«Environ une trentaine d’entreprises tunisiennes confisquées, et mises sous la tutelle d’Al Karama Holding, seront cédées au secteur privé, et ce sur un total de 58 entreprises gérées par Al Karama», a relevé le directeur général de ce consortium, Mohamed Ali Chekir.
Dans une interview, accordée à l’agence TAP, Chekir a précisé que l’opération de cession sera effectuée au cours des années 2014 et 2015, faisant remarquer que 36 entreprises confisquées viennent s’ajouter aux 22 sociétés composant le groupe Al Karama Holding, plus connu sous la dénomination de Princesse Holding, anciennement détenu par le gendre du président déchu Sakhr El Materi.
Parmi ces 36 entreprises, Chekir a cité Carthage Cement, Stafim Peugeot, Maghreb Participation Holding, Investec, Havas Tunisie, Nouvelair et Alpha Group….
Evoquant les cessions prévues pour l’année 2014, Chekir a précisé qu’Al Karama Holding a programmé, en plus de la cession de la totalité des actions d’Ennakl Véhicule Industries (EVI), le lancement des appels d’offres pour la vente des actions d’Alpha Ford (100%) qui aura lieu mi-juin, Alpha Hyundai (100%), prévue pour juillet, outre la participation dans le capital d’Ooredoo (10%) qui sera levée sur le marché financier à la fin du mois de septembre 2014.
Et d’ajouter que l’ensemble de ces cessions tablent sur la réalisation de revenus estimés à 450 Millions de dinars, y compris la valeur de cession d’Ennakl Véhicule Industries (EVI) qui s’élève à 43 MDT. Il a ajouté, à ce titre, que le processus de cession d’EVI devra s’achever le 13 juin 2014.
Dans ce contexte, Chekir a rappelé qu’une seule candidature, à savoir celle du consortium dirigé par la société UADH (groupe Loukil) a été reçue le 12 mai 2014, après l’appel d’offres (AO) relancé le 25 avril 2014 pour la cession de la totalité des actions de la société EVI, à un prix minimum de transactions fixé à 43 MDT. Il y a lieu de rappeler que l’ETAT tunisien a décidé, à travers Al Karama Holding, de relancer l’AO en vue de la cession de la totalité des actions d’EVI pour insuffisance des prix en date du 22 novembre 2013, sachant que les prix proposés par les soumissionnaires ont oscillé entre 30 MDT et 35 MDT, selon le DG d’Al Karama Holding.
550 MDT dans trésorerie de l’Etat…
Depuis juin 2012, date de création d’Al Karama Holding, 4 sociétés confisquées ont été cédées. Il s’agit de KIA (66,7% en 2012 et 30% en 2013), opération lancée sur le marché financier), TUNISIANA (15%), Stafim Peugeot (66%) et Ennakl Volkswagen (60%). Ces sessions ont rapporté un montant net de 550 MDT remis à la trésorerie de l’Etat, et ce après déduction des dettes des banques, estimées à 561 MDT (la valeur brute de cession est de 1,111 MDT ).
En ce qui concerne la cession des participations dans le capital de Carthage Cement, Chekir a estimé que le lancement de l’appel d’offres aura lieu probablement au 4ème trimestre 2014 ou au début de l’année 2015.
D’après le directeur général d’Al Karama Holding, les sociétés confisquées devront être retournées au secteur privé car l’Etat n’a pas les moyens de les gérer dans de bonnes conditions. Environ 650 sociétés appartenant à des proches du président déchu sont partiellement ou totalement confisquées et ce, de manière directe ou indirecte, en plus de 526 biens fonciers enregistrés et non enregistrés.
Réalités différentes…
Interrogé sur la situation économique et financière des entreprises confisquées et gérées par Al Karama Holding, Chekir a précisé que la situation diffère d’une société à l’autre, selon la maturité de l’entreprise elle-même. «Pour les entreprises qui sont en développement et affichent des pertes, on ne peut les qualifier de déficitaires, puisqu’elles sont en phase de démarrage et leurs résultats devront s’améliorer d’une année à une autre», a-t-il expliqué.
Citant le cas de la banque Zitouna qui est en phase de lancement, Chekir a fait savoir que cette dernière a enregistré, l’année dernière, un déficit qui a été récupéré cette année par un excédent de 1,679 MDT et qui devra passer à 17 MDT au cours de l’année prochaine. «En contrepartie, les entreprises en phase de maturité sont toutes bénéficiaires, y compris celles qui ont été cédées au secteur privé”, a-t-il ajouté.
D’après le DG d’Al Karama Holding, seulement deux sociétés parmi celles gérées par Al Karam, vivent des difficultés financières et sont d’ores et déjà gérées par des administrateurs judiciaires, à savoir Dar Essabeh et la GTN (Global Telecom Networking), opérant dans le secteur des télécommunications. GTN a été classée, en 2013, société en difficultés économiques, selon la loi 95-34 relative aux entreprises en difficultés.
A rappeler, toutefois, qu’Al Karama Holding a injecté dans cette société une somme 500 mille dinars pour la relancer mais sans succès. «Il y a d’autres sociétés qui sont également gérées par des administrateurs judiciaires, tels que la Société de promotion immobilière (SPI), le marchand de l’immobilier, Media Invest et Bina Trade», a-t-il fait savoir.
Assainir… financièrement et juridiquement
Concernant le résultat consolidé de l’activité d’Al Karama Holding, Chekir a indiqué que le groupe a affiché, en 2013, un bénéfice de 94 MDT contre 274 MDT en 2012. Il a imputé cette baisse à l’absence d’une stratégie de vente en 2013 fixée par le ministère des finances.
Toutes les sociétés appartenant au groupe Al Karama Holding sont destinées à la vente sauf que certaines d’entre elles nécessitent d’être préparées aux niveaux juridique et foncier, ainsi qu’en matière d’assainissement du plan social et de restructuration du plan financement. L’objectif ultime, a-t-il soutenu, est de ne pas avoir à les “brader”.
«Le plan de préparation et de cession des sociétés confisquées par l’Etat tunisien et gérées par Al Karama Holding pourra s’étaler sur trois ou cinq ans, tout dépend de la volonté de l’Etat tunisien, car aucune opération de cession ne peut être entamée ou clôturée qu’après l’aval du ministère des finances et de la présidence du gouvernement», a-t-il conclu.
WMC/TAP