à Montpellier, le 2 mai 2014 (Photo : Pascal Guyot) |
[12/06/2014 05:06:59] Tokyo (AFP) Le japonais MHI et l’allemand Siemens mettent sur la table 7,25 milliards d’euros pour une partie des activités énergétiques d’Alstom que lorgne également l’américain GE, affirme jeudi la presse japonaise à quelques heures d’une réunion au plus haut niveau de l’Etat français.
Les conglomérats industriels Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et Siemens avaient annoncé mercredi s’être alliés pour faire une éventuelle offre commune, afin de contrer General Electric (GE), qui a déjà proposé 12,35 milliards d’euros pour les activités énergétiques du français Alstom.
Officiellement les géants nippon et allemand n’ont encore avancé aucune offre chiffrée, mais le quotidien japonais Nikkei, bible des milieux d’affaires de l’archipel, a affirmé qu’ils proposaient 7,25 milliards d’euros. Cette offre est inférieure en valeur à celle de GE, mais elle concernerait un périmètre plus petit qui exclurait notamment les activités de distribution/transmission.
Elle serait formulée en deux parties: MHI, associé à son compatriote Hitachi pour l’occasion, proposerait 3,6 milliards d’euros pour les activités de turbines à vapeur d’Alstom, utilisées dans les centrales nucléaires françaises, tandis que Siemens investirait la même somme pour acquérir l’activité de turbines à gaz.
à Erlangen, en Allemagne, le 30 mai 2014 (Photo : David Ebener) |
Selon une source au fait des discussions, l’allemand prévoirait toujours de céder ses activités ferroviaires à Alstom, qui veut se recentrer sur ce secteur jugé plus porteur, quitte à se passer de sa branche énergie qui pèse environ 70% de ses revenus.
MHI a affirmé en réponse aux informations du Nikkei que “le schéma, le montant de l’investissement et d’autres points” de son offre commune avec Siemens “étaient en cours d’étude” et qu'”aucune décision” n’avait été prise.
Les deux groupes feront savoir au plus tard le 16 juin s’ils concrétisent leur intérêt par une offre ferme au conseil d’administration du groupe français.
– Droit de veto –
Mais l’entrée des Japonais dans la bataille pour Alstom bouleverse déjà la donne pour la conquête de ce géant hexagonal, considéré comme stratégique par les plus hautes autorités de l’Etat.
Economie Arnaud Montebourg (d) le 11 juin 2014 (Photo : Bertrand Guay) |
Le président de la République François Hollande doit faire le point sur ce sujet dès jeudi matin à 08H00 française (06H00 GMT), avec le ministre de l’Economie Arnaud Montebourg et le Premier ministre Manuel Valls, pour qui l’Etat “n’a pas de préférence pour une offre particulière”.
General Electric fait le siège des autorités françaises pour obtenir leur feu vert depuis qu’il a formalisé fin avril son offre pour racheter les activités d’énergie d’Alstom, élaborée secrètement avec le fabricant de TGV et de centrales électriques. Il a décidé de prolonger son offre de trois semaines, jusqu’au 23 juin, pour convaincre de sa pertinence.
Mais Siemens, qui a les faveur de Bercy (le ministère des finances), veut empêcher son concurrent américain de devenir trop puissant en Europe. Il espère arracher la décision de l’Elysée (la présidence française) grâce au renfort des industriels japonais, qui jugent le secteur énergétique comme prioritaire et sont actifs eux-aussi dans le transport ferroviaire.
Partisan d’un “Airbus de l’énergie”, l’exécutif s’est doté d’un droit de veto dans le dossier et exige des garanties sur l’emploi, le maintien des centres de décisions en France et surtout la sanctuarisation de la technologie d’Alstom, dont les turbines à vapeur équipent les centrales nucléaires d’EDF.
Le Nikkei a souligné que l’activité de distribution/transmission ne serait pas comprise dans l’offre commune nippo-allemande, à l’inverse de celle de General Electric qui pourrait à terme impliquer aussi l’autre conglomérat industriel japonais, Toshiba. La presse nippone répète depuis des semaines que, si GE l’emporte, Toshiba pourrait ensuite lui racheter l’activité distribution d’Alstom, bien que le géant américain s’en défende.
Toshiba s’est déjà renforcé à coups de milliards dans ce secteur, particulièrement dans le domaine des “réseaux électriques intelligents” de nouvelle génération. Avec les transformateurs et systèmes de gestion d’Alstom, il deviendrait incontournable dans ce domaine à l’échelle mondiale avec une offre complète de produits.