Assurance-vie : Dai-ichi à l’assaut de Protective

e358b6ad10be44b89bd4c72a62eac656bea1ee30.jpg
à Tokyo, le 1er avril 2010 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[04/06/2014 06:15:14] Tokyo (AFP) Le géant japonais de l’assurance-vie Dai-ichi Life a annoncé mercredi vouloir acquérir le groupe américain Protective Life pour 5,7 milliards de dollars (4,2 milliards d’euros), afin d’aller chercher de l’autre côté du Pacifique une croissance plus prometteuse.

Dai-ichi propose de payer chaque action de Protective 70 dollars, soit 34% de plus que sa valeur de clôture vendredi à New York, 52,30 dollars. Depuis ce week-end, le titre du groupe américain a toutefois bondi, terminant à 58,72 dollars mardi soir, dopé par l’évocation de cet achat dans la presse.

Le groupe japonais a expliqué que le conseil d’administration de Protective Life, une société basée à Birmingham, dans l’Etat de l’Alabama (sud), avait “approuvé l’acquisition à l’unanimité”.

Sous réserve de l’approbation des actionnaires de Protective Life et des autorités de régulation des deux pays, la transaction pourrait être achevée en décembre ou janvier prochains, a estimé le groupe japonais.

Dai-ichi Life, deuxième groupe japonais d’assurance-vie présent surtout sur son marché national, a souligné que cet achat lui permettrait “de diversifier son portefeuille en termes géographique et d’activités”.

Protective Life constitue un groupe d’assurance-vie de taille moyenne aux Etats-Unis, en 36e position en termes de recettes de primes (équivalentes au chiffre d’affaires). Il est particulièrement actif dans la vente de polices d’assurance-vie et de rente.

Le marché de l’assurance-vie aux Etats-Unis devrait croître plus rapidement qu’au Japon, où la population vieillit, d’où la volonté de Dai-ichi Life d’aller chercher la croissance de l’autre côté de l’océan Pacifique – à l’instar d’autres entreprises nippones, comme le brasseur Suntory Holdings qui vient d’acquérir le groupe de spiritueux américain Beam pour 16 milliards de dollars.

Ce fort désir de s’étendre hors de ses frontières peut expliquer la somme mise sur la table par Dai-ichi, supérieure de 700 millions de dollars à celle évoquée dans la presse ces derniers jours, pour convaincre les actionnaires de Protective.

– Augmentation de capital –

Si l’opération va à son terme, le groupe nippon élèvera à plus d’un tiers (36%) la part de ses profits dégagés à l’étranger. Hors du Japon, il est pour l’instant surtout actif en Asie du Sud-Est et en Australie.

Il s’agirait de la principale acquisition jamais réalisée par un assureur japonais à l’étranger et, une fois Protective avalé, Dai-ichi réalisera quelque 4.650 milliards de yens (33,2 milliards d’euros) de recettes de primes par an, ce qui lui permettra de talonner le leader japonais de l’assurance-vie, Nippon Life Insurance – 4.860 milliards de yens.

Il deviendra également le 13e groupe d’assurances mondial, d’après ses calculs, avec 424 milliards de dollars d’actifs en gérance. Il a dégagé un bénéfice net de près de 78 milliards de yens (555 millions d’euros) lors du dernier exercice comptable et compte actuellement quelque 57.000 salariés. Protective Life a dégagé pour sa part 393 millions de dollars de bénéfice net l’an passé et emploie environ 2.400 personnes.

Les deux entreprises se sont aussi mises d’accord sur la création d’un comité de pilotage de l’intégration de Protective Life qui “prendra des initiatives concrètes pour réaliser des synergies”, sans plus de précision. La direction du groupe américain restera en place.

Dai-ichi Life a précisé qu’il allait émettre de nouvelles actions dans les douze mois à venir, pour un montant maximum de 250 milliards de yens (1,8 milliard d’euros), afin de muscler ses finances après l’achat du groupe américain.

Les informations parues lundi dans la presse sur cette augmentation de capital avaient fait chuter son titre de 5% à la Bourse de Tokyo, mais ce dernier se maintenait mercredi après l’annonce officielle, grignotant 0,41% à 1.453 yens à la mi-journée.

Anciennement mutualiste, Dai-ichi Life est devenu une société par action en 2010, année où il entra avec fracas à la Bourse de Tokyo pour plus de 13 milliards d’euros de l’époque.