ût 2013 à Londres (Photo : Andrew Cowie) |
[12/06/2014 10:14:10] Londres (AFP) Londres a durci le ton contre la manipulation du marché des changes, désormais passible de prison, un tour de vis destiné à défendre “l’intégrité” de la City face à un scandale qui pourrait être pire que celui du Libor.
“L’intégrité de la City est importante pour l’économie britannique. Les marchés fixent ici les taux d’intérêt des prêts immobiliers des gens, les taux de changes de nos exportations et de nos vacances et les prix des matières premières (utilisées) pour les biens que nous achetons”, a déclaré jeudi le ministre des Finances, George Osborne.
“Je vais m’occuper de ces abus, m’attaquer au comportement inacceptable de quelques-uns et m’assurer que les marchés sont équitables pour les nombreuses personnes qui en dépendent”, a ajouté le Chancelier de l?Échiquier qui doit prononcer jeudi soir son discours annuel de Mansion House devant la communauté financière réunie dans la City de Londres.
Les mesures adoptées après le scandale de la manipulation du taux interbancaire Libor, qui a éclaté à l’été 2012, seront donc étendues aux marchés des changes, des matières premières ou des instruments financiers à taux fixe, a détaillé le gouvernement.
érence de presse, le 6 juin 2014 à Londres (Photo : Justin Tallis) |
Conséquence, toute manipulation de ces marchés, désormais eux aussi régulés, sera passible, comme pour le Libor, de sanctions pénales allant jusqu’à la prison.
Ce tour de vis annoncé par George Osborne concernera également les banques étrangères présentes à Londres, où elles réalisent une très grande part de leur activité sur le marché des changes.
La manipulation présumée de l’énorme marché des changes est au centre d’une enquête du gendarme britannique des marchés (FCA), qui avait annoncé l’an dernier avoir débuté des investigations, étendues depuis à d’autres pays, dont la Suisse et les États-Unis.
Plusieurs grandes banques ont déjà suspendu des cambistes dans le cadre de cette affaire qui pourrait être “aussi grave, si ce n’est plus” que le scandale du Libor, avait prédit en mars le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney.
La manipulation du Libor a entraîné jusqu’à présent de lourdes amendes pour six banques ou sociétés de courtage: Barclays, UBS, Royal Bank of Scotland, Icap, Rabobank et RP Martin.
Sur le plan pénal, deux anciens courtiers de RP Martin, Terry Farr et James Gilmour, et un ancien courtier des banques suisse UBS et américaine Citigroup, Tom Hayes, doivent être jugés début 2015.
Des soupçons de manipulation pèsent aussi sur le marché de l’or, dont les prix établis à Londres servent de référence. La banque britannique Barclays a été condamnée fin mai à une amende au Royaume-Uni pour des manquements sur ce marché, la première sanction de ce type concernant l’or.
– Non aux règles européennes –
Fidèle à son habitude, le Royaume-Uni a préféré durcir de son côté son propre arsenal législatif contre les abus de marché plutôt que de mettre en ?uvre les règles européennes en la matière, dont il se tiendra à l’écart.
“Nos règles seront aussi dures, voire plus dures que celles de l’Union européenne, mais préserveront une certaine flexibilité destinée à refléter les spécificités de l’important secteur financier du Royaume-Uni”, s’est justifié le gouvernement.
Au-delà du renforcement des sanctions, la mission d’un an confiée par le gouvernement à la Banque d’Angleterre et à la FCA devra aboutir à des recommandations sur les moyens de restaurer et de renforcer l’intégrité des marchés londoniens.
“La confiance est essentielle pour les marchés financiers et des indices de référence solides et fiables sont les fondations de l?intégrité des marchés”, a martelé pour sa part Martin Wheatley, directeur général de la FCA.