Les résultats d’une enquête inédite sur les industries créatives, réalisée par une équipe d’experts de l'”Association de Sauvegarde de la Médina de Tunis” (ASM), ont été présentés samedi 7 juin à Dar Lasram à Tunis.
L’enquête intitulée «Souks et espaces de production en Médina : état des lieux» a été réalisée dans le cadre du projet «MEDNETA», réseau culturel méditerranéen pour la promotion de la créativité dans les arts, l’artisanat et le design pour la régénération urbaine dans les centres historiques.
Les résultats de l’enquête serviront à l’élaboration d’une stratégie de développement de l’artisanat en Tunisie et des perspectives d’avenir qui s’offrent aux industries créatives en Médina.
Cette action a fait l’objet d’un séminaire de réflexion utilisant la technique d’analyse SWOT (forces, faiblesses, opportunités et menaces) avec la participation d’experts-chercheurs grecs mais aussi d’universitaires et responsables tunisiens.
Le projet Medneta est une initiative européenne qui vise à promouvoir le dialogue culturel et économique transfrontalier dans un esprit de partenariat. L’objectif étant d’appuyer la créativité dans les domaines des arts, de l’artisanat et du design (ACDs) en tant que moyens de régénération urbaine des centres historiques du Bassin méditerranéen.
Les six sites pilotes du projet Medneta sont : Médina de Tunis (Tunisie), Athènes (Grèce), Florence (Italie), Valence (Espagne), Beyrouth (Liban) et El-Khalil (Palestine).
L’analyse préliminaire des données de l’enquête, menée durant la période mars-juin 2014, a montré que la Médina de Tunis, un espace de 150 ha, demeure un grand pôle touristique et «un réservoir de savoir-faire artisanal», explique Leila Ben Gacem, membre de l’équipe de l’ASM. Il s’agit d’un espace qui offre un environnement propice à l’artisanat grâce à la présence des fournisseurs et des réseaux de distribution.
Des défaillances demeurent toutefois aussi présentes au plan organisationnel dans la mesure «où l’ancien système des corporations avait été affecté par le contexte socio-économique», comme le montre la rétrospective historique axée sur le thème : «Historique des espaces de production et d’échanges dans la Médina de Tunis», présentée par Adnen El Ghali.
L’enquête relève aussi, comme le souligne Marouane Zbidi, chercheur à l’ASM, une inadéquation du système d’octroi de crédit ainsi que l’absence de technicités et d’innovation au niveau des produits et des procédures de production qui restent rudimentaires.
Il n’en demeure pas moins que des opportunités sont toujours là, affirme pour sa part Mohsen Azaiez, expert de l’ASM, évoquant les possibilités de promouvoir la créativité dans le domaine de l’artisanat avec la création d’un centre dédié aux industries créatives en Médina.
Pour ce qui est des menaces, M. Zbidi relève que l’enquête a attiré l’attention sur «la disparition ou le déclin de certains métiers à cause d’un système de formation dépassé, d’une politique fiscale inadaptée et un déficit d’image de l’artisanat».
L’enquête, qui a été saluée par les différents intervenants, semble toutefois avoir péché, selon Dr Abdelaziz Daouletli, président de l’association Monuments et sites, par un manque d’intérêt à l’effort d’innovation qui, selon cet expert, demeure un facteur important dans tout acte de création artisanal, «d’où la survivance de certains métiers de l’artisanat».
La promotion des industries créatives est désormais une question d’actualité et attire particulièrement les bailleurs de fonds internationaux. Un projet de développement «de clusters» dans les industries créatives et culturelles sera lancé très prochainement par l’ONUDI en partenariat avec l’UE. Une journée de réflexion sera d’ailleurs organisée à cet effet à Tunis le 23 juin courant.