Euronext en piste pour voler à nouveau de ses propres ailes

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és au bureau NYSE Euronext à Paris le 24 mai 2011 (Photo : Eric Piermont)

[27/05/2014 17:50:37] Paris (AFP) Euronext, gestionnaire de la Bourse de Paris, est désormais en piste pour voler à nouveau de ses propres ailes après le lancement mardi du processus de son entrée en Bourse par son propriétaire actuel, l’opérateur boursier américain InterContinentalExchange (ICE).

Pour recouvrer son indépendance perdue il y a 7 ans, Euronext, qui gère également les Bourses de Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne, sera épaulé par un noyau dur d’actionnaires, détenant environ 33% du capital, engagé pour trois ans minimum à ses côtés.

“Cette annonce est une très bonne nouvelle pour nous, cela donne le coup d’envoi de la troisième et dernière phase de la création d’Euronext en tant que groupe indépendant”, a déclaré le directeur général d’Euronext, Dominique Cerutti, lors d’une conférence téléphonique.

Avec cette introduction en Bourse, “nous allons repositionner, optimiser et développer nos activités” de façon à “affirmer notre position de groupe leader sur le marché des levées de capitaux en Europe”, a-t-il ajouté.

Il s’est félicité de l’engagement d’investisseurs institutionnels européens qui “constituent un excellent reflet de notre modèle fédéral”.

Côté français, les banques BNP Paribas (et sa filiale belge Fortis) et Société Générale, ainsi que la Caisse des dépôts (CDC) et sa filiale Bpifrance, bras financier de l’Etat, se sont finalement laissées convaincre de rejoindre le montage, pour des montants non précisés.

Les sociétés portugaises Banco Espirito Santo et BPI Vida e Pensões, néerlandaises ABN Amro et ASR Nederland, ainsi que la holding publique belge SFPI rejoindront également ce noyau dur. Par contre, la banque néerlandaise ING qui avait déclaré son intention d’entrer au capital ne figure pas sur la liste.

C’est “un signal fort pour le marché” et “une grande marque de confiance dont nous sommes ravis”, a salué M. Cerutti, en ajoutant que l’implication de ces grands acteurs visait à assurer à Euronext “un noyau dur d’actionnaires stables et impliqués”.

Interrogés par l’AFP, Société Générale et BNP Paribas n’ont pas souhaité faire de commentaires.

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és européennes regroupées dans la société Euronext (Photo : Eric Piermont)

Euronext “joue un rôle clé dans le financement des entreprises françaises et européennes”, a affirmé le ministre des Finances, Michel Sapin en se félicitant tout particulièrement de “la présence d?un groupe stable d?actionnaires de référence” qui constitue “un atout majeur pour le développement dans la durée de la Place de Paris et d’Euronext, au service du financement de l?économie, au c?ur de la zone euro”.

– Résultat net en hausse –

“La France est un marché important pour Euronext, et réciproquement, l’existence d?un opérateur dynamique est importante pour une place financière. Autant de raisons qui motivent pleinement notre implication”, a déclaré pour sa part le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq.

M. Cerutti n’a pas souhaité, à ce stade, donner d’éléments sur la valorisation, la fourchette de prix des actions ou le calendrier précis de l’opération qui intervient dans une période faste pour les entrées en Bourse. Ces informations figureront dans le document légal, appelé “prospectus”, qui sera remis au gendarme boursier des Pays-Bas, puisque Euronext est une société de droit néerlandais.

Le feu vert du régulateur néerlandais, qui marquera le démarrage du processus légal et concret d’introduction en Bourse, est attendu “dans les semaines à venir”, a-t-il affirmé.

M. Cerutti a néanmoins insisté sur les bonnes performances d’Euronext au premier trimestre 2014, avec une progression de “7% des résultats nets”.

Les résultats au premier trimestre d’ICE ont fait aussi apparaître un chiffre d’affaire pour Euronext de 500 millions de dollars, avec une marge opérationnelle au-dessus de 40% en considérant le groupe de façon totalement indépendante par rapport à ICE, soit le signe d’une bonne rentabilité.

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

C’est en tombant dans l’escarcelle de l’opérateur boursier NYSE, le gestionnaire de la Bourse de New York, en 2007, que les places européennes regroupées au sein d’Euronext avaient perdu leur indépendance.

En 2013, le nouveau groupe NYSE Euronext avait lui-même été racheté par ICE qui avait aussitôt annoncé son intention de se défaire des activités d’Euronext, car seuls les États-Unis et la Grande-Bretagne l’intéressaient.

Euronext sera initialement cotée sur les Bourses de Paris, Bruxelles et Amsterdam, dont elle est le gestionnaire. Elle le sera aussi ultérieurement à Lisbonne, avant le quatrième trimestre.

Le périmètre mis en Bourse correspond à celui de l’ancienne société Euronext avant son rachat par NYSE, amputée du marché à terme londonien Liffe.

L’opération a été compliquée par la volonté des pouvoirs publics de doter la future société indépendante Euronext d’un actionnariat stable.

La composition de ce noyau dur d’actionnaires a donné lieu à d’importants tiraillements entre les gouvernements et les banques, irritées par l’instauration d’une taxe européennes sur les transactions financières susceptible d’affecter l’activité et la rentabilité futures d’Euronext.

Ce “remodelage” passera “par des transformations opérationnelles et des réductions de coût”, a également prévenu M. Cerutti, sans donner plus de précisions.