Une image satellite prise le 28 mai 2014 montre le nouveau stade de Brasilia, qui accueillera des matchs pendant la Coupe du monde |
[30/05/2014 17:55:35] Rio de Janeiro (AFP) L’économie du Brésil, la septième du monde, progresse à pas de fourmi malgré les investissements faits pour le Mondial de football qui commence dans 13 jours : le PIB a augmenté d’à peine 0,2% au premier trimestre et pour 2014 les marchés tablent sur 1,63%.
Après le “boom” de 2010, quand la principale économie d’Amérique latine avait enregistré une croissance de 7,5%, les pays industrialisés – enlisés dans la crise des “subprime” de 2008/2009 – avaient placé leurs espoirs dans ce grand pays émergent de 200 millions d’habitants.
Mais les attentes se sont avérées exagérées et le Brésil a connu trois années consécutives de croissance médiocre : 2,7% en 2011, 1% en 2012 et 2,5% en 2013 (chiffre revu à la hausse vendredi car il était de 2,3% auparavant).
Cette année, qui sera notamment marquée par l’élection présidentielle en octobre, tout indique que la conjoncture ne changera pas : le gouvernement table sur une croissance de 2,3 à 2,5% mais les marchés, moins optimistes, misent sur 1,63% seulement.
“En 2010, le monde était hyper excité, il semblait que le Brésil allait croître au rythme chinois. Mais il y a eu beaucoup d’attentes et peu de résultats”, a déclaré à l’AFP l?analyste économique Felipe Queiroz, à Sao Paulo.
Tandis que 40 millions de Brésiliens ont accédé à la classe moyenne au cours des 10 dernières années, grâce aux programmes sociaux, le gouvernement a mis en place il y a quatre ans une série de mesures pour encourager la consommation et le crédit.
– 11 milliards de dollars pour le Mondial –
“Ces mesures ont des limites et leur effet est moindre aujourd’hui que dans le passé. La classe moyenne a déjà changé de réfrigérateur, de cuisine et s’est pas mal endettée. Et il n’y a pas eu de changements structurels ni suffisamment d’investissements en infrastructures qui favorisent une croissance solide”, a estimé M. Queiroz.
Le gouvernement a investi 11 milliards de dollars dans l’organisation du Mondial – ce qui a déclenché il y a un an une fronde sociale sans précédent, qui perdure tout en étant de moindre intensité – mais tout n’a pas été investi dans les délais prévus, selon l’économiste.
Pour certains experts les investissements porteront leurs fruits à long terme. D’ici à 2019, l’économie pourrait progresser de quatre points de pourcentage grâce au Mondial et aux jeux Olympiques de 2016 (à Rio), selon le consultant Ernst & Young.
Mais l’agence de notation Moody’s estime que le Mondial aura un impact insignifiant sur l’économie, étant donné la piètre croissance du Brésil depuis 2011.
Brasilia est face au dilemme aujourd’hui de réduire l’inflation – de 6,2% sur les douze derniers mois, frôlant le maximum toléré de 6,5% – en augmentant les taux d’intérêt qui freinent la croissance. Cette semaine, la banque centrale a choisi de maintenir son taux d’intérêt à 11% l’an, au grand dam des industriels.
La croissance du PIB a ralenti de janvier à mars 2014 par rapport au dernier trimestre de 2013 quand elle avait atteint 0,4% (un taux revu à la baisse vendredi, il était de 0,7% auparavant), a constaté l?Institut brésilien de géographie et des statistiques.
Ce chiffre est conforme aux attentes du marché.
Le secteur de l’agroalimentaire est celui qui a le plus progressé au premier trimestre, de 3,6%, alors que l?industrie a reculé de 0,8%.