl qui avait promis devant le tribunal de passer des commandes et n’en a passé aucune. Au moins un tiers du chiffre d’affaires n’est pas au rendez-vous parce que Lidl n’a pas tenu sa promesse”.
Me Lèguevaques rend un hommage appuyé à M. Spanghero, “un patron à 130% qui était à l’usine très tôt et très tard, a mobilisé des capitaux importants à titre personnel, remobilisé les équipes assommées par le scandale et joué en même temps le rôle de commercial”. “Son projet, courageux, repose sur des bases solides”, plaide-t-il.
“L’aventure est difficile”, convient le patron lui-même. Mais, dit-il, “je continue à garder l’espoir qu’on sauvera l’entreprise et ses 100 emplois”.