actionnaire principal (Photo : Ludovic Marin) |
[04/06/2014 17:33:14] Paris (AFP) Grand joueur de poker, l’homme d’affaires Chuc Hoang a abattu ses cartes mercredi en lançant une contre-OPA sur la Société de la Tour Eiffel dont il est l’actionnaire principal, après avoir échoué à torpiller en justice l’offre, en cours, de la mutuelle d’assurance SMABTP.
Son offre valorise la société – autrefois exploitante du célèbre monument parisien éponyme, aujourd’hui spécialisée dans l’immobilier d’entreprise – à 344 millions d’euros.
Déposée mercredi auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF), elle est plus lucrative que celle de la Société mutuelle d?assurance du bâtiment et des travaux publics (SMABTP), ouverte le 7 mars, puisqu’elle est libellée au prix de 55 euros l’action, soit deux euros supplémentaires.
M. Hoang, qui détient déjà 30,31% du capital social et des droits de vote de la Société de la Tour Eiffel (STE), en son nom propre et via ses sociétés MI29, Eurobail et Foncière Wilson, frappe ainsi un grand coup, après avoir tenté en vain, ces dernières semaines, de faire avorter cette première OPA.
L’homme d’affaires, qui s’attaque là à un gros morceau, s’est assuré le concours du fonds Colony Capital pour refinancer une partie de l’opération. Ce partenaire va souscrire des obligations émises par une société de M. Hoang dont certaines seront remboursables en actions STE et pourront représenter au maximum 9,73% de son capital, a précisé l’AMF.
En cas de succès de son offre, l’homme d’affaires compte aussi rétrocéder une partie de ses actions aux fonds Caravelle et Effi Invest II, tout en conservant le contrôle de STE.
Pour séduire les actionnaires de sa cible, il affirme également avoir l?intention de maintenir le statut SIIC de STE, un régime fiscal avantageux qui exonère de l’impôt sur les sociétés, mais impose de distribuer aux actionnaires la quasi-totalité des bénéfices sous forme de dividendes.
L’offre concurrente de SMABTP prévoit de faire perdre à STE le bénéfice de ce régime fiscal, et ce rétroactivement à compter du 1er janvier 2014.
Le conseil d’administration de STE devait se réunir dans les prochains jours, pour se prononcer sur cette offre, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la société mercredi soir.
Feuilleton à suspense
Cette contre-OPA est un énième rebondissement dans ce qui est devenu un vrai feuilleton à suspense.
Le 10 avril, la Cour d’appel de Paris avait débouté le turbulent actionnaire, qui souhaitait obtenir la suspension de l’offre d’achat lancée par la mutuelle d’assurance SMABTP, jugeant “notoirement insuffisant” le prix offert, soit 48 euros l’action, un montant relevé depuis à 53 euros.
De manière inédite, la Cour d’appel avait alors estimé qu’il était possible d’autoriser l’offre à aller à son terme dans un délai normal, mais que celle-ci pourrait être réversible si le recours était jugé fondé, au terme de la procédure sur le fond.
Favorable à l’offre d’achat, le conseil d’administration de STE avait alors déploré ce contretemps comme une “nouvelle perturbation pour la société, ses clients et ses salariés”.
Car la mutuelle d’assurance faisait figure de chevalier blanc pour STE, devenue le théâtre d’un vif conflit entre son premier actionnaire, M. Hoang, et sa direction.
L’homme d’affaires a en effet attaqué au pénal trois dirigeants, Mark Inch et Robert Guy Waterland, respectivement président et ex-directeur général, ainsi que Renaud Haberkorn, actuel directeur général, en déposant plainte pour abus de biens sociaux.
Il les accuse notamment d’avoir perçu des rémunérations excessives. En retour, tous trois ont déposé plainte pour dénonciation calomnieuse.
M. Hoang avait également cherché à débarquer la direction, mais il a été là encore débouté par la justice, à la mi-novembre.
La Société de la Tour Eiffel a publié le 20 mars une perte nette 2013 ramenée à 1,9 million d’euros, contre 6,1 millions d’euros l’année précédente.
Brièvement suspendue mercredi soir en fin de journée, la cotation de l’action STE à la Bourse de Paris reprendra jeudi.