ésident François Hollande suivi de son homologue ukrainien Petro Porochenko, le 4 juin 2014 à Varsovie (Photo : Fred Dufour) |
[04/06/2014 16:42:22] Varsovie (AFP) François Hollande est monté au créneau mercredi, à la veille d’une rencontre avec Barack Obama, pour défendre la banque BNP Paribas, menacée d’une lourde sanction financière pour avoir contourné l’embargo américain visant certains pays.
Le groupe bancaire français est accusé d’avoir réalisé des opérations avec des pays sous embargo, comme le Soudan et l’Iran. Selon la presse, il pourrait se voir infliger une pénalité supérieure à 10 milliards de dollars (7,34 milliards d’euros) ainsi qu’une suspension temporaire de ses activités aux Etats-Unis, ce qui l’empêcherait de traiter des transactions en dollars.
L’Elysée a indiqué mercredi que le chef de l’Etat avait écrit au président américain dès le 7 avril pour l’alerter sur le “caractère disproportionné des sanctions envisagées” contre la banque, et sur les “risques associés à celles-ci”, selon l’entourage de M. Hollande.
M. Hollande indiquait également dans cette lettre que “dans le respect de l’indépendance de la justice, la procédure devrait se poursuivre sur des bases raisonnables en lien étroit avec les autorités de régulation financière”, selon l’Elysée.
“La lettre date du 7 avril et ils se sont ensuite parlé au téléphone à ce sujet, parmi d’autres”, a précisé l’Elysée.
Les deux présidents dîneront ensemble jeudi soir dans un restaurant parisien. “Je ne sais pas si lui (M. Obama) veut en parler mais moi, je lui en parlerai”, a dit à la presse M. Hollande mercredi en marge d’un déplacement à Varsovie.
“Je suis déjà intervenu plusieurs fois avec des formes multiples, différentes et notamment une lettre”, a précisé le président français à des journalistes lors de ce déplacement en Pologne.
“La justice est indépendante, elle l’est aux Etats-Unis, elle l’est en France et je fais valoir des arguments sur le caractère disproportionné” de la sanction envisagée”, a-t-il indiqué.
“Pour l’instant, nous sommes dans une phase où c’est la BNP qui négocie. Ce n’est pas la France qui le fait”, a-t-il toutefois assuré, disant n’être là “que pour faire valoir un certain nombre d’arguments”.
Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui suit le dossier avec le ministère de l’Economie, n’a de son côté, pas hésité à mettre dans la balance les négociations en cours sur l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis (TTIP).
Si l’amende devait atteindre la somme avancée dans la presse, la première banque française par sa capitalisation pourrait voir ses fonds propres être nettement rabotés, ce qui constituerait un coup dur pour elle, alors que les établissements vont prochainement faire l’objet de tests de résistance en vue d’évaluer leur capacité à encaisser de violents soubresauts économiques.
De plus, cela amputerait sensiblement sa capacité à octroyer des prêts à ses clients, puisque les nouvelles règles du secteur lient le niveau des crédits accordés au montant des fonds propres.
L’agence de notation Standard and Poor’s a menacé mercredi d’abaisser la note à long terme de BNP Paribas, actuellement fixée à A+, en raison des poursuites engagées aux Etats-Unis.