Tunisie – Economie : Le gouvernement Jomaâ aura du mal à faire passer sa LFC

Par : TAP

Le prélèvement de journées de travail sur les salaires et les pensions de
retraites, préconisé dans le cadre du projet de loi de finances complémentaire
2014, reste tributaire de l’adhésion des salariés à la souscription à l’Emprunt
national obligataire, a affirmé, vendredi, l’expert économique et universitaire,
Ridha Chkondali.

Dans une déclaration à l’agence TAP, il souligne qu’«une forte participation des
salariés, premiers fournisseurs des ressources fiscales de l’Etat (95%),
constituera un baromètre de la réussite de cette disposition dans la mesure où
les travailleurs ne rechigneront pas face au prélèvement».

Pour rappel le projet de loi de finances complémentaire 2014 propose, dans son
article 1, l’instauration d’une contribution conjoncturelle exceptionnelle pour
renforcer les ressources du budget de l’Etat, au titre de l’exercice 2014. Cette
contribution serait appliquée aux personnes physiques de nationalité tunisienne
et aux personnes morales soumises à l’impôt sur les sociétés. Elle devrait
générer des ressources additionnelles au profit du budget de l’Etat de l’ordre
de 64 millions de dinars (MD).

Toutefois, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) n’a pas tardé à réagir,
exprimant, vendredi, son opposition catégorique à cette proposition.

La centrale syndicale estime que le projet s’oppose aux législations du travail
qui interdisent le prélèvement obligatoire sur le salaire, outre les
répercussions négatives d’une telle mesure sur le pouvoir d’achat du citoyen, a
déclaré Sami Tahri, porte-parole officiel de l’UGTT. «Le prélèvement sur le
salaire doit être volontaire et ne peut s’effectuer qu’avec l’accord de
l’employé, des retraités ou des syndicats qui les représentent», précise la
centrale. «Le gouvernement qui compte sur la souscription, le volontariat et les
recettes non fixes, n’est pas sérieux dans la recherche de solutions à la crise
économique», a encore fait savoir Tahri.

Selon lui, l’UGTT s’oppose formellement au projet élaboré sans concertation avec
les parties syndicales et de manière qui rappelle les pratiques de l’ancien
régime.

De son côté, Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint de l’UGTT, a souligné
que l’UGTT publiera, prochainement, un communiqué pour annoncer sa position
officielle concernant cette disposition de la nouvelle loi de finances 2014. Il
rappelle que le gouvernement de Mehdi Jomaa est un gouvernement provisoire qui
doit négocier avec les structures concernées et les parties sociales toutes les
décisions en rapport direct avec le pouvoir d’achat des salariés.