Depuis longtemps établi, le diagnostic est malheureusement définitivement confirmé: l’Union du Maghreb Arabe (UMA) est –fort probablement- morte et quasiment rien ne pourra lui donner ne serait-ce qu’un soupçon de vie. En effet, le 2 avril dernier, 20 ans se sont écoulés depuis le dernier sommet des chefs d’Etat maghrébins. Certes, les différents conseils ministériels ont continué à se réunir de temps à autre –celui des ministres des Affaires étrangères s’est tenu début mai 2014 à Rabat pour essayer de s’accorder sur une stratégie de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme qui menacent la région. Mais sans impact réel sur la vie des Maghrébins.
Aux commandes du secrétariat général de l’UMA depuis un peu plus de huit années –il a été nommé à ce poste le 1er février 2006-, Habib Ben Yahia est à la fois la victime et l’illustration de cet état comateux de l’UMA. Bien qu’il essaie de se démener dans tous les sens pour faire bouger la «chose» maghrébine», l’ancien ministre des Affaires étrangères n’y arrive pas.
Lundi 19 mai, du haut de la tribune de la Conférence maghrébine sur l’économie de la logistique (19-20 mai, Tunis), organisée par le ministère du Transport tunisien, le secrétariat général de l’UMA et l’UTICA, il a offert un spectacle désolant d’impuissance.
Prenant la parole en ouverture de cette conférence, M. Ben Yahia a, sans le vouloir, illustré l’impuissance d’un ensemble qui, même lorsqu’il réussit à se réunir, se borne à produire des discours et des projets condamnés à rester lettre morte.
Après avoir rappelé que le conseil des ministres du Transport maghrébins, lors de leur dernière réunion à Nouakchott en mars 2013, recommandé de «faciliter le déplacement des personnes et d’augmenter le volume des échanges» entre les cinq pays membres de l’UMA, puis, lors de la session suivante au Maroc, ont réaffirmé, «en raison de l’importance de la logistique», «la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des programmes maghrébins dans le domaine du transport, des routes et du chemin de fer», puis créé une «Commission de coopération dans les services logistiques».
Lors de sa première réunion (27-28 novembre 2013), cette commission a appelé les pays de l’UMA à arrêter une stratégie de développement du secteur de la logistique, bâtir des zones logistiques dans les zones frontalières et à créer pour cela un fonds d’investissement commun, à élaborer des programmes de formation des intervenants dans ce domaine, etc. Un appel qui pourrait rester sans lendemain. Car les pays de l’UMA n’ont plus conclu la moindre convention –après en avoir produit 29 entre 1991 et 1998- depuis seize ans.