La Bourse de Paris risque de reprendre son souffle en scrutant la Fed

48e56eb235f55c3dcac5b1faff15bffd77e174ca.jpg
ège de la Bourse de Paris (Photo : Stéphane de Sakutin)

[14/06/2014 08:21:50] Paris (AFP) La Bourse de Paris pourrait reprendre son souffle la semaine prochaine, après son beau parcours du premier semestre, et risque de se crisper au moindre signe annonciateur d’une remontée précoce des taux de la Fed.

Une petite consolidation a déjà débuté cette semaine, déclenchée par l’offensive fulgurante des jihadistes en Irak et la montée des prix du pétrole.

Sur la semaine écoulée, l’indice CAC 40 a perdu 0,83% pour terminer vendredi à 4.543,28 points. Ses gains depuis le 1er janvier s’élèvent à 5,76%.

“La semaine prochaine se jouera plutôt sur un tempo de consolidation. Il y a des facteurs baissiers comme le risque géopolitique, l’inflation américaine et les déclarations de (la présidente de la Fed) Janet Yellen. (…) Les investisseurs vont être tentés de faire le ménage avant la prochaine période de résultats début juillet”, résume Elisabeth Reux-Brown, directrice générale déléguée de Vega IM.

“Si la Fed maintient le statu quo, il n’y a pas de catalyseurs pour orienter le marché. La volatilité devrait rester très basse. (…) Mais si le marché pense que les taux de la Fed vont remonter plus tôt que prévu, on peut avoir une correction de l’ordre de 3% maximum, pour ensuite mieux repartir à la hausse”, détaille Mathieu L’Hoir, stratégiste chez Axa IM.

La réunion de la Réserve fédérale des Etats-Unis sera en effet l’événement majeur de la semaine.

La Fed a depuis quelques temps enclenché le pilote automatique pour réduire ses achats d’actifs de 10 milliards de dollars chaque mois. Elle a aussi fait comprendre qu’elle conserverait ses taux directeurs très bas bien après la fin de ce fameux “quantitative easing”.

La plupart des analystes anticipent une remontée des taux à l’horizon mi-2015, et tablent sur une réunion de juin sans coup d’éclat.

“Le plan de la Fed est clair, mais on va vraiment être attentif aux glissements sémantiques”, avertit toutefois Elisabeth Reux-Brown.

-Les yeux tournés vers les Etats-Unis-

Les investisseurs sont à l’affût du moindre détail capable de révéler un avancement ou un report de la remontée des taux. Ils scrutent donc avec avidité le redressement du marché du travail américain et le niveau d’inflation aux Etats-Unis, les deux objectifs fixés par le mandat de la Fed.

Dans ce contexte, le renouvellement des membres du comité directeur (FOMC) de l’institution agite les marchés. La nomination de Stanley Fischer comme vice-président du grand argentier américain nourrit notamment les spéculations.

“On le connaît comme quelqu’un de plutôt orthodoxe, vraiment “hawkish” comme disent les Américains. A la banque centrale d’Israël, il avait été le premier à se prononcer en faveur d’une remontée des taux”, rappelle Mathieu L’Hoir.

Selon lui, “il y a un désaccord fondamental au sein du FOMC sur l’état du marché du travail américain”.

“Les membres +hawkish+ (conservateurs) voient que le chômage de court terme est revenu à son niveau structurel et pensent qu’il va bientôt falloir remonter les taux. Les membres plus +dovish+ (accommodants) veulent être plus patients parce qu’ils sont persuadés qu’une partie des chômeurs de long terme peuvent encore négocier un salaire et créer de l’inflation”, résume le stratégiste.

Les nuances du discours de la Fed seront d’autant plus importantes que la BCE a pris le relai sur l’assouplissement monétaire. Les professionnels de marché digèrent encore les mesures exceptionnelles annoncées pour soutenir la zone euro et font évoluer leurs scenarii d’investissement.

La situation en Irak fera également l’objet d’une attention particulière. La Maison Blanche n’exclut pour le moment aucune option pour lutter contre l’avancée des jihadistes.

“Cela sert surtout de prétexte à une consolidation. (…) Il y a des questions sur la valorisation très haute des indices et le marché a peut-être besoin de respirer un peu pour reprendre sa hausse”, estime Elisabeth Reux-Brown.

Côté indicateurs, l’agenda de la semaine sera plutôt léger. L’inflation américaine du mois de mai retiendra l’attention aux Etats-Unis, ainsi que quelques statistiques d’activité et immobilières. En Europe, le marché n’aura que le moral des investisseurs allemands (ZEW) à se mettre sous la dent.