Vingt-cinq ans après la chute du communisme, la Pologne prend son envol

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, symbole du renouveau polonais, dans les rues de Varsovie le 1er juin 2014 (Photo : Janek Skarzynski)

[01/06/2014 15:27:40] Bolechowo (Pologne) (AFP) Dans l’immense hangar de production, des ouvriers s’affairent autour des bus qui, une fois assemblés, partiront de Bolechowo près de Poznan, dans l’ouest de la Pologne, vers la ville de Nazareth, vers Oslo ou encore vers la ville tchèque de Brno.

A des années lumières des clichés de la charrette à cheval, le fabricant polonais de bus urbains Solaris joue la carte internationale. Créé de rien en 1996 il symbolise bien le dynamisme de la transformation suivie en un quart de siècle par ce pays, le plus grand d’Europe centre-orientale avec ses 38 millions d’habitants, depuis les premières élections semi-démocratiques du 4 juin 1989 et la chute du communisme.

“On a commencé avec une trentaine d’ouvriers, aujourd’hui nous employons 2.500 personnes en Pologne et 500 à l’étranger”, explique Mateusz Figaszewski, porte-parole de Solaris.

Conçus et montés près de Poznan, ses autobus, trolley et tramways sillonnent les rues de 600 villes, dont Berlin, Paris, Athènes, Rome et Dubaï. Solaris détient 13% du marché allemand des bus de ville, un exploit incontesté au pays des Mercedes et des BMW.

“La création de Solaris, et de milliers d’autres entreprises semblables, a été rendue possible grâce aux changements politiques et économiques intervenus après la chute du communisme”, souligne M. Figaszewski.

“C’est un quart de siècle exceptionnel pour la Pologne. Nous n’avons pas connu une telle conjoncture depuis 400 ans”, tant sur le plan géopolitique qu’économique, confirme Mariusz Jarosinski, historien et journaliste à l’agence PAP.

Pour Irena Eris, propriétaire de la société de cosmétiques qui porte son nom, le 4 juin 1989 fut une date cruciale. “Nous sommes tous allés voter. Lorsque les résultats sont arrivés, nous sommes entrés dans une toute autre réalité, celle de l’économie de marché. De nouvelles perspectives de développement se sont ouvertes à ma société”, déclare-t-elle dans son laboratoire ultramoderne à Piaseczno dans la banlieue de Varsovie.

Aujourd’hui, Irena Eris exporte ses cosmétiques haut de gamme dans 40 pays du monde entier. “La qualité de nos produits a été reconnue par le Comité Colbert, une organisation rassemblant les plus prestigieuses marques de luxe françaises. Nous sommes la seule marque de cosmétiques non française à en faire partie”, explique-t-elle fièrement.

– Premier bénéficiaire de l’UE –

Le chemin parcouru par la Pologne depuis 1989 fait pâlir d’envie bien des pays. En faillite vers la fin du communisme, sa croissance est restée ininterrompue depuis 1992. En 25 ans, son PIB a plus que doublé et ses exportations ont été multipliées par quinze, passant de 10 milliards de dollars en 1989 à environ 155 milliards de dollars l’an dernier.

Grâce aux fonds européens, dont la Pologne est le plus grand bénéficiaire, le pays se modernise rapidement. Presque sans autoroutes à l’époque communiste, la Pologne a aujourd’hui près de 3.000 kilomètres de voies rapides. Des milliards d’euros ont été investis dans l’industrie agroalimentaire, faisant de ce pays l’un des principaux exportateurs européens de produits agricoles.

“Si on compare la Pologne d’il y a 25 ans à celle d’aujourd’hui, c’est un autre monde, on est arrivé sur une autre planète. Aujourd’hui, l’économie polonaise fait partie de l’économie mondiale, alors qu’à l’époque elle était comparable à celle de l’Ukraine”, explique Witold Orlowski, expert de PricewaterhouseCoopers.

Profitant de son potentiel démographique et d’une extraordinaire conjoncture économique, la Pologne veut jouer dans la cour des grands. Elle ne cache plus ses ambitions politiques qui ne se limitent pas à l’Europe centrale, mais s’étendent jusqu’à Bruxelles.

Acteur de premier rang lors de la crise ukrainienne, la Pologne est aussi promotrice de l’Europe de l’énergie, avec une proposition de son Premier ministre Donald Tusk, devenue la base d’une réflexion sur la sécurité énergétique de l’Union européenne.

Désormais, elle vise aussi sans complexe les plus hautes fonctions au sein de l’UE. Varsovie ne cache pas qu’elle verrait bien son ministre des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski prendre les rênes de la diplomatie européenne.