éficit commercial atteindre en avril 2014 son plus haut niveau en deux ans (Photo : Paul J. Richards) |
[04/06/2014 15:40:17] Washington (AFP) Les Etats-Unis ont vu leur déficit commercial atteindre en avril son plus haut niveau en deux ans, sous l’effet notamment de déséquilibres record avec l’Union européenne à l’heure où les deux blocs négocient un accord de libre-échange.
Chroniquement déficitaire, le solde des échanges de biens et de services du pays avec le reste du monde s’est établi à 47,2 milliards de dollars, marquant un bond de 7% par rapport à mars et signant un cinquième mois de hausse d’affilée, a indiqué mercredi le département du Commerce.
Cette poussée, qui a surpris les analystes, tient à une réalité implacable: les importations ont continué à progresser en avril (+1,2%, à 240,6 milliards de dollars) alors que les exportations ont fléchi (-0,2% à 193,3 milliards).
Les achats à l’étranger de voitures et de biens de consommation -notamment les téléphones portables- ont même atteint des niveaux record en avril, envoyant des signaux contrastés sur la première économie du monde.
Ces importations témoignent certes d’une demande dynamique aux Etats-Unis, mais vont, à un niveau comptable, grever la croissance économique après un premier trimestre où le produit intérieur brut s’est contracté pour la première fois en trois ans.
“Un plus grand déficit est synonyme d’une croissance du PIB plus faible (…) La tendance peut toujours se retourner en mai et en juin mais pour le moment le rebond au deuxième trimestre s’annonce beaucoup plus faible”, a commenté Chris Low, analyste à FTN Financial.
La hausse des importations n’est tout simplement pas “viable”, a souligné Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics.
Autre mauvaise nouvelle, les données publiées mercredi ont révisé à la hausse le déficit accumulé tout au long de l’année 2013, désormais estimé à 476,4 milliards contre 471,5 milliards précédemment annoncés.
– Quête d’indépendance énergétique –
L’administration Obama préfère regarder ailleurs et notamment vers la hausse du volume d’exportations depuis le début de l’année, qui démontrerait, selon elle, l’appétit des consommateurs mondiaux pour les produits et les services américains “de haute qualité” .
Les Etats-Unis peuvent également nourrir un petit motif de satisfaction en avril dans leur quête d’indépendance énergétique. Les importations de brut, à 21,9 milliards, sont restées stables tandis que les exportations de produits pétroliers ont augmenté de 2,6%, à 11,8 milliards, portées par le boom du gaz de schiste.
Mais les déséquilibres du pays avec ses principaux partenaires commerciaux se sont grandement creusés.
Les échanges de biens avec l’Union européenne ont ainsi fait apparaître un déficit sans précédent de 14,0 milliards de dollars, marquant une flambée de près de 22% sur un mois.
Le déficit vis-à-vis de l’Allemagne y est pour beaucoup et atteint le niveau record de 7 milliards, note le ministère.
Ce déséquilibre ne tombe pas au meilleur moment à l’heure où Washington et Bruxelles négocient un accord commercial qui pourrait donner naissance à la plus grande zone de libre-échange au monde.
Lancées en juillet 2013, les discussions visent à éradiquer les barrières douanières et surtout règlementaires de part et d’autre de l’Atlantique, mais elles rencontrent une forte hostilité en Europe sur fond de crainte de dérégulation généralisée.
Autre point de contentieux, le déficit avec la Chine a continué de flamber avec un bond spectaculaire de près de 34% sur un mois, à 27,2 milliards de données, selon les données brutes du ministère.
Depuis plusieurs années, les États-Unis cherchent en vain à réduire les déséquilibres avec la Chine, la deuxième puissance économique mondiale accusée par Washington de pratiques commerciales déloyales et de dumping social.
Déplorant la hausse du déficit commercial et rappelant le contexte du 25e anniversaire de la répression de Tiananmen, l’Alliance pour l’industrie manufacturière américaine (AAA) a assuré dans un communiqué que le développement des liens commerciaux avec Pékin n’avait “rien fait pour pousser la Chine vers davantage de démocratie et de respect des droits de l’Homme”.