Grèce : Hardouvelis, un économiste aux manettes des Finances

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érimenté, Guikas Hardouvelis prend le portefeuille clef du ministère des Finances grec (Photo : Louisa Gouliamaki)

[10/06/2014 12:55:13] Athènes (AFP) Economiste et banquier expérimenté, Guikas Hardouvelis prend le portefeuille clef du ministère des Finances grec, après un profond remaniement gouvernemental, avec la charge de poursuivre le redressement économique du pays mais aussi de gérer “la patate chaude” de la dette.

Professeur d’économie à l’Université du Pirée, conseiller de deux anciens premiers ministres, Guikas Hardouvelis, 59 ans, se veut le garant de la poursuite de l’application du plan d’assainissement, imposé par les créanciers UE et FMI depuis 2010.

“Le choix de M. Hardouvelis s’inscrit dans la ligne droite de la politique de son prédécesseur Yannis Stournaras, il n’y aura aucun changement”, analyse pour l’AFP Panayotis Petrakis, professeur d’économie financière à l?université d?Athènes.

Issu du même cercle de centre gauche que Yannis Stournaras, qui était arrivé au ministère il y a un an, en juillet 2012, M. Hardouvelis, conseiller à Eurobank, l’une des principales banques grecques, avait été conseiller de l’ex-Premier ministre technocrate Lucas Papademos entre novembre 2011 et mai 2012, au pic de la crise grecque.

Il avait participé aux dures négociations en vue de la restructuration de la dette qui avait permis l’effacement de près de 106 milliards d’euros d’obligations détenues par les créanciers privés, surtout les banques.

Pour le nouveau ministre, “l’application des réformes auxquelles la Grèce s’est engagée auprès de ses créanciers est la voie à sens unique pour le redressement, tout en étant contre de nouvelles coupes ou de l’augmentation d’impôts”, estime Ethnos, quotidien de centre-gauche.

Guikas Hardouvelis doit à court terme se préparer pour la prochaine rencontre avec les représentants de la troïka (UE-BCE-FMI) des créanciers, prévue dans deux mois, en vue du versement des dernières tranches des prêts au pays.

Malgré des signes de l’amélioration de l’économie grecque, Bruxelles insiste sur la poursuite des réformes, surtout dans la fonction publique.

Toutefois l’amélioration de la reprise en Grèce est notamment liée à situation économique en Europe, selon des observateurs.

– Le casse-tête de la dette –

“Le sort du pays dépend de l’amélioration des liquidités en Europe, les récentes mesures favorables à la croissance de la BCE ont bénéficié à la réduction des +spread+ dans les pays de la périphérie, comme la Grèce”, note M. Pétrakis.

La preuve: la poursuite de la hausse de l’indice de la Bourse d’Athènes, qui a ouvert mardi dans le vert. Ou la baisse à 2,15% du taux d’emprunt des obligations à six mois, contre 2,7% il y a un mois, la Grèce ayant levé mardi 1,625 millions d’euros.

Un troisième plan d’aide pour faire face aux futurs besoins financiers de la Grèce, de nouveau évoqué par certains européens, “n’a maintenant plus trop de sens de sens après les mesures prises par la BCE”, selon M. Pétrakis.

La BCE vient d’annoncer un ensemble de mesures pour prévenir les risques de déflation.

Après quatre ans d’absence du marché obligataire d’emprunt à moyen et long terme, l’émission d’une obligation sur cinq ans en avril par Athènes a été interprété comme de bon augure pour la capacité du pays à retrouver son indépendance financière.

Le casse-tête d’Athènes reste la gestion de son énorme dette, à 175% en 2013, détenue essentiellement par les Etats après la restructuration de 2012. Le gouvernement grec doit entamer à l’automne de délicates négociations avec ses partenaires européens en vue de sa réduction.

C’est l’enjeu principal auquel fera face M. Hardouvelis, main dans la main avec Yannis Stournaras, qui s’apprête à prendre la tête de la Banque de Grèce en remplacement de Georges Provopoulos dont le mandat s?achève mi-juin.

Ardent défenseur d’une réduction de dette, question qui provoque des frissons en Europe, le FMI doit aborder ce sujet dans son rapport sur l’économie grecque publié mardi.

Le nouveau ministre ne pourra faire l’impasse sur les problèmes sociaux, notamment le chômage à 26,8%, qui affecte les ménages ayant également subi de baisses importantes de leurs revenus depuis le début de la crise.

Pour le journal de droite Elefthéros Typos, “le nouveau ministre qui a une bonne image à l’étranger doit prouver qu’en plus d’être un théoricien, il est capable d’oeuvrer pour la croissance et la réduction du chômage”.