«Comment pourrais-je assumer la responsabilité d’un secteur censé préserver le patrimoine historique et civilisationnel aussi riche que celui de la Tunisie et le transmettre en bon état aux futures générations sans avoir suffisamment de moyens? Notre patrimoine est pillé quotidiennement, nous ne pouvons même pas doter les maisons de Culture des commodités de base, tels la climatisation ou le chauffage pour offrir à ceux qui les fréquentent le cadre idoine à l’exercice de leurs activités éducatives et de loisirs». C’est ce qu’a déclaré Mourad Sakli, ministre de la Culture, à WMC lors d’une interview dont nous publierons très prochainement la teneur.
Le ministre milite aujourd’hui pour introduire dans la loi complémentaire des Finances des articles qui faciliteraient la tâche des opérateurs privés intéressés par des projets culturels.
Outre le fait d’exempter des impôts les dons offerts par les mécènes aux projets culturels, Mourad Sakli veut aller plus loin. Il tient à sauver les monuments culturels et historiques en état de délabrement sur tout le territoire national en les cédant sous formes de concessions sur 25 à 35 ans à des privés. Ces derniers se chargeront de les réhabiliter, d’en faire des produits qui pourraient se vendre sur le marché touristique et dynamiser l’industrie de la culture à l’échelle nationale. «Tout cela se fera sous la supervision de l’Institut national du patrimoine, pour qu’il n’y ait pas d’abus. Tout comme nous veillerons à ce que le mécénat culturel ou l’investissement dans la culture ne soit pas un moyen pour l’évasion fiscale».
Le ministre a également tenu à préciser que se lancer dans l’industrie culturelle implique une restructuration profonde du ministère de la Culture et des établissements sous sa tutelle. «Nous nous engageons à remettre sur pied la Troupe d’Arts populaires de Tunisie, organiser chaque année les festivals de Musique, de Cinéma et de Théâtre de Carthage. Nous veillerons également à associer les organisations de la société civile et les privés à nos activités pour que la culture soit perçue comme une donne importante de l’équilibre socioéconomique du pays et un secteur stratégique».