Un tonneau des Danaïdes. Voilà à quoi ressemblent de plus en plus nos entreprises publiques dont les besoins en financements et subventions ne cessent de croître et ont littéralement explosé depuis le 14 janvier 2011. Notamment parce que, acculés par l’explosion des revendications socio-économiques, notamment dans les régions les plus défavorisées du pays, les gouvernements successifs de l’après Ben Ali ont du, pour réduire la tension, faire absorber une partie de la masse des centaines de milliers de chômeurs par la fonction publique et les entreprises étatiques. L’exemple de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) et du Groupe Chimique est à ce sujet particulièrement édifiant.
Comme l’a rappelé un cadre, durant la journée d’études sur la Stratégie de Financement de la restructuration des entreprises publiques, organisée samedi 7 juin par le ministère du Transport, ces deux entités ont déjà subi, par le passé le sur-emploi et, en conséquence, un plan de restructuration qui a fait passer les effectifs de 15 000 en 1985 à 5000 en 2010. «Depuis, on est remonté, avec les gouvernements successifs, à 27 000. Ce qui est absolument insupportable car nous sommes dans un secteur concurrentiel », souligne cet employé. Un secteur dans lequel il, de ce fait, essentiel de produire à coût moindre –au pire égal- à celui des concurrents pour espérer pouvoir garder une place sur le marché.
Cette situation de sur-emploi, et, partant de déficit des entreprises publiques, ne peut pas durer plus longtemps, car l’Etat qui a, jusqu’à présent comblé le «trou » dans les budgets de ces entreprises –dont les besoins en financement en 2014 sont estimées à plus de 1400 millions de dinars- ne peut plus mettre la main à la poche.
C’est pour cette raison que le gouvernement, prenant le taureau par les cornes, a mis sur pied une commission de restructuration des entreprises publiques, dont la présidence a été confiée à M.Chiheb Ben Ahmed, ministre du Transport.
Conscient du fait, comme il l’a rappelé, que «la mission du gouvernement actuel est limitée dans le temps », ce qui impose une limite à son mandat en général et à son intervention dans ce dossier en particulier. «Il peut étudier toutes les options mais ne peut entreprendre que des actions sur le court », explique Mondher Khanfir, conseiller auprès du ministre du Transport.
Dans ce cadre, la priorité sera de préparer un plan de redressement à chaque entreprise pour, à l’avenir, «éviter dans la mesure du possible de faire appel aux subventions publiques » et «passer d’une logique de déficit-subvention à une logique de création de valeur via les services publiques ».
Interrogé –par M.Aziz Mebarek, cofondateur d’Africinvest-Tuninvest, sur la possibilité de privatiser certaines des entreprises publiques concernées par ce programme, le ministre du Transport a répondu que la privatisation fait partie des «interdits » (Muharamet) pour l’actuel gouvernement. Ce qui veut dire, souligne Mondher Khanfir, que «l’entreprise publique restera publique après restructuration, à condition bien sûr qu’elle puisse assurer sa continuité et son équilibre financier, pour fournir un service publique de qualité, dans de bonnes conditions, sans créer des distorsions sur le marché à même de nuire à la performance économique, à l’emploi et à l’investissement ».