Etats-Unis : bataille de poids lourds autour des saucisses Hillshire

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érette à Miami, le 29 mai 2014 (Photo : Joe Raedle)

[29/05/2014 21:57:26] New York (AFP) Le groupe agroalimentaire américain Tyson Foods a surenchéri jeudi afin d’avaler les saucisses et hot-dogs Hillshire Brands, lançant les hostilités contre son compatriote Pilgrim’s Pride, filiale du géant brésilien JBS, numéro un mondial du poulet et de la viande de boeuf.

Deux jours seulement après Pilgrim’s, Tyson Foods a sorti son chéquier pour Hillshire, qui produit essentiellement jambons, saucissons, steaks hachés et la marque de saucisses Jimmy Dean. Il met sur la table 6,8 milliards de dollars, contre 6,4 milliards de dollars offerts par son rival.

Dans le détail, Tyson Foods, qui abat quelque 6 millions de volailles par jour, propose 50 dollars par titre Hillshire, alors que Pilgrim’s offre 45 dollars par action.

Pilgrim’s comme Tyson Foods ont assorti leur offre d’une condition: Hillshire doit renoncer à son offre publique d’achat amicale lancée mi-mai sur les surgelés Pinnacle Foods, propriété du fonds d’investissement Blackstone.

– Bouleverser les plats préparés –

Hillshire veut s’emparer de Pinnacle, surtout connu pour sa marque Birds Eye Foods, pour 6,6 milliards de dollars dette comprise, dans l’espoir de se développer dans les surgelés. Mais ses ambitions semblent compromises, d’autant plus que des actionnaires ont fait part de leur opposition à ce projet.

“Nous allons examiner minutieusement l’offre soumise par Tyson Foods”, a réagi jeudi Hillshire, détenteur des marques de hot-dog Ball Park et State Fair, tout comme il l’avait déjà fait mardi pour Pilgrim’s.

Pour le patron de Tyson Foods, Donnie Smith, Hillshire a vocation à “changer la donne” dans le marché des plats préparés, d’où les convoitises qu’il suscite.

Tyson Foods est le premier producteur de volailles américain, talonné par Pilgrim’s.

La guerre qui se profile entre les deux, et par ricochet entre Tyson Foods et JBS, semble ravir les investisseurs qui parient sur des surenchères même si le premier a l’avantage pour l’instant.

C’est ce que suggère l’évolution de l’action Hillshire en Bourse: A Wall Street, le titre a terminé à 52,76 dollars (+17,73%) jeudi, au-dessus du prix proposé. L’action Tyson Foods a gagné 6,13% à 43,56 dollars, alors que le titre Pilgrim’s a reculé de 1,14% à 25,09 dollars.

– Bonne année pour la volaille –

En mettant la main sur Hillshire, Tyson Foods espère se renforcer dans les plats préparés, au moment où les consommateurs changent leurs habitudes alimentaires, surtout pour le créneau de plus en plus concurrentiel du petit-déjeuner qui devient toujours plus conséquent et étalé dans la matinée.

Il promet à ses actionnaires des économies de coûts “importantes” et un coup de pouce pour les bénéfices après la finalisation de l’opération.

Pilgrim’s, très présent aux Etats-Unis et au Mexique, espère, lui, accroître ses marges en Amérique du Nord et à l’international et réaliser des synergies non encore chiffrées.

L’an dernier, Tyson Foods a réalisé un chiffre d’affaires de 34,37 milliards de dollars, tandis que JBS, maison mère de Pilgrim’s, a enregistré des revenus de 41,45 milliards.

Cette guerre des “saucisses” intervient dans un contexte très favorable aux producteurs de viande aux Etats-Unis.

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érette à Miami, le 29 mai 2014 (Photo : Joe Raedle)

Cette année est “extrêmement bonne” pour le secteur de la transformation de viande, estime le cabinet de recherches Trefis. Les marges des groupes du secteur ont augmenté grâce à une hausse des prix.

Les tarifs du porc, des côtelettes, saucisses et jambons à l’étalage augmentent en raison de la diarrhée épidémique porcine (PED) qui affecte les porcheries américaines.

La demande de poulet, viande la moins chère, est à son plus haut depuis bientôt trois ans, fait remarquer Trefis. Les producteurs profitent également de la baisse du coût du maïs avec lequel ils nourrissent leur bétail.

La rivalité se joue aussi sur le terrain financier: Tyson Foods a obtenu un emprunt auprès de la banque Morgan Stanley pour financer l’opération, tandis que Pilgrim’s (JBS) propose de payer “cash”.

JBS a renvoyé jeudi à une date indéterminée une émission obligataire. L’agence de notation Moody’s a mis en garde les deux géants, en les avertissant que cette transaction affecterait leur note de solvabilité financière respective.